mardi 16 juin 2015

Couvent de San Benito à Sahagun : L'Histoire contre lui

       Concluons notre promenade dans les édifices religieux en nous rendant à Sahagun. J’aurais pu vous parler de San Tirso, église emblématique de la ville, au même titre que San Lorenzo, mais j’ai choisi de vous présenter le couvent de San Benito. En un mot je vous emmène voir une ruine, mais dont l’histoire à rebondissements, vaut à elle seule le détour.
            Les historiens ne datent pas précisément la fondation du monastère, des légendes existent pour combler les incertitudes de l’histoire, mais là n’est pas le sujet. On peut supposer qu’il aurait été un lieu de culte d’origine wisigothique mais là encore rien de très sûr. Alphonse I (roi des Asturies de 739 à 757) tente bien de remettre les lieux en état et de les redonner au culte quand il conquièrt ces terres. Mais le répit sera de courte durée puisqu’une attaque des troupes musulmanes aura raison du monastère. A chaque nouveau roi catholique les lieux sont rebâtis jusqu’à l’attaque suivante.
            A la fin du millénaire les archives nous livrent enfin un nom sur le dernier monument qui a été bâti : San Facundo. Peu à peu le centre religieux se développe, un hôpital est mis en place pour les pèlerins, déjà nombreux en cette période du Moyen-âge, et des moines répondant à la règle de Cluny vont bientôt s’installer. En effet le roi s’est marié avec la fille du duc de Bourgogne, et avec elle, sont arrivées les nouvelles idées sur la vie monacale nées en France. L’autel fut consacré par l’évêque d’Astorga en 1184. Pourtant rien n’est encore gagné, en 1235 un incendie ravage les lieux, il y en aura d’autres aux XVIe et XVIIe siècles.


            Après 1390, la communauté de Sahagun se joint à celle de San Benito de Valladolid, et le monastère tombe donc sous la règle des bénédictins. L’arc sous lequel nous pouvons passer avec notre voiture, ancienne entrée de l’église, date de 1662, il a été réalisé par  Eduardo Saavedra. Pour édifier cette partie de l’édifice on n’a pas hésité à supprimer les restes du bâtiment de style roman. Le tremblement de terre de Lisbonne en 1775, touche aussi le bâtiment déjà largement malmené par l’Histoire, mais c’est loin d’être terminé.   


            Pendant la guerre d’indépendance, comme beaucoup d’autres monuments, l’édifice officie non plus en tant que lieu de culte mais prend des fonctions militaires, il devient hôpital pour les troupes. A la suite de ses événements il est malheureusement livré à lui-même, les tentatives de le restaurer dans ses fonctions échouent et en 1835 il est définitivement laissé à l’abandon. Seul apport du XIXe siècle, l’horloge de 1886,  installée pendant la régence de Marie Christine. Il faut attendre 1931, pour qu’un certain intérêt apparaisse avec le classement aux monuments nationaux. Malgré cela, la commission des monuments de León se voit obligée de tirer la sonnette d’alarme le 25 janvier 1935, lors de la construction des bâtiments de la Guarda Civil. On les voit aujourd’hui qui masquent largement les ruines, dans lesquelles ils se trouvent donc enclavés


            Une restauration menée en 1991, car l’arc s’est fragilisé avec le temps, permet quelques découvertes notamment la statue d’un saint, dont l’identité porte encore à débat. Les travaux archéologiques, le site en connaît encore jusqu’à une époque récente. En 2005, par exemple, on identifie d’autres parties du cloître en réalisant différentes excavations. Quelques pièces issues des recherches archéologiques des XXe et XXIe siècles sont exposées à León, au musée provincial.  
              Si l'on ne peut pas vraiment parler de visite, puisque nous ne pouvons que faire le tour du monument, on se rend compte que son histoire nous permet de jeter un regard plus large sur toute celle du pays. Si vous vous arrêtez à Sahagun allez donc y faire un tour. 
              Bon voyage sur les routes d'Espagne



A lire pour aller plus loin :


ALVAREZ-SANCHIS Jesus, CARDITO Luz, Comisión de Antigüedades de la Real Academia de la Historia: catálogo e índices. Castilla y León, Real Academia de la Historia, 1 janv. 2000

VINAS Verinica,  « El enigma del monasterio de Sahagún », Diario de Leon.es, 17 juillet 2012 [en ligne, consulté le 12 juin 2015] 






Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire