mardi 24 mai 2016

San Juan de la Cruz, de Salamanca à Ségovia, parcours d'un castillan



Salamanque et Ségovie rendent hommage à un même personnage
             
Continuons à remonter le temps avec les hommages à quelques intellectuels, aujourd’hui avec deux statues à Salamanca et Ségovie. Un seul article pour deux œuvres, puisque, de façon bien différente, elles représentent un seul et même homme : San Juan de la Cruz (Jean de la Croix). Elles ont en commun d’être relativement ignorées des touristes de par leur emplacement, mais avant de parler d’elles, quelques mots sur l’homme qu’elles représentent.

            Troisième fils d’un noble de Tolède déshérité, le petit Juan naît en Castille dans la misère. Celle-ci s’accroit quand son père décède en 1551, le garçon est encore très jeune. De la région d’Avila, où il a vu le jour, il part à Medina del Campo avec sa mère. Bon élève malgré sa situation familiale, il entre au collège Jésuite, il a déjà dix-huit ans. Il choisit de rentrer dans les ordres en intégrant les carmes, qui l’envoient continuer ses études dans la ville universitaire de Salamanque. Devenu prêtre, le hasard le fit rencontrer une célébrité : Thérèse d’Avila. Ensemble, ils mettent en place un véritable programme de réformes pour ce qui deviendra l’ordre des carmélites déchaussées. Ces changements, tout le monde ne les voit pas d’un bon œil, on enferme Juan à Tolède, c’est là qu’il écrira ses plus célèbres poèmes. La mort consécutive de sa mère, et de Thérèse d’Avila au début des années 1580 marque un tournant dans sa vie, qui l’envoie loin de sa Castille natale, à Grenade. Il reviendra, à dos d’âne à Ségovie. Bien que devenu prieur, il est menacé par sa hiérarchie qui l’enverrait bien finir sa vie au Mexique, elle n’y parviendra pas. Il meurt en 1591 en laissant de nombreux poèmes.


            Très implanté dans l’histoire de la région il n’est donc pas étonnant de rencontrer des statues à son effigie. Celle de Salamanque date de 1993, elle est l’œuvre de Fernando Mayoral. Si son style vous plaît allez donc au Novelty, Plaza Mayor, un de ses personnages vous attend à l’intérieur. En 1991 et 1992 la ville de Salamanca a organisé un concours pour la réalisation d’une statue en l’honneur d’un de ses célèbres étudiants, San Juan de la Cruz, quatre cents ans après sa mort. Mayoral remporte ce concours, après que des maquettes des différents concurrents aient été exposées à la Casa Lis. Le 5 mai 1993 le monument est inauguré calle Arroyo de Santo Domingo, non loin de l’église Carmélite de Salamanca.


            La statue de Ségovie est l’œuvre de José Maria Garcia Moro, sculpteur espagnol né en 1933 à Madrid. Il est décédé à Ségovie en 2009, où en plus de l’œuvre que nous découvrons aujourd’hui il avait aussi installé sa représentation originale d’Agapito Marazuela. Je n’ai pas trouvé la date de réalisation de la statue mais d’après les différentes sources que j’ai pu lire, je pencherai pour le début des années 1990 comme celle de Salamanca. La sculpture est située sur le chemin qui mène du couvent des Carmélites à celui Carmes ou il vivait en tant que prieur.
            Les deux statues célèbrent deux facettes de l’homme assez différentes, à Salamanque l’intellectuel en plein travail, à Ségovie le vieil ecclésiastique qui circule en ville et s’occupe de cet ordre qui fut la lutte de sa vie. Des statues méconnues, qu’on aime plus ou moins, mais qui nous parlent encore de cette Espagne profondément religieuse, qui fut à l’origine de quelques grands ordres ou de leurs reformes. J’espère que cette petite promenade entre deux villes vous aura plu.
            A bientôt pour d’autres découvertes.


MUNOZ PEREZ Laura « La escultura religiosa de Fernando Mayoral » NORBA, Revista de Arte, 2011[Disponible en ligne, consulté le 22 mai 2016]

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