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mardi 30 avril 2024

La Castilla y León au cinéma : Claret ou « Pobre y a pie »

 

            La rubrique consacrée au cinéma dans la région n’a pas connu beaucoup de numéros sur le blog, mais j’ai eu bien envie de la ressusciter. Il y a quelques jours, j’ai cliqué sans conviction sur l’affiche d’un film dans un service de streaming : Claret. Un biopic dont le nom ne me disait rien, mais le résumé évoquait l’histoire de l’Espagne au XIXe siècle, je pouvais bien tenter ma chance. Bien m’en a pris. Imaginez en plus quand je me suis exclamée tout au long du film « Mais c’est Burgos ! » ou « Regarde c’est Salamanque ! ». Même si les lieux n’apparaissent pas nommément dans le film, j’ai eu envie de vous proposer une promenade dans ce long métrage.

            Je vais tout de même vous éclairer sur Claret, un personnage historique important qui permet de toucher du doigt l’Espagne instable d’Isabel II. Le film nous propose d’alterner entre cette époque et les années 1930, où l’écrivain Jose Azorin se penche sur l’histoire de cet homme. Il découvre alors des incohérences entre la légende noire et des documents historiques variés. Nous suivons son récit de la vie de Claret (1807-1870), séminariste, évêque, puis confesseur de la reine d’Espagne. L’auteur du XXe siècle devra comme elle s’exiler à Paris. La couronne fuit son royaume où elle est largement remise en cause et Azorin veut échapper au Front populaire. Revenons-en donc à Claret dont le réalisateur va proposer un portrait opposé à la légende de la fin du XIXe siècle. A l’origine destiné à l’industrie du tissage catalan, son destin prend une autre tournure qui va lui permettre de grimper les échelons jusqu’à la cour, bien qu’on nous le présente comme un homme aspirant à rester surtout auprès des paroissiens. La Catalogne, Cuba, Madrid et même la France, nous suivons Claret dans une partie de ses voyages.

            Je vous vois déjà vous agacer, pas de Castilla y León là-dedans. Pourtant le film y a été largement tourné. Contrairement à un Mientras dure la guera, où Salamanca est presque un personnage à part entière, ici les lieux de tournage sont utilisés pour incarner d’autres localités que la leur. Contre-exemple notable, vous pourrez admirer rapidement les jardins de la Granja où Claret vient à la rencontre de la reine. Vous pouvez retrouver des images de ce moment précis du tournage en suivant ce lien dans elnortedecastilla.es.

Le palacio Anaya

            De nombreuses provinces de la région ont servi, par exemple la façade du Palacio Anaya de Salamanca est utilisé pour illustrer certains moments qui se déroulent lors des années d’épiscopat de Claret à Cuba. Vous reconnaîtrez aussi les marches de l’Université Pontificale si vous ouvrez bien l’œil. Les rues de Burgos sont présentes dans les décors pour incarner… Paris ! La scène se déroule derrière le théâtre, au bout de l’Espolón. J’avoue que, connaissant un peu les lieux, j’ai eu bien du mal à me projeter dans la capitale française. Voici quelques exemples de cette présence de la Castilla y León en filigrane. Soyez attentif vous pourrez aussi reconnaître d’autres localités comme Frias ou Ciudad Rodrigo. Une autre apparition notable, celle d’un monument présenté sur le blog, mais situé dans la communauté de Madrid : El Escorial. En effet, Claret s’y installa pour diriger un séminaire. Vous pourrez donc admirer quelques vues du grand monastère.

            Je ne jugerai pas de la justesse historique du biopic, je ne connais pas suffisamment l’histoire de Claret. J'ignore par exemple les conséquences réelles de son investissement auprès des esclaves à Cuba. Le film appartient à un courant grandissant tourné vers le récit de la vie des saints, assez intéressant, déjà très présent en Italie par exemple. Je trouve original d’avoir pris le parti de relater l’histoire de Claret via la vision d’un homme des années 1930 prêt à remettre en cause son idée du personnage. J’ignore jusqu’à quel point la démarche d’Azorin est réelle et documentée aujourd’hui. Le film, par ce choix chronologique, esquive aussi la question de la canonisation, juste évoquée, mais ne faisant pas l’objet d’une mise en scène puisqu’elle n’est effective qu’en 1950.

            Le choix de la Castilla y León comme décor vous permet de constater que c’est aussi un secteur économique intéressant pour la région et qui semble se développer à la lecture des quelques articles sur le sujet. Le tournage de Claret a eu lieu durant l’année 2020, depuis d’autres films ont été tournés et j’espère pouvoir vous en présenter sur le blog. En attendant vous pouvez déjà visionner Lettre à Franco, The way ou la série el Cid, que j’ai déjà détaillés sur le blog.

            Bon voyage cinématographique

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