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lundi 17 juin 2024

Casa-museo Victorio Macho : Dernières années à Tolède pour l’enfant de Palencia


Miniature d'un monument réalisé par Victorio Macho lors de son exil 
en Amérique du Sud. La version monumentale est visible à Lima.

            Nous allons sortir des frontières de la Castilla y León, comme cela arrive de temps en temps. Vous pouvez retrouver toutes ces incartades dans la rubrique « A deux pas de la Castilla y León ». Lors de mon voyage à Tolède, l’année passée, j’ai visité un petit musée qui n’est pas forcément le premier dans lequel se précipitent les touristes de passage. Liée à un personnage que nous avons déjà évoqué plusieurs fois sur le blog, architecte du projet du grandiose Cristo del Otero de Palencia, poussons la porte de la casa-museo Victorio Macho.



            Le sculpteur né à la fin du XIXe siècle en Castille a laissé dans sa ville natale l’œuvre monumentale que nous avons évoquée plus haut, mais il a aussi vécu une période primordiale de son existence à Tolède. En 1952, le sculpteur castillan revient, après des années de travail à l’étranger où il s’était réfugié suite à la guerre civile. Il s’installe alors à Tolède, dans une maison accrochée aux contreforts qui surplombent le Tage. C’est son neveu, qui réside en Espagne, qui a déniché cet emplacement exceptionnel aux abords de la juiverie, la Roca Tarpeya. Si l’acquisition est longue et compliquée, au bout de deux ans c’est enfin signé. Victorio Macho est impatient. Il confie le chantier de sa maison atelier à son ami Secundino Zuazo. C’est un architecte reconnu mais qui, comme Macho, a dû s’exiler . Il est revenu en Espagne presqu’une dizaine d’années avant le sculpteur, c’est avec plaisir qu’il accepte le projet. Si la maison est assez vite terminée, Macho vit longtemps avec le chantier de l’atelier.

Point de vue depuis la maison

            Au décès du sculpteur, en 1966, l’idée du musée est rapidement soulevée puisque son patrimoine est légué à l’état en ce sens. Si son corps, selon ses volontés, repose pour l’éternité sous le christ de Palencia, le sort de ses œuvres est plus complexe. Sa ville natale aimerait bien avoir sa part du gâteau. Le projet de musée dédié à l’enfant du pays, est encore un sujet sensible en Castille. Je l’avais évoqué à propos du récent monument commémoratif réalisé par un de ses élèves.


            Revenons à Tolède où, dès 1967, un embryon de musée voit le jour. Malheureusement les lieux rencontrent des problèmes d’organisation et d’entretien, ce qui mène inévitablement à sa fermeture en 1984. C’est finalement en 1989 que la Real Fondacion de Toledo est créée pour mettre de l’ordre dans l’héritage collectif. 10 ans plus tard, enfin le musée dédié à l’œuvre de Victorio Macho ouvre au public. A l’occasion de l’inventaire qui précède cette nouvelle ouverture, on découvre que certaines œuvres se sont évaporées des collections, nous y reviendrons plus loin.

Miniature d'un projet de statue 
équestre de Bolivar, 1949

            Ce petit musée est loin d’être le détour obligatoire à Tolède, pourtant vous découvrirez un bel endroit, havre de paix, surplombant un paysage spectaculaire. A l’intérieur, vous pourrez admirer un échantillon du travail de Macho, sculptures et dessins, avec certaines œuvres remarquables.

Unamuno


La Passionaria, sculpture
réalisée en 1936.

            Je vous ai déjà raconté sa formation dans d’autres articles, arrêtons-nous quelques instants sur un moment important de sa vie qu’une œuvre présentée au musée permet d’évoquer. En 1936, Victorio Macho est pris dans le vent de l’histoire et arrive à Valencia. Il se voit confier un travail particulier par le PCE : réaliser le portrait de Dolores Ibárruri, connue sous le surnom de Passionaria. Le musée de Tolède a la chance de pouvoir en exposer un exemplaire qui a voyagé avec Macho durant ses quinze années d’exil. Il fut longtemps stocké dans le local à charbon de la maison et le musée n’en prit connaissance que bien longtemps après son ouverture. C’est donc seulement depuis une dizaine d’années que le public peut admirer cette version de la Passionaria.

La mère de Macho, 
représentation grandeur nature


            La collection d’œuvres rend aussi hommage à la famille de l’artiste, puisqu’il a dessiné et sculpté son entourage. J’aime particulièrement la grande statue qu’il a vouée à sa mère. De nombreux bustes complètent l’exposition avec des visages qui ont marqué l’histoire comme Unamuno ou de simples travailleurs. Je vous l’ai indiqué plus haut, le musée sait qu’il lui manque certaines réalisations, par rapport à la liste de celles léguées en 1966. Le jour de ma visite, une œuvre était en cours d’installation, elle fait partie de la liste de celles qui manquaient à l’appel lors de l’inventaire des années 1990.  « El tuerto de Béjar » est une œuvre de jeunesse réalisée en 1905, qui revient dans les collections suite à une donation anonyme. 

Au centre, dans la lumière le tuerto de Béjar a trouvé sa place.

            J’espère que vous apprécierez autant que moi cette visite un peu à part dans cette grande ville de Tolède qui mérite une étape de plusieurs jours si vous souhaitez en découvrir les nombreuses facettes. Avec Victorio Macho vous ouvrez une fenêtre sur la sculpture du XXème siècle, cela peut compléter la visite du musée Goya si vous souhaitez consacrer une journée aux artistes de la ville. Espérons encore que les collections du musée retrouveront peu à peu leurs éléments disparus.

Marin basque 1916


            Vous pouvez retrouver l’ensemble des articles du blog liés à cet artiste en suivant le nouveau mot-clef « Victorio Macho » que j’ai ajouté. 

A lire :

« Una escultura de Victorio Macho vuelve a Toledo tras 26 años desaparecida » in encastillalamancha.es, le 23 mai 2023

BENITO IGLESIAS J., « El busto de la Pasionaria que Victorio Macho ocultó 66 años » in elnortedecastilla.es, le 26 octobre 2014.

DEL CERRO MALAGÓN Rafael, « Secundino de Zuazo y la casa-taller para Victorio Macho » in abc.es, le 10 mai 2021

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