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lundi 30 novembre 2015

Monastère de San Pedro de Cardena : Bénédictins, Capucins, Cisterciens, on en perd son latin

Dans cette chapelle repose un héros national

            A quelques kilomètres de Burgos, on peut découvrir un monastère original. Loin d’être une des visites des plus connues de la ville, elle fait pourtant sens après celle de la cathédrale. En effet le monastère San Pedro a la chance, sur un point de vue touristique, d’avoir abrité, quelques siècles, la dépouille du Cid. Mais ne brûlons pas les étapes, reprenons l’histoire de ce monument en remontant à ses origines.
Particularité architecturale, un escalier en colimaçon
sans vis centrale

            Ah ! ses origines justement, elles posent problème, puisqu’on ne peut pas les fixer nettement dans le temps. Les avis des historiens sont partagés, certains remontant jusqu’à l’époque wisigothique. C’est après l’an 900 que nous possédons des traces fiables à propos d’une restauration du monument. Mais c’est de courte durée puisqu’il est détruit en 934 par les troupes musulmanes. Là a lieu un des épisodes les plus marquants pour la communauté, au cours de l’attaque, les deux cents moines sont assassinés. On parle de ces hommes comme des martyres de San Pedro de Cardena, morts sous les coups des troupes musulmanes. Repris ensuite par les catholiques, le monastère connut alors un âge d’or, dû surtout à son scriptorium, dont les manuscrits restent des pièces particulièrement précieuses et ont été l’objet de nombreux vols au cours de l’histoire. Vous pourrez en voir quelques exemplaires durant la visite, du moins des facsimilés qui, me semble-t-il, ont été réalisés par l’entreprise spécialisée du musée du livre de Burgos.



            Arrive alors l’épisode du Cid ! Nous reviendrons en détail sur son histoire bientôt. Alors qu’il est en exil, avec femme et enfants, il trouve refuge dans ces lieux. Il repart bientôt et son histoire avec le monument aurait pu s’arrêter là, mais vingt ans plus tard, son corps est transféré dans ces lieux qui doivent être sa demeure éternelle, nous sommes en 1102, le Cid est mort depuis trois ans. Notre monastère devient bénédictin courant XIIIe siècle et sa vie continue en le voyant prendre de l’importance et se développer. La tombe du Cid et de sa bien-aimée, sûrement à l’extérieur de la bâtisse se voit honoré d’un tombeau aux frais de la couronne à cette époque. Mais au cours des siècles certains abbés tentent bien d’éloigner les restes de ce héros du lieu sacré. On fait appel à Charles Quint pour mettre de l’ordre, et protéger le héros national. 

tombeau du Cid
Détail de la chapelle du Cid

Le calme revint et les siècles s'écoulèrent entre les murs du monastère sans heurts jusqu'au XIXe siècle. Les troupes françaises y laissèrent de nombreuses cicatrices durant la guerre d’indépendance, et emportèrent un petit souvenir, le corps du Cid. A peine remis de ces malheureux événements, ce sont les choix du gouvernement espagnol qui menacèrent les lieux. En effet arriva 1836 et le désamortissement de Mendizabal, les moines dirent adieu au monastère.Oh n’allez pas croire que la communauté bénédictine soit restée passive à attendre qu’on lui rende son bien, mais rien n’y fit. En 1905 une communauté de capucins toulousains s’installa dans le monastère, partie de France suite à la séparation des biens de l’Eglise et de l’Etat de notre côté de la frontière. Mais cette communauté religieuse repartit seize ans plus tard. Ce sont finalement les cisterciens qui aménagent en 1942, retardés par la guerre d’Espagne, puisque, à la façon du couvent de San Marcos de Leon, il servit de camp de concentration des prisonniers.



            Le couvent a réussi à trouver un équilibre dans la seconde moitié du XXe siècle et a totalement retrouvé ses fonctions religieuses. Il s’est progressivement ouvert au tourisme, propose désormais une boutique souvenirs et même un site web dernier cri, dont je vous recommande la visite tant il est complet. Et pourtant je ne vous pousserai pas, comme je le fait si souvent, à vous précipiter pour le visiter. C’est une escapade qui s’adresse vraiment aux passionnés d’histoire ou au fan-club du Cid. Claustrophobes passez votre chemin, ces portes et ces grilles qui se ferment, durant toute la visite, pourraient avoir raison de votre bonne volonté. Et puis la visite est entièrement guidée, ce qui n’est pas fait pour me séduire. Par contre vous pourrez, peut-être, l’avoir en français, puisque l’un des moines s’essaye, non sans difficulté, à la langue de Molière le temps d’une visite. L’homme âgé tente de faire de son mieux pour nous transmettre la longue histoire du monument et les particularités des œuvres qu’il referme. Si le cœur vous en dit, rendez-vous au monastère, et faîtes preuve de patience pour obtenir qu’on vous y accueille, les moines ne sont pas toujours présents à l’entrée des visiteurs, il faut parfois sonner pour être remarqué. Je ne souhaite pas vous décourager, mais vous rappeler que lorsque l'on sort un peu des sentiers battus du tourisme, à Burgos, cela demande quelques efforts.
A bientôt


PS : Après ce long article, sur ce monument un peu à part, vous ne vous étonnerez pas que le prochain dossier du mois porte sur le Cid. 


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