Dix jours d'absence sur le blog car je suis un peu débordée par le travail ce semestre. Et puis j'ai longuement réfléchi en écrivant cet article, pris mon temps pour l'écrire et éviter de froisser mes lecteurs. Nous voilà à
deux pas de l’Escorial, non loin de Madrid, face à un monument bien plus récent
que la plupart des éléments que j’ai pu présenter avant. Plus jeune même que le
Cristo del Otero, dont je parlais dans mon dernier article, le point commun
avec le monument d’aujourd’hui c’est avant tout l’aspect monumental,
l’utilisation d’un symbole religieux et la fonction de tombeau que revêt
l’édifice central de la Valle de los Caïdos (Vallée des morts). Les comparaisons s’arrêtent ici,
car l’homme qui est à l’origine de ce projet n’est autre que Franco. C’est un
lieu désormais extrêmement controversé.
Il
fallu dix-huit ans pour bâtir le monument, la construction débute en 1940. Franco
fait bâtir ce lieu pour les combattants nationalistes, morts dans la guerre
civile. Plus de 30 800 hommes reposeraient ici, pour prendre le total le
plus souvent retenu. La main-d’œuvre est principalement constituée de
prisonniers politiques, je n’avancerai pas de chiffre ils diffèrent trop d’une
source à l’autre, s’ajoutaient aussi des prisonniers de droit commun, semble-t-il.
Pour ce qui est des prisonniers politiques ce travail leur aurait permis de
réduire leur peine de prison, un jour de travail équivalait, peut-être, à 3 ou
quatre jours de prison. Quant à l’existence d’un salaire pour les prisonniers
cela reste assez flou. Les conditions de travail était très dures et tous ne
sortirent pas vivants de la Valle de Los Caîdos, là encore les chiffres divergent.
La croix
mesure près de 150 mètres
de haut, c’est la plus haute du monde, elle aurait un poids d’environ
200 000 tonnes. Au bas de cette croix, des sculptures, les quatre
évangélistes, par exemple Saint Jean mesure à peu près 18 mètres . Ce dernier devait être un vieil homme selon les choix de l’artiste, mais Franco ne l’entendit pas de cette oreille et aurait fait changer la tête du géant. Mais
aujourd’hui ces statues sont en danger, le calcaire noir utilisé s’abîme, le
gel et le dégel sont mal supportés par les matériaux. L’eau s’infiltre et abîme l’intérieur même de
la statue. En 1958 le monument est terminé, Franco
annonce que toute victime de la guerre civile peut y être enterrée, la
seule exigence serait d’être baptisé et de nationalité espagnole. On estime qu’un certain nombre de républicains ont été transférés dans
la Valle de los Caïdos sans l’accord des familles. Le 1er avril 1959
à lieu l’inauguration.
travaux sur la Pieta en 2012 |
La
basilique bénédictine de Santa Cruz est creusée sous la croix. Les photos y
sont interdites, ce qui explique leur absence dans cet article. Le lieu a été
consacré en 1960 par Jean XXIII. Aujourd’hui des moines habitent encore en
permanence dans la vallée et des messes ont régulièrement lieu à l’intérieur de
la basilique. En plus d’être un lieu touristique important (450 000
touristes par an), c’est donc encore un sanctuaire vivant, d’où la proposition
de certains, qui craignent les extrémistes, d’en faire un musée pour éviter toutes tensions. Aujourd’hui on se déchire encore autour du
monument, certains voudraient le voir disparaître, d’autres, comme nous l'avons dit, en faire un lieu de
mémoire. Le 20 novembre chaque année des
admirateurs du dictateur veulent y célébrer son souvenir, lors de
l’anniversaire de sa mort. Dans ce lieu où repose Primo de Rivera et Franco,
des personnes viennent fleurir les tombes, ceci attise souvent les polémiques.
Certains voudraient bien déloger Franco de sa dernière demeure. Au cours de
l’année 2007 une loi interdit tout rassemblement politique en ces lieux.
Une partie du monastère |
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