Autant
j’aime Salamanque, autant je ne fus pas séduite par Ségovie, surtout par son aqueduc.
Voici pourquoi cet article arrive si tard, alors que c’est un haut lieu du
tourisme de la région. Cet immense monument romain est, il faut bien le
reconnaître, assez extraordinaire au niveau de son état de conservation. Mais
le granit, gris de surcroît, après la pierre de Villamayor à Salamanque, m’évoque plutôt ma Bretagne que l’Espagne. Trêve de plaisanterie, commençons par
un saut dans le temps.
Nous passerons
sur la légende selon laquelle le monument serait l’œuvre du Diable, signalons
simplement l’ironie de l’histoire, car une statue de la vierge trône sur
l’aqueduc depuis 1520. L’ouvrage d’ingénierie date en réalité du premier siècle
de notre ère, il aurait été achevé en 80 pour être précise. Avec 28 mètres de haut et près
de 900 mètres
de long ce géant repose au cœur de la ville sur 166 arcs, le tout tient sans
mortier ! Un témoin anonyme, qui voyage avec les parents de Charles Quint,
Philippe de Habsbourg et Jeanne la Folle, a mis par écrit, en 1502, ses
inquiétudes quant à la solidité de l’édifice. De tout temps donc ce jeu
d’équilibriste a fasciné les voyageurs de passage. Il fut classé au patrimoine
de l’humanité en 1985. En 1992 une restauration est effectuée et la circulation
des voitures, sous le monument, est interdite, il faut dire que l’aqueduc se
détériore énormément à cette époque. Symbole de la ville, plus que tout autre monument, il fut souvent représenté, sur des enveloppes ou timbres par exemple
(quelques dates 1974, 1980, 1990, 2000, 2009) et ce au-delà des frontières espagnoles comme au Mozambique ou en Italie, rendez vous à cette page pour en
savoir plus.
Dans la même veine, les pièces souvenirs de la ville sont à l’image du monument.
Dernier point symbolique : l’office de tourisme s’est installé à ses
pieds. Pour saisir l’importance de ce monument, pour les habitants de la ville,
et les questionnements autour de sa restauration, je vous conseille la lecture
de l’article de Joseph Nieto : Un lugar para el acueducto: Intégrer la modernité au cœur d'un site historique urbain
Si vous
souhaitez continuer la promenade en compagnie de l’aqueduc rien ne vous empêche
de suivre le tracé qu’il emprunte sous terre, pour cela armez vous d’un plan et
suivez les panneaux dans la ville. Cela permet de se donner une idée du réseau
de canalisations de l’époque. Je vais vous l’avouer, ce petit jeu de
cache-cache en surface, m’a vite lassée, et je ne suis pas allée jusqu’au bout…
décidément entre moi et l’aqueduc le courant ne passe pas. Je conclurai cet
article en estimant que la visite vaut le coup mais ne vaut pas le détour. Donc
si vous êtes de passage arrêtez vous pour admirer ce résistant, que l’histoire a épargné, mais ne vous déplacez pas uniquement pour ses beaux yeux. Pour ne pas
me faire assassiner par les aficionados du monument je précise tout de même qu’il est souvent considéré comme l’un
des plus importants vestiges romains du pays.
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