Troisième
étape de notre itinéraire au cœur des châteaux, Ponferrada, avec son fameux
château des templiers. Au cœur de la ville, l’immense forteresse accueille
touristes et pèlerins à l’entrée du centre-ville. C’est le premier monument que
l’on découvre en faisant des recherches sur la ville, son symbole, ce qui lui
permet, hors chemin de Compostelle, de drainer encore un peu de tourisme dans
cette cité sinistrée par la crise. Allons le découvrir, car autant la bâtisse
que les collections qu’il renferme valent le déplacement.
Justement
c’est le passage du chemin de Compostelle qui poussa le roi de León, aux XIIe
siècle, à s’inquiéter de la sécurité des lieux. Il contacte alors l’ordre des
templiers, pour qu’ils assurent la protection des fidèles en route pour la
Galice. Mais la forteresse n’est guère prestigieuse et surtout pas suffisante
pour la mission qui lui est attribuée. On s’attèle donc à l’agrandir. Mais je
ne vous l’apprends pas, l’histoire des templiers finit mal, la chute est aussi
brutale qu’ils étaient puissants. Un peu plus d’un siècle après avoir pris
possession des lieux, les templiers voient leurs biens saisis.
Le roi ne tarde
pas à trouver quelqu’un à récompenser, et son intendant devient le nouveau
seigneur des lieux. Pedro Fernandez de Castro commence par agrandir le château,
c’est la dernière partie que vous visiterez, le vieux château. Oui, le fameux
château de templiers a depuis longtemps disparu sous les diverses reformes menées
pas les nouveaux propriétaires, Pedro et tous ceux qui lui ont succédé. Le
nouveau seigneur n’aura guère le temps de profiter de son bien, puisqu’il meurt
sur un champ de bataille trois ans après avoir reçu le bâtiment. C’est sa fille,
Juana, qui en hérite. Le château sert de base militaire à son oncle, qui y
abrita jusqu’à 2 000 hommes. La forteresse aurait pu faire une
belle carrière dans cette famille, mais Juana décède sans avoir eu d’enfants.
Les restes du château de Pedro |
Les rois
finissent donc par récupérer la forteresse, Enrique choisit d’en faire cadeau à
son fils. Bien mal lui en prit, puisqu’il fut contraint de la lui confisquer
quelques années plus tard, pour rébellion. Comme bien des décennies plus tôt le
bâtiment sert à récompenser un noble. Voilà maintenant la famille Manrique en
possession des lieux. Ça ne durera pas et une autre noble lignée en prendra la
propriété. Mais entre les décès, les bâtards et les remariages, les conflits de
succession autour du bien s’accumulent. Quelques batailles plus tard et après
avoir provoqué l’agacement de la couronne, tout le monde perd espoir de
récupérer la forteresse que les Rois Catholiques décident de reprendre. Là il
n’est plus question de plaisanter, on décide d’ajouter des tours et un pont
levis pour en faire une place défensive digne de ce nom. Une famille de
gouverneurs fut nommée à la tête de cette place.
Au XIXe siècle, la guerre
d’indépendance eut raison du château qui fut bombardé par précaution, pour éviter
ainsi son occupation par les troupes de Napoléon. Mais le temps fit son œuvre,
et elle n’est pas toujours bonne, la forteresse perdit de son intérêt mais pas
ses pierres qui furent récupérées pour d’autres constructions. Cette carrière de
fortune commença à inquiéter l’Académie des Beaux-arts, mais la municipalité
n’ayant pas beaucoup de conscience historique, préféra continuer à utiliser
les lieux. L’espace de la cour intérieure fut notamment loué pour être mis en
culture. Au début des années 1920, la situation n’a pas évolué, quoique si, un
peu. A la place des cultures c’est un terrain de foot qui s’est installé dans
la cour ! Est-ce cette nouvelle utilisation peu orthodoxe qui pousse les
autorités à le déclarer monument national en 1924 ?
Mais, là encore,
le temps passe et ce n’est qu’à partir des années 1950 que l’Etat prend les
choses en main. Une première phase de restauration a lieu, qui s’apparente
surtout à de la consolidation et consiste à renforcer l’accessibilité pour faciliter de
nouveaux projets, d’où la rampe par laquelle nous arrivons aujourd’hui au
château. Jusqu’à la réouverture en 1998, le château est soumis à des fouilles
archéologiques en parallèle de cette longue restauration, qui commence par la
destruction des maisons qui au fil du temps avaient pris appui sur le monument. Mais
la réouverture ne signifie pas pour autant que les travaux sont finis. Le
château, désormais propriété de la ville depuis 1997, continue à subir recherches
et restaurations, et de courtes périodes de fermeture sont encore nécessaires,
comme en 2007, avec des chantiers de fouilles qui permettent de découvrir de
nouvelles structures et des objets, qui sont transférés au musée du Bierzo à
deux pas de là.
En 2010
l’ouverture de l’exposition permanente, Templum libri à lieu. Si vous n’aimez pas les
châteaux, c’est l’autre raison qui vous fera franchir les douves de celui de
Ponferrada. Cette magnifique collection de fac-similés, permet de découvrir la
richesse des ouvrages médiévaux au travers notamment de magnifiques livres d'heures.
Anne de Bretagne, Saint Louis… Tous voient ces livres personnels exposés à nos
yeux. Si ce ne sont pas les originaux, c’est néanmoins une chance de les avoir
tous réunis. De toute façon vous avez très peu de chance de voir un jour les
originaux alors si vous êtes de passage à Ponferrada, ouvrez grand vos yeux.
Cette exposition est devenue un des plus grands atouts du château, qui a vu bondir son nombre de visiteurs depuis son ouverture.
En 2015 le
château a battu son record d’entrées en une journée, avec plus de 2000
visiteurs. En conséquence il a été décidé d’ouvrir sur une plage horaire plus
importante la forteresse. La forteresse a encore mille possibilités pour s’améliorer et gagner des touristes, dont la
ville a grandement besoin pour son économie. Venez vous aussi le découvrir, ses
expositions sur la vie au Moyen-âge, la promenade sur ses remparts, l’exposition
de manuscrits, vous trouverez forcément à vous plaire et à vous occuper pour un
bon moment. Un dernier conseil, les audioguides sont de très bons accompagnateurs,
et sont disponibles en français. Que ce soit une étape lors d’un retour d’un
séjour en Galice, ou bien une pause sur le chemin de Compostelle, c’est une
halte qui, j’en suis sure, vous séduira.
A bientôt pour
un autre château du coté de Palencia.
Le travail est loin d'être terminé |
SILVAN, « Febrero de 1924: la salvación del castillo de los Templarios » leonoticias,
le 22 février 2014 [Disponible
en ligne, consulté le 12 novembre 2016]
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