samedi 5 novembre 2016

Castillo de Fuensaldaña : Le château des occasions manquées



            Comme annoncé nous continuons notre série sur les châteaux, avec un monument, à deux pas de Valladolid (7 km). J’ai bien failli ne pas pouvoir le visiter mais je reviendrai sur ce détail en fin d’article pour qu’il ne vous arrive pas les mêmes mésaventures. Construit au milieu d’un joli village, il n’est pas du tout comparable à d’autres forteresses isolées comme j’ai pu vous en présenter, Gormaz par exemple. Ce château appartient à l’école de Valladolid sur le plan architectural, dont on peut souligner la forme carrée et l’énorme donjon qui dessinent ces silhouettes un peu déséquilibrées, flanquées de tours rondes.

            De même que le château de Valencia de Don Juan, présenté la semaine dernière, nous avons face à nous une bâtisse du XVe siècle. En réalité la construction de la forteresse avait débuté deux siècles auparavant, mais l’apparence actuelle est plus conforme à celle prévue dans les années 1450. Elle est l’œuvre d’un haut fonctionnaire de la couronne Alonso Perez de Vivero. Ce nom vous dit peut-être quelque chose, c’est à lui aussi qu’on doit, en partie, le Palaciode los Vivero, où se marièrent les rois catholiques. Malheureusement cet homme rend l’âme au cours de l’année 1453, largement aidé par un assassin… Son fils conserve le château et ses ambitions. Durant toute la période moderne le château passe des mains des nobles et celles de la couronne qui le confisque régulièrement, mais qui n’a jamais l’occasion de le garder plus de quelques décennies. Sous le règne de Charles Quint il est occupé par les troupes révoltées, les comuneros. Mais ce n’est pas un point défensif, il ne souffre donc pas de ce mouvement politique inabouti, qui pensait alors raser l’édifice. C’est bien la seule fois qu’un projet avorté lui sauve la mise.



 Finalement, non sans mal, l’édifice arrive jusqu’au XXe siècle. Dans les années 1970, on envisage d’en faire un parador. On restaure, on rénove, on remodèle, on ajoute un ascenseur. Le lieu fut aussi vite inauguré que fermé, puisqu’il n’accueillit aucun touriste. Ce fut le premier acte d’une réhabilitation difficile. Quand quelqu’un a demandé pourquoi le projet n’avait pas abouti, durant la visite guidée, la guide nous a simplement répondu « des histoires de politique ». Mais les travaux étaient faits, il fallait donc bien trouver une utilité à la forteresse.

Visitez même les toits de château !

En 1983, l’institution des Cortes de Castilla y Leon, propose une réutilisation de ce bâtiment entièrement remis à neuf. Ses assemblées s’y tinrent jusqu’à tout récemment, puisque les Cortes ne partirent qu’un quart de siècle plus tard, en 2007. Vous verrez ainsi pendant la visite la bibliothèque des Cortes, entièrement vide aujourd’hui. Que faire alors ? Le projet du Parador avait échoué, la  récupération en bâtiment administratif venait de s’achever, à nouveau il fallait lui trouver un usage. Certains proposèrent de le retransformer en hôtel, mais le souvenir du parador qui n’avait jamais ouvert avait laissé ses traces. Le bâtiment rouvrit ses portes en 2012, comme centre touristique, pour présenter les alentours, centre de réceptions, et lieu de cérémonie pour les mariages civils. Dans ce projet encore plusieurs points ont été abandonnés comme la création d’un café. Désormais inséré dans la longue liste des monuments visitables de la province, il a même accueilli le salon du tourisme provincial en 2014. L’hémicycle du conseil de Castille est quant à lui resté en place puisqu’il est loué pour des conférences, permettant un petit apport financier pour le château.
   

L'ancienne bibliothèque

Je raconte rarement mes anecdotes de voyage mais là j’y tiens. Si le château connut bien des aléas, ma visite aussi faillit tourner court. Pour une fois que j’avais largement vérifié les horaires et les conditions de visite, j’ai bien manqué de perdre mon calme. Rien n’indique à l’entrée que les visites individuelles n’ont lieu que l’après-midi (ouverture officielle à 10h), alors que seules les visites en groupe sont possibles le matin, comme on l'apprend une fois sur place. A deux, nous ne formions pas un groupe, pour des visites uniquement guidées. J’en suis ressortie dépitée, j’allais partir de Valladolid sur une déception, bien qu’on m’ait gentiment dit que je pourrai le visiter si je patientais durant quatre heures. Ma chance a été qu’une famille de six personnes arrive alors que je faisais des photos à l’extérieur avant de repartir. Comme elle est considérée comme un groupe, nous avons pu nous y joindre. J’ai donc bien failli avoir faire le déplacement pour rien. Fuensaldaña a un gros travail de communication à faire, pour ne pas décevoir les touristes de passage dans ce petit village de cent habitants. La visite est à recommander uniquement aux personnes en bonne santé car les escaliers sont raides et nombreux, et l’ascenseur ne sert pas pour les touristes. Néanmoins soulignons la grande amabilité de la guide.


La visite est intéressante, le monument est vraiment bien restauré. Mais ne faîtes le détour que si vous êtes assuré de pourvoir le visiter, la spontanéité n’est pas de mise à Fuensaldaña.


A bientôt pour d’autres châteaux


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