jeudi 23 février 2017

Monastère de Moreruela : Un géant oublié



           Je ne vais pas vous mentir, en vous disant qu’en ce moment le blog n’est pas une priorité dans ma vie, un peu trop bien remplie. Malgré tout, je ne vous abandonne pas. Direction l’abbaye Santa Maria de Moreruela, un site historique, isolé, à quarante kilomètres au nord de Zamora. Venez vous promener avec moi dans les ruines de cette immense abbaye cistercienne gardée par les cigognes.



            L’architecture romane est une des caractéristiques les plus mises en avant dans cette province, pour autant cela bénéficie peu à ce monastère cistercien fondé au XIIe siècle. Il a existé avant une fondation bénédictine, mais le vestige actuel n’en garde pas de traces. A peine quelques années après leur installation, les cisterciens lancent la construction de l’église, nous sommes alors en 1163. Pendant la visite, vous verrez que, malgré son état, on n’a pas de mal à imaginer quel chantier et quel monument grandiose ont pu s’élever ici. L’église mesure près de 63 mètres de long (à titre d’exemple Notre dame de Paris fait 127m de long) et 26 mètres de large. Il fallut près de cent cinquante ans pour la terminer. Ces ruines aux dimensions impressionnantes, rappellent que ce lieu oublié aujourd’hui fut l'un des centres cisterciens les plus importants de toute la péninsule ibérique. Le centre connut une prospérité exemplaire, et ceci pendant plusieurs siècles. Les récentes recherches ont montré que le monastère en lui-même a connu plusieurs réformes notamment au XVIe et XVIIe siècle. Il faut noter un point important qui explique la réussite de cette implantation, c'est le chemin de Compostelle (Via de la plata). Etape importante, le monastère accueillait les pèlerins venus du sud.
  

            C’est le XIXe siècle qui, comme pour beaucoup de monuments que je vous fais visiter, fut un désastre. Il va s’avérer que pour la cinquantaine de moines qui occupent encore les lieux à l’aube de ce siècle, c’est bel et bien la fin d’une époque. Premier départ en 1809 lors des guerres napoléoniennes, pour un retour en 1814. Deuxième départ en 1820 du fait des troubles qui secouent le monde politique entre absolutistes et libéraux, retour dans les murs de l’abbaye huit ans plus tard. Mais Mendizabal, et sa saisie desbiens ecclésiastiques, sonne le glas définitif de la communauté en 1835. Véritable carrière à ciel ouvert, comme pour la construction de l’église du village voisin, le magnifique monument devient progressivement une ruine. Comme souvent l’inscription aux monuments historiques en 1931, ne fut pas d’un grand effet.


            La renaissance du monastère commence par le rachat des lieux par la région en 1993. C’est un long processus de recherche qui débute, marqué par plusieurs tranches d’investissement et de restaurations, plus ou moins réussies, vous jugerez par vous-même sur place. Ouvert à la visite, pour un prix symbolique, vous serez ensuite libre de vous promener dans les ruines, qui servent de nichoirs aux cigognes. Différentes animations ont été tentées ces dernières années, comme des concerts. Il reste encore beaucoup à faire pour aménager le site mais si vous passez par là faîtes le détour, ça en vaut vraiment le coup. Un nouveau programme de restauration, sous la direction de l’Université de Salamanque, vient d'être lancé, il faut faudra donc revenir découvrir le site d’ici quelques années.


            A bientôt pour de nouvelles découvertes monumentales.  



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