Je ne vais pas vous
mentir, en vous disant qu’en ce moment le blog n’est pas une priorité dans ma
vie, un peu trop bien remplie. Malgré tout, je ne vous abandonne pas. Direction l’abbaye Santa Maria de Moreruela, un site historique,
isolé, à quarante kilomètres au nord de Zamora. Venez vous promener avec moi
dans les ruines de cette immense abbaye cistercienne gardée par les cigognes.
L’architecture romane est une des caractéristiques les
plus mises en avant dans cette province, pour autant cela bénéficie peu à ce
monastère cistercien fondé au XIIe siècle. Il a existé avant une fondation
bénédictine, mais le vestige actuel n’en garde pas de traces. A peine
quelques années après leur installation, les cisterciens lancent la
construction de l’église, nous sommes alors en 1163. Pendant la visite, vous
verrez que, malgré son état, on n’a pas de mal à imaginer quel chantier et quel
monument grandiose ont pu s’élever ici. L’église mesure près de 63 mètres de long
(à titre d’exemple Notre dame de Paris fait 127m de long) et 26 mètres de large.
Il fallut près de cent cinquante ans pour la terminer. Ces ruines aux
dimensions impressionnantes, rappellent que ce lieu oublié aujourd’hui fut l'un des
centres cisterciens les plus importants de toute la péninsule ibérique. Le centre
connut une prospérité exemplaire, et ceci pendant plusieurs siècles. Les récentes
recherches ont montré que le monastère en lui-même a connu plusieurs réformes notamment
au XVIe et XVIIe siècle. Il faut noter un point important qui explique la
réussite de cette implantation, c'est le chemin de Compostelle (Via de la plata).
Etape importante, le monastère accueillait les pèlerins venus du sud.
C’est le XIXe siècle qui, comme pour beaucoup de monuments
que je vous fais visiter, fut un désastre. Il va s’avérer que pour la cinquantaine
de moines qui occupent encore les lieux à l’aube de ce siècle, c’est bel et
bien la fin d’une époque. Premier départ en 1809 lors des guerres
napoléoniennes, pour un retour en 1814. Deuxième départ en 1820 du fait des
troubles qui secouent le monde politique entre absolutistes et libéraux, retour
dans les murs de l’abbaye huit ans plus tard. Mais Mendizabal, et sa saisie desbiens ecclésiastiques, sonne le glas définitif de la communauté en 1835.
Véritable carrière à ciel ouvert, comme pour la construction de l’église du
village voisin, le magnifique monument devient progressivement une ruine. Comme
souvent l’inscription aux monuments historiques en 1931, ne fut pas d’un grand
effet.
La renaissance du monastère commence par le rachat des
lieux par la région en 1993. C’est un long processus de recherche qui débute,
marqué par plusieurs tranches d’investissement et de restaurations, plus ou
moins réussies, vous jugerez par vous-même sur place. Ouvert à la visite, pour un
prix symbolique, vous serez ensuite libre de vous promener dans les ruines, qui
servent de nichoirs aux cigognes. Différentes animations ont été tentées ces
dernières années, comme des concerts. Il reste encore beaucoup à faire pour aménager
le site mais si vous passez par là faîtes le détour, ça en vaut vraiment le coup.
Un nouveau programme de restauration, sous la direction de l’Université de
Salamanque, vient d'être lancé, il faut faudra donc revenir découvrir le site d’ici quelques
années.
A bientôt pour de nouvelles découvertes monumentales.
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