samedi 25 mars 2017

Basilica Santa Teresa : Un rêve inachevé




            Après vous avoir fait visiter legrand monastère de Moruruela , devenu une ruine, j’ai eu envie de vous emmener visiter un monument qui a connu l’histoire inverse. La basilique de Sainte Thérèse à Alba de Tormes peut apparaître comme une ruine, pourtant ce n’est pas le cas. Je vous emmène découvrir un monument qui n’a tout simplement jamais été terminé. Je ne vous apprendrai rien en vous disant que Sainte Thérèse  est la «star» catholique de la région, non sans quelques débats entre Alba de Tormes et Avila. Mais comment en est-on arrivé à vouloir créer une basilique, qui devait être un lieu de pèlerinage international, dans un bourg égaré au fond de la Castille ?


            L’idée est de construire un monument pour abriter les restes de Santa Teresa d’Avila, et de proposer un lieu de pèlerinage. C’est Tomás Cámara, célèbre évêque du diocèse de Salamanque, qui est à l’origine de ce grand projet à la fin du XIXe siècle. Cet homme est bien décidé à soutenir l’église de son temps, lui qui a déjà donné de sa personne comme missionnaire à l’étranger, et dans la péninsule lors des épidémies. Je vous ai déjà présenté un de ses programmes de construction avec l’église San Juan de Sahagun à Salamanque. L’architecte en charge des travaux est Enrique María Repullés y Vargas. Oui, ce nom peut vous dire quelque chose, si vous êtes un lecteur assidu du blog, puisqu’il est à l’origine de l’actuelle mairie de Valladolid. La construction du grand temple néogothique débute en 1898. On prévoit un bâtiment de 100 mètres sur 70 mètres, et des flèches allant jusqu’à 92 mètres de haut, le tout dans un style néogothique. Mais le chantier prend son temps, connaît des ralentissements dus aux problèmes financiers, à la nature du sol qui complique la construction des fondations… De plus l’Espagne de ce début de XXe siècle est relativement agitée. En 1933, on arrête tout, définitivement. 


Réalisée dans les années 1950 une maquette en bois, visible dans le petit musée situé sur la place Santa Teresa, permet de découvrir le projet abouti. Cette maquette, créée par un ébéniste passionné par la sainte, Jeronimo Cotobal, fut longtemps exposée à la mairie de la ville. Dans les années soixante, différentes tractations et projets sont lancés mais aucun n’aboutira à une réalisation concrète de la basilique. Pourtant certains architectes avaient imaginé des projets très modernes, qui n'avaient rien à voir avec les plans initiaux, peut-être plus raisonnables. 

Vue d'en haut on constate que l'église était tout de même bien avancée

Dans les années 1980, la venue du pape Jean-Paul II ravive l’intérêt pour Alba de Tormes et sa basilique. Depuis les années 2000 l’évêché de Salamanque a tenté de reprendre les choses en main et de faire poser une couverture sur l’édifice. A ce moment, on pense même construire un véritable monument, toujours avec l’idée d’un lieu de pèlerinage international, l’aéroport de Salamanque n’étant qu’à vingt minutes de route. Mais la crise étant passée par là, les travaux du XXIe siècle connaissent le même sort que leurs prédécesseurs et sont à leur tour, suspendus. Le bâtiment continue donc à vivre dans l’attente, s’éveillant pour quelques événements, dont le plus récent est le tournage d’une série américaine dans la région, qui raconte la suite de Roméo et Juliette. 'Still Star-Crossed', a trouvé dans cette province de quoi reproduire les décors italiens nécessaires au tournage, entre autre dans la basilique. Aujourd’hui seul le chœur est couvert en partie grâce à des dons. Elle sert donc de façon ponctuelle pour quelques cérémonies ou à des concerts.

Je pense, mais ça n’engage que moi, que l’histoire de ce monument est loin d’être terminée. Les églises ne manquent pas à Alba de Tormes et peut-être trouvera-t-il son utilité comme lieu culturel, ou bien dans quelques décennies sera-t-il enfin terminé dans une version beaucoup plus simple que l’originale. Affaire à suivre, que cette étonnante construction, qui aurait surement fait la joie de l’office de tourisme et du climat économique si elle avait été terminée. Aujourd’hui il convient de repenser et de réadapter le projet à l’heure où de nombreuses églises, faute de pratiquants se reconvertissent en musées. Tenez si je vous emmenai justement en découvrir une dans mon prochain article ?
A bientôt.     

  

GOMEZ F., « Alba de Tormes pretende convertirse en el centro de pregrinación teresiana », Nortedelcastilla.es, le 4 juin 2011 [Disponible en ligne]

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire