vendredi 16 février 2018

Castelo de Bragança : Un autre regard sur notre histoire



            Comme annoncé dans le dernier article, le blog sort des frontières de la région, et même du pays. La Castilla y León possède une longue frontière commune avec le Portugal. Lorsque l’on visite Puebla de Sanabria, son château par exemple, on a bien conscience d’être sur une terre de frontière. Les offices de tourisme construisent leurs brochures avec la ville portugaise voisine. Cette ville c’est Bragança. De ce côté de la frontière, nous avons aussi une ville fortifiée, et un château. Les deux villes ne se ressemblent pas, leurs forteresses non plus.  C’est celle du Portugal que je vous emmène visiter aujourd’hui. Les photos en intérieur étaient interdites.




            La ville portugaise est dominée par une imposante forteresse enserrée de remparts. Commencée au début du XIIIe siècle sur un ancien bâtiment, elle impressionne par sa stature massive, qui semble imprenable. Cette place forte est symbolisée par son donjon de 33 mètres de haut. Sa forme générale ne s’est pas tant modifiée au cours des siècles. Propriété des ducs de Bragance, le château a été assez bien entretenu et a conservé sa fonction militaire jusqu’au XXe siècle.  Il sert durant la guerre d'Indépendance, appelée, coté portugais, Guerre Péninsulaire. Cette forteresse a donc elle aussi résisté aux assauts des troupes de Napoléon Ier. Progressivement, dans les décennies qui suivent ces événements, le bâtiment se dégrade.   


            La forteresse est classée dès 1910, mais doit attendre un quart de siècle pour adopter ses nouvelles fonctions. A partir de 1929 on commence à y envisager l’ouverture d’un musée militaire. Celui-ci naît en 1936, et est encore ouvert aujourd’hui. Pourtant il n’est pas resté tout le temps dans le château. En 1958, le musée ferme ses portes au moment du départ de la dernière unité militaire de la ville. Que deviennent ses collections ? Elles sont alors transférées à presque 500 km de là, à Lisbonne. Elles reviendront, mais seulement en 1983, quand le musée rouvrira ses portes. Au passage elles ont été enrichies d’armes légères qui n’étaient pas présentes dans la première collection.



Pour les amateurs de collection d’armement, ce musée est évidemment très complet. Pour les autres il n’en n’est pas moins intéressant, il permet, entre autres, de prendre conscience de certaines réalités historiques autour de la première guerre mondiale. A ma sortie du collège, pour ne pas dire du lycée, cette guerre mondiale était avant tout un conflit franco-allemand, provoqué par un coup de feu à Sarajevo, qui avait mis en rogne les Russes. Je schématise beaucoup, mais les enjeux mondiaux du conflit n’étaient pas ce qui m’avait le plus marqué. J’avais retenu la boue, les rats, l’horreur des tranchées. Etant de la génération du film « Joyeux Noël » et autre « Cheval de Guerre », je savais bien que les Anglais était aussi venus se battre en France. Les Américains arrivaient à la fin et semblaient à eux seuls justifier la dimension mondiale du conflit. Quelques découvertes télévisuelles me firent apprendre plus tard que des Australiens ou des Canadiens avaient, par exemple, participé. La visite de la forteresse de Bragança m’apprit la participation des Portugais au premier conflit mondial. On découvre, reproduit grandeur nature dans une vitrine, un poste de surveillance avec mitrailleuse et soldats. Si vous vous promenez dans la ville vous croiserez une stèle comme on en a dans toute les communes de France, en hommage aux hommes de Bragança tombés, chez nous durant la guerre. Le corps expéditionnaire portugais était composé de 56 000 soldats. Ce qui m’a donc le plus marqué dans cette visite c’est mon ignorance. 


En plus du monument en ville, d'autres existent au château, comme ceux des guerres survenues durant la décolonisation de l'Angola, du Mozambique et de la Guinée. Une autre mémoire douloureuse pour le Portugal. 




La pièce maîtresse de Bragança est à n’en pas douter cette forteresse, qui fait resurgir le long passé militaire du pays. Le château a la chance d’être bien conservé et restauré. N’hésitez pas non plus à vous promener le long des remparts avant de partir explorer le reste de cette jolie ville. Pour le voyageur français c'est un bon moyen de porter un autre regard sur les conflits militaires français des expéditions napoléoniennes à la Grande Guerre. 


A bientôt pour d’autres visites.    


Source principale :
NOGUEIRO E. « Museu Militar de Bragança / Fundação »

   

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