Après deux statues, à Olmedo puis à
Palencia, intéressons-nous à un bâtiment de Burgos. Pour cela nous allons
quitter la zone la plus touristique de la ville pour nous retrouver dans un
quartier que je vous déjà proposé de visiter à deux pas du paseo de la Isla et
de la maison de Muguirio. Arrêtons nous au 1 de la place de Castille. On ne peut,
comme vous pouvez l’observer sur les photos, passer à côté de cette bâtisse
sans qu’elle ne nous interpelle. Si j’avais vaguement idée des usages qu’elle pouvait avoir eu, l’écriture de cet article me prouva que l’histoire de ces
murs fut plus que mouvementée. Je vous invite à me suivre dans les couloirs de
son histoire.
C’est à José Moliner Vaquero,
investisseur qui a beaucoup sévi à Burgos, qu’on commande ce bâtiment en 1927.
C’est avant tout un immeuble d’habitation qui est alors projeté. Finalement une
fois le chantier terminé c’est un grand hôtel qui ouvre ses portes. La presse
de l’époque souligne qu’il s’agit là d’un hôtel de luxe, qui vise même une
clientèle internationale. Avec son ascenseur, pour desservir les quatre étages
et les 76 chambres, c’est donc un
mastodonte du paysage touristique, nommé « Infanta Isabel », qui
espère bien devenir une référence. En 1932, on peut voir des
publicités d’autobus de luxe (avec bar, toilettes, service de
restauration) indiquer ainsi leur arrêt à Burgos devant cet hôtel. Il
s’inscrit bien dans le circuit des voyages de luxe. Si l’hôtel aura l’occasion
de changer de nom, il deviendra Maria Isabel (on le voit dans les publicités
d’époque), c’est la guerre civile qui va bouleverser son destin. Burgos est une
ville militaire ne l’oublions pas.
Franco fait rapidement de la ville son quartier général. C’est dans ce bâtiment que furent
logés certains hommes de « la légion Condor ». Ce groupe armé
d’allemands est tristement célèbre pour le bombardement de Guernica. L’hôtel
est donc réquisitionné. La guerre terminée, une période de flottement attend le
bâtiment. Il est finalement racheté en 1944 pour la Juntas de Ofensiva
Nacional-Sindicalista (organisation de jeunesse) qui a alors fusionné avec la
Phalange. Le bâtiment devient alors Escuela de Formación Profesional de
Sindicatos. Une utilisation qui ne durera pas, puisque durant les années 1950
l’ancien hôtel devient une dépendance de la Seguridad Social. Il eut encore
différents usages avant d’être abandonné en 1997.
En 2003 la vie reprend enfin. Le
bâtiment a fait l’objet d’une grande restauration de la part de la Federación
de Asociaciones Empresariales. Ce nouvel occupant met à profit la surface de
2000m² du bâtiment. Il devient La Casa del Empresario, espace d’informations, de
propositions de formations, et même, parfois, d’expositions. Les entrepreneurs de la
ville ont du s’y sentir assez bien puisqu’aujourd’hui encore ils occupent les
locaux.
N’hésitez donc pas à aller vous
promener dans ce quartier de Burgos. Cette façade, et de nombreux autres
bâtiments, nous parlent du renouveau de Burgos quelque temps avant que la guerre
ne noircisse pour longtemps son histoire. Aujourd’hui sauvegarder et retrouver
un usage à ces grands bâtiments, plutôt que de les raser, est un
investissement, souvent privé, pour entretenir le visage de la ville. J’aimerai
plus souvent pouvoir relever de telles initiatives, qui sauvent le patrimoine
architectural sans le dénaturer au prétexte de la modernité. Il existe encore
de nombreuses façades à Burgos qui cachent une histoire et qu’il me faut découvrir.
Je ne manquerai pas, dans ce cas, de partager mes découvertes avec vous.
A bientôt dans les rues de Castille
Quelques
sources :
M.
González, « La Casa del Empresario de Burgos, testigo de la Historia »
in abc.es, le 9 juin 2002
R.
Pérez Barredo, « La 'dolce vita' de la Legión Cóndor » in diariodeburgos.es, le 26 avril 2014
Article
d’époque : « El nuevo Burgos : Inoguracion del Hotel Infanta
Isabel » in Diario de Burgos –
Lundi 15 juillet 1929
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire