samedi 11 janvier 2020

1, Plaza de Castilla : Un immeuble au passé tourmenté



            Après deux statues, à Olmedo puis à Palencia, intéressons-nous à un bâtiment de Burgos. Pour cela nous allons quitter la zone la plus touristique de la ville pour nous retrouver dans un quartier que je vous déjà proposé de visiter à deux pas du paseo de la Isla et de la maison de Muguirio. Arrêtons nous au 1 de la place de Castille. On ne peut, comme vous pouvez l’observer sur les photos, passer à côté de cette bâtisse sans qu’elle ne nous interpelle. Si j’avais vaguement idée des usages qu’elle pouvait avoir eu, l’écriture de cet article me prouva que l’histoire de ces murs fut plus que mouvementée. Je vous invite à me suivre dans les couloirs de son histoire.


            C’est à José Moliner Vaquero, investisseur qui a beaucoup sévi à Burgos, qu’on commande ce bâtiment en 1927. C’est avant tout un immeuble d’habitation qui est alors projeté. Finalement une fois le chantier terminé c’est un grand hôtel qui ouvre ses portes. La presse de l’époque souligne qu’il s’agit là d’un hôtel de luxe, qui vise même une clientèle internationale. Avec son ascenseur, pour desservir les quatre étages et les 76 chambres, c’est donc un mastodonte du paysage touristique, nommé « Infanta Isabel », qui espère bien devenir une référence. En 1932, on peut voir des publicités d’autobus de luxe (avec bar, toilettes, service de restauration) indiquer ainsi leur arrêt à Burgos devant cet hôtel. Il s’inscrit bien dans le circuit des voyages de luxe. Si l’hôtel aura l’occasion de changer de nom, il deviendra Maria Isabel (on le voit dans les publicités d’époque), c’est la guerre civile qui va bouleverser son destin. Burgos est une ville militaire ne l’oublions pas.
           Franco fait rapidement de la ville son quartier général. C’est dans ce bâtiment que furent logés certains hommes de « la légion Condor ». Ce groupe armé d’allemands est tristement célèbre pour le bombardement de Guernica. L’hôtel est donc réquisitionné. La guerre terminée, une période de flottement attend le bâtiment. Il est finalement racheté en 1944 pour la Juntas de Ofensiva Nacional-Sindicalista (organisation de jeunesse) qui a alors fusionné avec la Phalange. Le bâtiment devient alors Escuela de Formación Profesional de Sindicatos. Une utilisation qui ne durera pas, puisque durant les années 1950 l’ancien hôtel devient une dépendance de la Seguridad Social. Il eut encore différents usages avant d’être abandonné en 1997.


            En 2003 la vie reprend enfin. Le bâtiment a fait l’objet d’une grande restauration de la part de la Federación de Asociaciones Empresariales. Ce nouvel occupant met à profit la surface de 2000m² du bâtiment. Il devient La Casa del Empresario, espace d’informations, de propositions de formations, et même, parfois, d’expositions. Les entrepreneurs de la ville ont du s’y sentir assez bien puisqu’aujourd’hui encore ils occupent les locaux.  
            N’hésitez donc pas à aller vous promener dans ce quartier de Burgos. Cette façade, et de nombreux autres bâtiments, nous parlent du renouveau de Burgos quelque temps avant que la guerre ne noircisse pour longtemps son histoire. Aujourd’hui sauvegarder et retrouver un usage à ces grands bâtiments, plutôt que de les raser, est un investissement, souvent privé, pour entretenir le visage de la ville. J’aimerai plus souvent pouvoir relever de telles initiatives, qui sauvent le patrimoine architectural sans le dénaturer au prétexte de la modernité. Il existe encore de nombreuses façades à Burgos qui cachent une histoire et qu’il me faut découvrir. Je ne manquerai pas, dans ce cas, de partager mes découvertes avec vous.
            A bientôt dans les rues de Castille 

Quelques sources :
M. González, « La Casa del Empresario de Burgos, testigo de la Historia » in abc.es, le 9 juin 2002
R. Pérez Barredo, « La 'dolce vita' de la Legión Cóndor » in diariodeburgos.es, le 26 avril 2014           
Article d’époque : « El nuevo Burgos : Inoguracion del Hotel Infanta Isabel » in Diario de Burgos – Lundi 15 juillet 1929

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire