mercredi 29 octobre 2014

La chartreuse de Miraflores : une vie consacrée à la prière, sous la protection des rois



Monastère encore en service, cette chartreuse est accessible à pied, comptez une heure de marche depuis le centre ville, l’idéal étant, si vous le pouvez, de longer la promenade le long du fleuve à vélo. Si vous souhaitez y aller en voiture vous n’aurez aucun problème de stationnement, enfin un arrêt de bus proche permet de se rabattre sur les transports en commun. Le prix de la visite est à votre bon vouloir. Passées ces informations pratiques, importantes, plongeons nous dans l’histoire du monument.









Le monastère est fondé en 1441 par Juan II, faisant suite à une idée de son père Henri III. Mais un cas de force majeure va l’obliger à faire reconstruire le bâtiment dans lequel son prédécesseur avait souhaité installer les chartreux, en effet un incendie a ravagé le palais de son père. La construction débute donc en 1453.  Mais Juan II meurt, en 1454, laissant son fils continuer les travaux. C’est sa célèbre fille, Isabelle la Catholique qui va terminer son œuvre, son demi frère, le roi, ayant rendu l’âme. Elle commande un cénotaphe à Gil de Siloé pour ses parents (Juan II et Isabelle du Portugal). Probablement venu de Flandre, ce célèbre artiste le réalise en albâtre et participe aussi à la construction du retable. Le tombeau m’a un peu fait penser, bien qu’il soit plus tardif, à celui de François II et de son épouse que l’on peut voir à Nantes, celui Gil de Siloé précède donc de quelques décennies l’arrivée de la Renaissance en France. La première phase des travaux est terminée en 1496, quelques éléments s’ajouteront par la suite. Un autre défunt, l’infant Alphonse, frère de la reine repose ici. Elle portait beaucoup d’intérêt pour ce chantier qu'elle vient souvent visiter, d'après les sources de l'époque. Jusqu’au milieu du XVIe siècle des ajouts continuent à être réalisés, comme les chapelles qui servent de musée aujourd’hui.

Une des chapelles réutilisées pour le musée

Je ne vous propose pas d'image globale du tombeau car elles sont difficilement réalisables, l'escalier permettant d'avoir une vue d'en haut étant fermé. Voici néanmoins quelques détails :   



Ne dérogeons pas à la règle, les troupes de Napoléon sont aussi passées par là faisant quelques dégâts me semble-t-il. Le XIXe siècle ne fut pas une bonne période pour l'édifice, la confiscation des biens de l’église en 1835 a bien failli sonner la fin des chartreux de Miraflores.  Il a fallu attendre 1880 pour que les chartreux puissent réintégrer Miraflores. En 1923 le monument est déclaré monument national. De 2003 à 2011 un important programme de restauration est mené. Vous avez donc la chance d’admirer l’église dans toute sa splendeur.


La littérature Française rend hommage à la Chartreuse de Miraflores en 1845 dans les mots de l’auteur Théophile Gautier dans En allant à la Chartreuse de Miraflorès.

Oui, c'est une montée âpre, longue et poudreuse,
Un revers décharné, vrai site de Chartreuse.
Les pierres du chemin, qui croulent sous les pieds,
Trompent à chaque instant les pas mal appuyés.
Pas un brin d'herbe vert, pas une teinte fraîche ;
On ne voit que des murs bâtis en pierre sèche,
Des groupes contrefaits d'oliviers rabougris,
Au feuillage malsain couleur de vert-de-gris,
Des pentes au soleil que nulle fleur n'égaie,
Des roches de granit et des ravins de craie,
Et l'on se sent le coeur de tristesse serré...
Mais, quand on est en haut, coup d'oeil inespéré !
L'on aperçoit là-bas, dans le bleu de la plaine,
L'église où dort le Cid près de doña Chimène !

Bon on va dédramatiser un peu, les choses ont bien changé en 150 ans. La montée n'est pas aussi difficile évidement. Mais surtout la verdure a gagné du terrain, vous ne pourrez pas admirer la cathédrale depuis Miraflores. J'admets aussi que les immeubles feraient de toute façon obstacle, si les arbres ne les masquaient pas, entre nous et le lieu du repos éternel du Cid.

les vitraux


plafond de l'église

Ce n’est pas une visite prioritaire si vous vous rendez à Burgos, mais vous pouvez tout à fait vous y arrêter si vous ne souhaitez pas entrer dans la ville. C’est une jolie visite, faîtes la si vous avez le temps, le faire à toute vitesse n’aurait pas beaucoup de sens, non seulement car je vous incite à admirer le monument, et puis nous sommes dans un lieu très empreint de religiosité. Les hommes qui se trouvent derrière ces murs sont coupés du monde et ont fait vœu de silence, on ressent cette solennité quand on traverse les lieux.

Je vous souhaite une bonne visite.


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