Nous avons
commencé une petite série d’articles sur les hommages aux intellectuels avec la
statue d’Ignacio Sarda. Aujourd’hui une œuvre particulière, car je n’ai pas
encore présenté de réalisation de ce type sur le blog, une peinture murale de
rue. Elle m’a frappée lors de mon retour à Burgos l’année passée. Elle n’est pas,
à proprement parler, intégrée au circuit touristique puisqu’elle est située
à la limite de la zone piétonne, calle Sanz Pastor. Quelques explications sur
sa réalisation.
Les
auteurs de cette œuvre, Néstor Alonso, Rachel Merino, Ribo y Rodrigo García
Calvo, appartiennent à un collectif SiO2, créé en 2012. Ce dernier réunit des
jeunes artistes de Burgos, de toutes les branches artistiques pour leur permettre
d’exercer leur talent. Peu importe qu’ils soient peintres, photographes ou
sculpteurs, ils sont tous invités à participer à cette association. Après ces
quelques mots sur les créateurs, venons-en à parler de la réalisation en
elle-même. Dédiée à quatre philologues, personnes qui se spécialisent dans
l’étude de la langue écrite, elle l’est plus particulièrement à
Franz Bopp. C’est lui qui joue avec les cubes sur lesquels sont dessinés des
signes de différents alphabets, le nôtre, le cyrillique… Né en Allemagne
(1791), il eut la chance, en plus d’être polyglotte, d’étudier des langues
relativement peu communes comme le persan, l’hébreu ou le sanskrit. C’est donc
assez naturellement que ce jeune intellectuel du XIXe siècle se penche sur
l’étude des langues. De ses travaux naîtra l’appellation, pour une bonne part, des idiomes du continent eurasiatique, de langue « indo-européenne». Si
certaines théories du linguiste sont aujourd’hui désuètes, d’autres parties de
son travail restent encore fondamentales, puisqu’il est le premier à mettre en
place la comparaison entre les différentes grammaires. Pour l’instant vous ne
voyez pas le lien avec Burgos ? Ne cherchez pas, il n’y en aucun.
Le
choix du thème est, entre autre, le fait de la municipalité et du centre Europe Direct, puisque les travaux de Bopp, soulignent tout de même un socle linguiste
commun entre de nombreux peuples d’Europe. Pour les jeunes artistes, l’évocation
des trois autres noms est une forme de « trait d’union » entre les
européens, selon leurs dires. Les trois autres linguistes évoqués sont en effet
de nationalité différente. William Jones est un anglais du XVIIIe siècle, qui
vécut notamment en Inde. Rasmos Christian né au Danemark, étudia par exemple la grammaire islandaise du
XIXe siècle. Enfin, Jacob Grimm, prussien, de la même époque, dont nous
connaissons tous les célèbres contes à défaut de ses travaux de linguistique.
Cette
peinture murale, encore, méconnue, et pas forcément aisée à trouver, évoque une
autre vision de l’Europe, assez intéressante. Ses couleurs enfantines la rendent sympathique
et c’est une belle façon d’embellir un mur gris et vieillissant. Si vous aimez ce type d’œuvre, faîtes ce petit détour, juste à côté du musée militaire.
A
bientôt pour un nouvel hommage.
« Un mural que habla europeo »
Correo de Burgos, le 3 aout 2014 [Disponible
en ligne, consulté le 19 mai 2016]
superbe fresque, très original
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