A défaut de photos il me reste un billet... |
Après la demeure Renaissance de Salamanque allons visiter une autre habitation, à Leon, datant du XIXe siècle. La visite que je vous propose aujourd’hui attend, depuis bientôt deux ans, que j’écrive un article qui rende compte de la richesse de cette Casa-Museo, j’exposerai en fin d’article les raisons qui expliquent ce délai, ainsi que l’absence de photos dignes de ce nom. Revenons à la bâtisse du jour, une maison bourgeoise juste en face de la cathédrale dont l’intérieur n’a pas bougé depuis sa construction.
La
fin du XIXe siècle voit les premières expérimentations en matière d’éducation,
dont certaines sont aujourd’hui mises en avant comme Montessori. L’Espagne fut
aussi touchée par des courants de pensées pédagogiques, avec par exemple la Institución
Libre de Enseñanza (1876) qui prône par l’égalité entre les hommes et
les femmes, éducation et accès à tout âge à l’enseignement. Parmi les
intellectuels qui participeront à cette institution qui s’éteindra en 1936, on trouve notamment Machado, Unamuno ou même Dali. Francisco Fernández Blanco y Sierra Pambley
lance une fondation dans la lignée de cette institution en 1886, fondation qui
existe encore aujourd’hui.
Francisco
(1827-1915) perd ses parents alors qu’il n’est pas encore majeur, avec son
frère Pedro et sa sœur Victorina ils sont recueillis par leur oncle. Ce dernier,
de son prénom Segundo, un juriste, né en 1807, finit par tomber éperdument
amoureux de sa nièce de plus de vingt-ans sa cadette. Il envisage de l’épouser quand elle aura atteint sa majorité et pour cela il lance la construction d’une
demeure à la hauteur de sa passion qui offrira le meilleur en terme
de modernité à sa bien-aimée. Il choisit de faire construire des fenêtres
permettant d’aérer facilement et de faire entrer de la lumière dans toute
l’habitation. Il prévoit une véritable salle de bain avec tout le confort dont
le premier bidet d’Espagne. La fin de la construction et l’aménagement de la maison
datent de 1848, année où l’oncle fit sa proposition de mariage. Sa nièce bien
aimée refusa. Il ne voulut pas la contraindre à se marier avec lui et la laissa
épouser un homme d’Oviedo. Désespéré, il ferma définitivement la maison, la
laissant figée dans le temps. Pedro, puis Francisco hériteront tour à tour de
cet étrange sanctuaire. A son décès le dernier frère lègue les lieux à la
Fondation qu’il a créée, nous sommes en 1915. La guerre civile provoque la
saisie de tous les biens de la famille Sierra-Pampley, républicaine. La maison
est donc encore inutilisée pendant près de quarante nouvelles années.
Quand la
fondation retrouve ses libertés et son autonomie en 1977, la question du
devenir des lieux est soulevée, l’idée d’un musée sur le mode de vie de la
bourgeoisie est évoquée. En 2000 on décide enfin de restaurer la maison. Les
adaptations nécessaires pour transformer la maison en musée sont réalisées avec
soin pour ne pas la dénaturer, comment installer des portes coupe-feu,
des alarmes anti-incendie, les extincteurs, des caméras de surveillance ?
Mais pour l’aspect conservation il faut aussi mettre au point le contrôle de la
température (environ 18°), de l’humidité, de la luminosité ? Le mobilier,
les ustensiles, tous passent par les mains des spécialistes de la restauration. La
casa-museo est inaugurée en 2006. Le musée se divise en trois parties que l’on parcourt
pendant la visite guidée, possible en français : Le premier étage qui était le lieu des réceptions (salon, salle à manger…), le deuxième étage où vit la
famille, avec les chambres. La dernière partie revient sur l’œuvre de la
fondation entre 1887 et 1936 dans la région de Leon et Zamora.
C’est une belle
visite, qui vaut vraiment le coup, c’est impressionnant de visiter cette belle
demeure, très en avance sur son temps. C’est merveilleux de parcourir les
moquettes d’époque, d’admirer les tapisseries peintes à la main. Et pourtant j’en ai
gardé un souvenir mitigé. Nous n’étions que quatre, la visite
aurait dû être agréable. Notre guide
nous a fait faire une visite hyper cadrée, avec peu de temps pour admirer, je ne
vais pas dire que nous allions au pas de course, mais j’aurais aimé avoir le
temps d’apprécier les détails des décorations. Il n’y avait pas d’affichettes
interdisant les photos, j’en ai donc fait deux-trois, sans flash, avant un
très sec « Ah non pas de photos ! ». Je me plie aux interdictions
quand elles sont explicites et justifiées, je n’aime pas m’attirer des ennuis.
Mais je n’aime pas me faire reprendre sans avoir été informé auparavant. A la
fin de la visite j’ai osé demander pourquoi cette interdiction. J’attendais des
arguments sur la conservation des lieux, mais non « pas de photos, avec les
visites guidées ! ». J’ai tenté d’expliquer que les photos étaient un
très bon moyen de faire connaître un monument puisque les touristes les diffusent
sur internet et font ainsi découvrir les lieux à d’autres voyageurs. Je le sais
bien, les photos sont une des principales entrées sur mon blog, et il suffit de
voir le poids d’Instagram ou Pinterest dans le tourisme. La guide a répondu qu’il
suffisait d’aller sur internet et de taper le nom du musée pour avoir les
images, ce à quoi j’ai répondu qu’il fallait déjà connaître le monument pour
faire des recherches dessus. Bon je n’ai pas poursuivi le débat. Mais je suis
allée chercher sur internet, effectivement les seules photos disponibles, des intérieurs,
sont celle fournies par le musée lui-même. Cette attraction touristique, particulièrement
bien située, risque de rester méconnue puisque même sur place elle est peu mise
en avant. En tout cas ne la ratez pas si vous vous rendez dans la ville.
A bientôt pour
une autre visite, illustrée cette fois ci.
GALLO S, « La casa de Sierra
Pambley, un ejemplo de la modernidad del siglo XIX », El Mundo, le 26
juillet 2011 [Disponible
en ligne, consulté le 9 mai 2015]
SANS Marta « Victorina dijo
no » El Pais, le 11 janvier 2014, [Disponible
en ligne, consulté le 9 mai 2015]
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire