Après
une statue relativement discrète à Salamanque, je vous emmène en voir une qui au
contraire est placée de façon à ne pas échapper aux regards. Rendez-vous sur place,
devant l’Alcazar de Segovia. Là se dresse le Monumento a los Héroes del 2 de
Mayo. Je ne vais pas vous faire un article complet sur la Guerre d’indépendance
dans la région. Mais je vous donnerai quelques repères historiques pour
comprendre ce monument étonnant.
Napoléon
occupe l’Espagne, il y est entré car les Portugais refusaient de mettre à mal
leur relation commerciale avec les anglais, que l’empereur français entend
pourtant bien contrarier à l’aide d’un blocus continental. Une partie de ses
troupes stationne à Madrid sous les ordres du célèbre Murat. Nous sommes en
1808 au début d’une guerre qui va durer six ans. Ce deux mai 1808, les
madrilènes ne l’entendent pas de cette oreille et se révoltent. Cette rébellion
est écrasée dans le sang par les français, c’est le fameux tableau, intitulé Tres de Mayo, de Goya.
Mais
dans ce cas que vient faire Ségovie dans cette affaire qui se déroule à la
capitale ? Parmi les révoltés, un jeune homme de 28 ans, militaire de carrière
originaire de Cantabrie, apporte son savoir-faire contre les français, Pedro
Velarde, ancien cadet de l’école militaire de Ségovie. A ses cotés un autre
soldat, un quarantenaire sévillan, Luis Daoíz, passé lui aussi par l’établissement
de Ségovie, rejoint les révoltés. Tous deux meurent dans cette révolte, leurs
corps furent plusieurs fois transférés, notamment à San Isidoro de Leon. Ils reposent aujourd’hui à Madrid. C’est donc
à ces deux hommes, prioritairement, à ses élèves, que Ségovie voulait rendre
hommage.
Dès
1812 on souhaite mettre en avant les deux héros de la rébellion. Mais de là à
construire un monument, il va falloir attendre un petit moment. Il fut finalement
érigé en 1910. Le travail a été confié à un spécialiste du genre Aniceto
Marinas, puisqu’on lui doit aussi celui de Madrid sur le même thème. Il revient
là dans sa ville d’origine à laquelle, au terme de sa carrière, il aura fourni
plusieurs monuments. L’hommage tant attendu, presque 100 ans après le décret
qui l’exigeait, est célébré en grande pompe devant le roi d’Espagne et une
ribambelle de personnalités. On trouve dans les personnages de bronze toute la tragédie
que le sculpteur a pu faire transparaître. Observez ce héros dont le corps s’arque quand on lui porte le
coup de grâce, ou ces hommes qui s’arc-boutent pour pousser un canon. Tous les
ans, aujourd’hui encore, une cérémonie célèbre les deux militaires chaque deux
mai.
La
ville, comme toutes les autres, s’enorgueillit de ses héros, même si finalement
ils sont de façon très lointaine rattachés à sa terre, après tout, les deux
hommes en question n’ont fait que quelques années d’étude à Ségovie. Ce
monument écrasé par l’attrait de l’alcazar, rappelle pourtant la tradition militaire
de la ville.
A
bientôt pour une autre découverte
Quelques
sources :
BLANCO ELIPA C. « La Academia
de Artillería elogia a los héroes del Dos de Mayo » elnortedecastilla.es, 2 mai 2016
VILLATORO M. « Daoíz y Velarde, los héroes que murieron el 2
de mayo luchando por España » abc.es,
1 mars 2013
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