Je vous propose de commencer l’année à
Salamanca avec la découverte d’une statue. Nous allons rencontrer Elio Antonio
de Nebrija. Nous nous éloignons un peu des rues que je vous emmène visiter
d’habitude. Homme de lettres, Elio Antonio de Nebrija veille aujourd’hui sur la
place Fray Luis de Leon, près de l’actuelle Université des Sciences. Si vous
avez suivi vos études en France, quand on vous dit humanisme, vous pensez en
général Erasme, peut-être Rabelais, mais rarement des noms espagnols vous
viennent à l’esprit. Nous allons en rencontrer un aujourd’hui.
Le futur humaniste, Elio Antonio, a vu
le jour, en 1444, dans la petite ville de Lebrija, à un peu moins de soixante
kilomètres de Cadix. Nous sommes donc bien loin de Salamanca. C’est son
parcours universitaire qui amène le latiniste d’exception dans la belle ville
castillane ; étudiant et, plus tard, professeur dans les murs de cette
institution prestigieuse. Entre son passage en tant qu’élève à l’université et
son retour dans la ville, il découvre aussi l’Europe intellectuelle de son
époque, en pleine ébullition. Il passera, comme beaucoup d’illustres
personnages, par l’Université de Bologne.
Il s’illustra dans sa proximité avec les
Rois Catholiques, puisqu’il fut historien royal. Mais plus encore, c’est en
tant que linguiste, qu’il marqua l’histoire avec les livres qu’il nous laissa.
On lui doit notamment une très importante grammaire. Cette dernière est la
première établie à propos de l’espagnol moderne. Elle est publiée l’année où l’Espagne
découvre l’Amérique, 1492. Quelques années plus tard, Antonio publie aussi un
dictionnaire, premier du genre dans le royaume. Pas étonnant donc que la statue
mette en scène l’écrivain en appui contre une bibliothèque. Le brillant intellectuel décède en 1522, à l’âge
respectable de 78 ans.
Cinq-cents ans après la sortie dans son
œuvre principale, on réfléchit à lui rendre hommage. Le budget doit être validé
pour la statue, finalement le conseil municipal, l’Université de Salamanque et
l’Université pontificale ont donné de leurs deniers. La question épineuse ne
vient pas tant des fonds mais de l’emplacement de la statue puisqu’il est
décidé de l’installer porte de Zamora. En un mot on installe la statue sur un
rond-point, ce qui ne plait pas à tout le monde. Réalisé par Pablo Serrano, le
monument a été inauguré le 8 juillet 1983. Je ne sais pas quand la statue a
changé d’emplacement pour ce lieu calme où elle s’expose aujourd’hui. Si le
style n’est pas de celui qui me plait le plus, je suis assez contente de
découvrir ces statues qui rappellent combien la ville fut un point de passage
pour les grands intellectuels espagnols à travers les siècles.
La plupart des touristes ne découvriront
pas cette statue proche du centre historique mais loin des circuits traditionnels
de circulation dans la ville. On pourrait regretter cette mise en valeur très
limitée. Si vos pas vous y portent, vous aurez le plaisir, de mettre un visage,
imaginaire, sur le nom d’un grand homme. Si vous êtes joueur, rendez vous Plaza Mayor pour retrouver le médaillon qui le représente.
Bonne promenade dans la ville de pierre.
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