mardi 15 janvier 2019

Un hommage oublié au grand humaniste Elio Antonio de Nebrija ?



Je vous propose de commencer l’année à Salamanca avec la découverte d’une statue. Nous allons rencontrer Elio Antonio de Nebrija. Nous nous éloignons un peu des rues que je vous emmène visiter d’habitude. Homme de lettres, Elio Antonio de Nebrija veille aujourd’hui sur la place Fray Luis de Leon, près de l’actuelle Université des Sciences. Si vous avez suivi vos études en France, quand on vous dit humanisme, vous pensez en général Erasme, peut-être Rabelais, mais rarement des noms espagnols vous viennent à l’esprit. Nous allons en rencontrer un aujourd’hui.


Le futur humaniste, Elio Antonio, a vu le jour, en 1444, dans la petite ville de Lebrija, à un peu moins de soixante kilomètres de Cadix. Nous sommes donc bien loin de Salamanca. C’est son parcours universitaire qui amène le latiniste d’exception dans la belle ville castillane ; étudiant et, plus tard, professeur dans les murs de cette institution prestigieuse. Entre son passage en tant qu’élève à l’université et son retour dans la ville, il découvre aussi l’Europe intellectuelle de son époque, en pleine ébullition. Il passera, comme beaucoup d’illustres personnages, par l’Université de Bologne.  
Il s’illustra dans sa proximité avec les Rois Catholiques, puisqu’il fut historien royal. Mais plus encore, c’est en tant que linguiste, qu’il marqua l’histoire avec les livres qu’il nous laissa. On lui doit notamment une très importante grammaire. Cette dernière est la première établie à propos de l’espagnol moderne. Elle est publiée l’année où l’Espagne découvre l’Amérique, 1492. Quelques années plus tard, Antonio publie aussi un dictionnaire, premier du genre dans le royaume. Pas étonnant donc que la statue mette en scène l’écrivain en appui contre une bibliothèque.  Le brillant intellectuel décède en 1522, à l’âge respectable de 78 ans.  


Cinq-cents ans après la sortie dans son œuvre principale, on réfléchit à lui rendre hommage. Le budget doit être validé pour la statue, finalement le conseil municipal, l’Université de Salamanque et l’Université pontificale ont donné de leurs deniers. La question épineuse ne vient pas tant des fonds mais de l’emplacement de la statue puisqu’il est décidé de l’installer porte de Zamora. En un mot on installe la statue sur un rond-point, ce qui ne plait pas à tout le monde. Réalisé par Pablo Serrano, le monument a été inauguré le 8 juillet 1983. Je ne sais pas quand la statue a changé d’emplacement pour ce lieu calme où elle s’expose aujourd’hui. Si le style n’est pas de celui qui me plait le plus, je suis assez contente de découvrir ces statues qui rappellent combien la ville fut un point de passage pour les grands intellectuels espagnols à travers les siècles.  


La plupart des touristes ne découvriront pas cette statue proche du centre historique mais loin des circuits traditionnels de circulation dans la ville. On pourrait regretter cette mise en valeur très limitée. Si vos pas vous y portent, vous aurez le plaisir, de mettre un visage, imaginaire, sur le nom d’un grand homme. Si vous êtes joueur, rendez vous Plaza Mayor pour retrouver le médaillon qui le représente.  
Bonne promenade dans la ville de pierre.     

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