Ça commence mal, je ne sais pas trop à quelle époque remonter pour débuter ce récit et vous conter les premiers pas de ce palais-tour. En effet, les historiens n’arrivent pas à se mettre d’accord, non pas sur une date précise, mais sur le siècle. Ce n’est pas moi qui vais trancher aujourd’hui, certains remontent son existence au plus tôt au XIVe siècle, les plus tardifs au XVIe siècle. La fondation qui gère actuellement les lieux offre une page très complète avec les différents arguments pour telle ou telle époque, je vous invite à la visiter. L’histoire du palais et surtout de l’enchaînement de ses propriétaires est mieux connue à partir du XVIe siècle. C’est à ce moment que s’exprime aussi la plus grande réforme architecturale du bâtiment, chaque maître des lieux laissant sa marque. Le palais-forteresse, dont la tour est le souvenir le plus visible, s’ouvre à d’autres fonctions. Les propriétaires qui s’y installent, appartiennent au cercle restreint qui sert le roi, secrétaires ou cardinaux par exemple. La propriété s’étend et on construit ou on aménage de nouveaux espaces, un patio par exemple. Contrairement à certains palais déjà présentés sur le blog, il ne cesse de changer de mains et de familles. Ce n’est qu’en 1706 que la bâtisse tombe dans l’escarcelle des marquis de Lozoya, dont elle a conservé le nom. C’est un titre alors très récent puisqu’il n’a été créé par Charles II qu’en 1686. Le palais restera dans la famille jusqu’à la fin du XIXe siècle avant que des dispositions testamentaires ne l’écartent du patrimoine lié au titre né deux-cents ans plutôt. C’est finalement en 1910 que le lieu cesse d’être une demeure privée.
En 1919, el torreon Lozoya est transformé en internat par les frères maristes qui depuis un an se sont implantés en ville. S’ils ont en premier lieu proposé des écoles populaires et gratuites, la location de l’ancienne demeure Lozoya couvre une autre partie de l’activité de la congrégation. Ici une école payante va s’installer dans ces murs durant dix ans. Plus tard, les lieux deviendront collège militaire. On trouve assez peu d'informations sur cette époque, aussi bien lors de la visite que sur internet.
C’est
dans les années 1960 que la tour croise le chemin de la Caja de Ahorros et du Mont-de-Piété de la ville. Sur cette institution de Ségovie, il me faudrait faire un
article complet. Cette caisse d’épargne existe depuis 1876 et s’engage alors
dans de nombreux domaines caritatifs. Une partie du musée aujourd’hui installé dans les murs de la demeure Lozoya vous raconte cette histoire illustrée par de
nombreux objets gardés par les coffres du Mont de Piété. Ne brûlons pas les étapes,
revenons en 1968 quand le projet de restauration des lieux est confié à
l’architecte Joaquín Vaquero Palacios. Natif d’Oviedo, il a alors soixante-huit
ans et a beaucoup œuvré dans le nord de l’Espagne. J’ai eu l’occasion de
visiter certaines de ses réalisations comme son marché de Saint Jacques de
Compostelle. L’objectif de la Caja de
Ahorros est d’avoir un bâtiment dans le centre-ville pour de futures activités
sociales et culturelles. Cela pourtant, au début des années 1970, est encore un
projet balbutiant, l’objectif premier qui est affiché est de sauver la bâtisse.
Rapidement les lieux vont être utilisés pour des expositions culturelles temporaires, soit prêtées pas les ministères, soit conçues directement sur place. Il faut attendre 1974 pour que de grands espaces puissent accueillir des rendez-vous plus ambitieux avec différentes institutions comme la Casa Velasquez ou, plus tard, le musée de la Reina Sofia. Dans les années 1990, des cycles voués à la musique prennent place avec des concerts dans le patio pour mettre à l’honneur un grand panel de culture au fil des années.
Des pièce très variées comme ce buste de l'infante Isabelle |
Détail de la miniature du monument au 2 de Mayo, aujourd'hui visible devant l'Alcazar. |
En 2012, l’entité en charge de la gestion du centre d’exposition change. La banque d’origine ayant fermé ses portes, il faut trouver une solution. La fondation est créée mais ce n’est qu’en 2022 qu’elle perdra son nom de Caja de Segovia pour prendre le nom de Fondation del Torreon Lozoya que nous lui connaissons actuellement. Avant d’en arriver là, il a fallu un long processus car les liens avec l’histoire de la banque avaient laissé quelques problèmes. Ainsi le bâtiment ayant été hypothéqué, il fallait remettre au clair une situation qui ne pouvait être que source de polémiques et de controverses. Durant cinq ans, la jeune fondation est restée pieds et poings liés par ce prêt bancaire. En 2017, un accord est finalement trouvé, même si celui-ci sera contesté par certains.
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Une belle salle vous attend en haut, un vrai mirador sur la ville. |
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Les caves ne sont pas non plus à oublier, ici d'autres salles vous attendent |
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