mercredi 15 novembre 2023

« Mímesis, seres y lugares », une fresque à l'avenir contesté ?

 


            Après avoir levé les yeux vers la tour Lozoya de Ségovie, nous allons garder la tête en l’air pour admirer une immense œuvre dans une ville chère à mon cœur. Il n’y a pas un voyage en Espagne où je ne fais pas halte à Burgos. Je m’y promène toujours, mon plaisir étant de découvrir des détails, des petites pépites. Ce que je vous propose aujourd’hui n’est pas vraiment un détail, mais étant dans le périmètre de la cathédrale, on n’y fait pas vraiment attention. Il faut, en plus, monter derrière le monstre architectural loin de l’entrée touristique, dans la rue Fernán González. Vous vous trouverez alors face à une grande fresque qui dialogue avec l’immense monument gothique voisin. 

            En 2021, Burgos devait célébrer deux grands événements, d’une part l’année jacquaire, d’autre part les 800 ans de la cathédrale. De nombreux projets furent alors menés : expositions, conférences et œuvres. Certaines actions sont devenus pérennes, la fresque « Mímesis, seres y lugares »  que je vous présente ici est de celles-là, enfin peut-être. Les deux artistes conviés, un duo français connu sous le nom de « Monkey Bird », puise dans son imaginaire avec un bestiaire qui se marie très bien avec l’esprit vitrail et pochoir qui habite son travail. L’inauguration a lieu en juin 2021, je l’ai découvert l’été 2022 lors de mon retour dans la ville.



            Des fresques, Burgos en compte déjà plusieurs, je vous en avais présenté une non loin du centre mettant en avant l’Europe linguistique. Le problème de ces œuvres est leur pérennisation et leur entretien. Mímesis rencontre un souci de taille. Les archives municipales voisines doivent s’agrandir, or cela implique, dans les premiers plans, de supprimer l’œuvre signée Monkey Bird. Ceci donne lieu à des tensions politiques au sein de la municipalité. On a même parlé de déplacer la fresque. Une chose est certaine, la peinture qui dialogue avec le plus grand monument de Burgos s’est rapidement installée comme une petite attraction touristique. Il faudra donc attendre pour connaître son avenir.



            Je trouve très intéressant l’emplacement choisi pour cette fresque. Depuis plus de dix ans que passe dans la ville de Burgos, je trouve que, touristiquement, le secteur a beaucoup changé. Le musée des retables a pris de l’ampleur et, avec l’église San Gil, il a rejoint le billet combiné de la cathédrale. Depuis vingt ans, le Centro de Arte Caja de Burgos, dédié à l’art contemporain n’a pas cessé de proposer de nouvelles expositions ouvrant l’offre du quartier sur d’autres perspectives que le seul art religieux. Les touristes doivent donc affronter les marches, en passant devant San Nicolas du Bari qui vaut aussi la visite, et sont amenés à passer tout près de la fresque. Elle s’inscrit donc parfaitement dans un secteur qui s’est métamorphosé cette dernière décennie, pour les touristes du moins.

            Je ne le dis jamais assez, à Burgos marchez encore et encore, c’est une ville idéale pour la promenade et qui ne peut mieux conquérir votre cœur qu’en se dévoilant ainsi. Perdez-vous dans ces rues, allez d’un endroit à l’autre en levant les yeux, rencontrez ses statues, nombreuses, et ses fresques qui se multiplient. Les choix des emplacements nous en disent long sur la politique touristique de la ville et redessinent la géographie qui s’imprime chez le voyageur.

            Bonne visite à vous.

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