Escapade en Castilla y León: Retour au… Monasterio de Santa Clara à Salamanca.

L'église baroque est désormais ouverte au public.

Depuis le temps que je parcours la région, il y des lieux que j’ai visités à plusieurs reprises. J’ai abandonné, par exemple, de recenser le nombre de fois où j’ai pris mon entrée à la cathédrale de Burgos. Il y par contre des monuments que j’ai explorés durant mes premiers séjours et qui, parfois une décennie plus tard ont changé de visage. C’est le cas du couvent Santa Clara à Salamanca où je suis rentrée la première fois en 2014 et que j’ai revisité cette année, soit 11 ans plus tard. Il s’en est passé des choses dans le convent et l’accueil des visiteurs a été entièrement revu. Pour découvrir l’histoire du couvent c’est en suivant ce lien vers l’ancien article, et pour connaître la dernière restauration restez ici pour le premier article de la rubrique « Retour à… »

Aujourd'hui on accède facilement à l'église
depuis le chœur

Une chose impossible en 2014 où les lieux étaient réservés
aux religieuses.

Les détails magnifiques de l'église baroque se laissent désormais
approcher par les touristes.

Vous pouvez toujours accéder à l'ancien plafond de
l'église qui précédait la construction baroque.

En 2018, les visiteurs étaient moins de 5000 par an alors que le monastère offrait une visite complète avec ses précieuses peintures médiévales mises en valeur dans les années 1980. La restauration avait alors reçu le prix Europa Nostra. Pourtant, après des décennies, le musée excentré peinait à se faire connaître alors qu’à 300 mètres de là, San Esteban recevait huit fois plus de visiteurs. Santa Clara ne bénéficiait pas du succès des autres monuments, il faut dire que l’offre touristique est pléthorique et dominée par quelques mastodontes.

En 2014, le cloître était presque trop propre mais témoignait
de l'occupation des lieux par la communauté

Le cloitre en 2025 est laissé à l'abandon.

En 2019, le couvent cesse d’être un bâtiment occupé par les religieuses, les communautés suscitant de moins en moins de vocations. Les quatre dernières clarisses occupantes, dont deux allant fêter leur siècle, quittent les murs du monastère. Après 800 ans d’activité, Santa Clara perd sa vocation première. L’immense emprise au sol du convent aiguise les appétits. Trois projets devraient finalement cohabiter, le musée, une partie résidentielle et un hôtel. La gestion de la partie muséale est confiée à une fondation que nous avons souvent croisée sur le blog : Fundación Las Edades del Hombre. De gros travaux vont alors être menés pour repenser tout le parcours touristique et mettre la peinture médiévale au centre de cette promenade. Si la pièce maîtresse reste la visite du chœur et ses exceptionnelles fresques murales, l’église est désormais pimpante et l’accès au belvédère offre un nouveau point de vue sur Salamanque. Les lieux rouvrent en juillet 2020 malgré les aléas de la crise COVID. En parallèle la fondation crée aussi un centre de documentation, d’étude et de recherche dans une partie du monastère. Le partie ethnographique a par contre totalement disparu et, à mon grand regret, le musée des crèches. La politique culturelle est actuellement de redonner une certaine unité aux collections présentées.

La salle d'exposition principale est désormais un véritable musée...

... qui met en avant un grand nombre de pièces d'art religieux

En 2024, Las Edades del Hombre cesse la gestion du musée qui est reprise par la Fédération de Santa Clara. Désormais nous avons un musée moderne doté d’un audio-guide pour séduire une clientèle internationale et une accessibilité facilitée avec pentes et ascenseur. Le projet d’hôtel est quant à lui toujours en cours mais n’a reçu le feu vert de transformation de l’usage des lieux qu’en février 2025.

2025 à gauche et 2014 à droite, en plus du ciel bleu la façade a gagné une rampe d'accès.

Si Santa Clara a donc fermé très peu de temps coté touristes, cette évolution en hôtel dans un futur proche, raconte aussi un visage du patrimoine qui change depuis une décennie. Les communautés religieuses voient leurs effectifs diminuer et vieillir. Le coût d’entretien des bâtiments s’ajoute à ce tableau qui amène à la fermeture progressive des quelques couvents encore en activité. Un chiffre, entre 2001 et 2019, la Castilla y León a vu une trentaine de couvents encore en activité fermer leur portes. La reconversion touristique est souvent choisie, reste à savoir si elle sera durable et efficace pour assurer la survie de ces murs sans les dénaturer.

Bonne promenade à Salamanca et je vous retrouve bientôt pour un nouvel article