Continuons aujourd’hui notre
chemin à la rencontre des statues et restons dans le domaine littéraire, après le personnage du Cid, qui évoque avant tout, pour nous français, une pièce de
théâtre, rencontre avec un poète. L’année passée nous avions croisé Ledesma, à
Salamanque, aujourd’hui Antonio Machado à Soria. C’est un peu plus
complexe que ça puisque la statue ne nous représente pas une, mais deux personnes
et pour la découvrir en entier il vous faudra vous promener dans la ville
puisque les deux parties, complémentaires, ne sont pas au même endroit… Je vais
vous expliquer tout ça, car c’est un peu étonnant et c’est finalement une
excellente idée.
Le
poète Machado, amoureux de Soria, était un homme de son temps et nous a laissé
une photo très classique de son couple avec sa chère Leonor. On y voit Antonio
assis sur une chaise, derrière lui, debout, se tient sa jeune épouse. Le
sévillan, l'a rencontrée ici, à Soria, ils avaient presque vingt ans d’écart. La mort
de Leonor en 1912, quatre années seulement après leur mariage, le pousse à
quitter la ville où elle est enterrée, elle avait dix-neuf ans. Mais revenons
en à leur photo, celle d’un couple de la Belle Epoque, figé dans leur beaux
habits. Le sculpteur, Ricardo Gonzalez, en a tiré deux sculptures en 2010.
L’une représente Leonor debout, derrière une chaise vide, où le passant peut
s’asseoir, vous la trouverez près de l’église où ils se sont mariés, Plaza Mayor. L’autre met en scène Machado assis dans cette fameuse chaise, des empreintes au sol permettent de reprendre la place de Leonor, vous trouverez ce bronze devant l’institut qui porte son nom, à deux pas de l’église Santo Domingo. Ces cinq minutes à pied qui les séparent sont un bon moyen de surprendre le visiteur, de le pousser à se promener dans la ville.
s’asseoir, vous la trouverez près de l’église où ils se sont mariés, Plaza Mayor. L’autre met en scène Machado assis dans cette fameuse chaise, des empreintes au sol permettent de reprendre la place de Leonor, vous trouverez ce bronze devant l’institut qui porte son nom, à deux pas de l’église Santo Domingo. Ces cinq minutes à pied qui les séparent sont un bon moyen de surprendre le visiteur, de le pousser à se promener dans la ville.
Si,
évidemment, la ville veut rendre hommage au poète qui n’a pas été avare de
poèmes sur cette douce cité, il y un autre but qui la motive. 46 000 €, la
mairie doit bien avoir ses raisons pour délivrer cette somme, prix des deux statues. La ville sait que
les touristes associent son nom à celui de Machado, les guides sont là pour ça,
alors autant tirer sur le filon et proposer du Machado sous toutes ses formes. Pourquoi
pas des statues puisqu’elles nous apprennent les grandes lignes de sa vie de façon
originale. Il faut dire que les arts aiment évoquer la vie de ce grand
républicain, qui repose dans un cimetière français à coté de sa mère. Sa mort à
Collioure en 1939, est souvent évoquée par les artistes comme Ferrat dans sa
chanson Les poètes (adaptation d’un
texte d’Aragon), ou bien Semprùn qui lui consacre un passage dans son ouvrage Adieu, vive clarté…
J’ai bien aimé
cette manière originale de réinventer l’art de la sculpture dans la ville. Une
promenade peu ordinaire dans l’univers d’un poète intimement lié à la ville de
son grand amour.
Extrait du poème : Machado, un chemin de vie…
RépondreSupprimerSoria, ville sœur, terre des hautes plaines,
Terre de mon amour, terre de Léonor,
Visage du bonheur, ma joie et mon trésor ;
Soria, ville sœur, terre des hautes plaines…