Originaire
de Santander, capitale de la Cantabrie, le petit Gerardo, né en 1896, fit ses premières compositions poétiques, à l’état d’ébauche, en 1910. Déjà intéressé
par le patrimoine littéraire, il s’inspire alors du personnage créé par
Cervantès, Don Quichotte. En 1912, le jeune bachelier prend le chemin de
l’université de Bilbao pour entamer des études de Lettres et Philosophie. Son cursus se
tissera entre sa faculté d’origine et Madrid. C’est durant cette
période qu’il se lie d’amitié avec d’autres futurs grands noms de la
littérature espagnole et qu’il remporte ses premiers prix littéraires.
Jusqu’ici peu
de rapport avec la région de Soria. Mais, de même que Machado, il vient dans la
ville prendre possession de la chaire de langue et littérature, en 1920. Il
s’investit beaucoup dans la vie culturelle, s’installe dans le tissu social de
sa ville. Il est amateur de musique, fasciné par toutes les innovations
artistiques de son époque, jeune homme il a été ébloui par une représentation
des Ballets Russe, en 1917 à Madrid. On ne s’étonne donc pas, que durant son
voyage dans la capitale française, en 1922, il rencontre de nombreux artistes à la recherche de nouvelles formes
d’expression, comme les cubistes. Après deux ans dans la petite ville de
Castille, il repart à Gijon. L’année suivante, il publie un recueil de poésies portant sur Soria.
Il fait de nombreuses recherches littéraires, enseigne, excelle aussi en musique.
En tant que poète lui-même, il appartient à la génération 1927, puisque la
classification en littérature espagnole est ainsi faîte par année, nous l’avions
déjà vu avec d’autres auteurs. Il aime aussi lier,
dans ses études, la peinture, tout en continuant à s’intéresser à la musique,
il sera critique musical pour une revue en 1934. Il rencontre, en 1924,
Unamuno, exilé en France, comme nous l’avions vu lorsque je vous avais emmené
visiter sa maison à Salamanque. Courant 1928, il traverse l’Atlantique pour
découvrir l’Amérique du Sud pendant presque cinq mois. En 1931 il prend un
poste à Santander, sa ville natale mais donne aussi des cours à Madrid. Trois
ans plus tard il visite les Philippines, dont le lien avec la péninsule est
encore très fort, comme le démontre l’existence du monastère des philippins à
Valladolid.
Gerardo
revient en Espagne, le premier de ses six enfants, Elena, naît à Madrid, en
1935. La guerre civile éclate alors qu’il est en France, il se réfugie à
Toulouse. Il revient à Santander l’année suivante, en 1937. Il change une dernière fois
de poste en 1939, pour s’installer à Madrid. Un malheur frappe le poète puisque
sa ville natale est détruite par un incendie en 1941, la maison familiale
disparaît. Durant les années cinquante et soixante il voyage encore à l’étranger,
en Italie, en Allemagne et en Amérique du sud à nouveau à plusieurs reprises.
Il enchaîne les conférences dans des lieux prestigieux, comme à la Sorbonne en
1962. Il prend sa retraite quatre ans plus tard, mais continue à travailler sur
des recueils, des poètes comme Lorca ou Lope de Vega. En 1979 il reçoit le prix
Cervantes. Il s’éteint à 89 ans, à Madrid en 1987.
Sans
être un auteur aussi majeur que Machdo ou Unamuno, il reste quand même un poète
connu. Ses écrits sont régulièrement republiés, notamment sous la direction de sa
fille, Elena. Celle-ci a marché dans les pas de son père, étudiant par exemple
la littérature française, elle est l’auteure d’une traduction, en
castillan, d’oeuvres de Voltaire. En 2010 la ville de Soria commande une statue, au
sculpteur Ricardo Gonzalez, pour près de 30 000€. L’artiste a déjà
réalisé les deux statues des Machado. Deux spectateurs un peu particuliers
assistent à l’inauguration, en avril 2011, les enfants du poète. Certes
dans la longue vie de Gerardo Diego, Soria n’est qu’un passage, mais un moment
qui l’inscrit dans la lignée des grands poètes comme Machado. Et puis il a quand même consacré, comme dit plus haut, un ouvrage entier à la cité. Procédé
amusant, le sculpteur reprend ce qu’il avait déjà proposé avec le couple Machado,
prendre place dans l’œuvre, le temps d’une photo, en s’installant dans la chaise
vide en face du poète.
A Soria en plein été veste et jean peuvent s'imposer |
Si
vous avez croisé cette statue vous n’avez peut-être pas saisi qui était ce
personnage, j’espère que je vous aurais éclairer. Une halte intéressante pour
faire connaissance avec un homme qui s’est montré particulièrement curieux pour
tous les arts qui l’entouraient. Rendez-vous avec un de ses maîtres dans le
prochain article à Ségovie.
Bonne
promenade dans la ville des poètes
Un tour sur le site de sa fondation
s’impose si vous souhaitez en savoir plus.
DIEGO Gerardo, Gerardo Diego para niños, Ediciones de la Torre, 1996
DIEZ DE RAVENGA Javier, Los poetas del 27, clásicos y modernos, Ediciones
Tres Fronteras, 2009
MARTIN Javier, « El
Ayuntamiento adjudica a dedo una escultura de Gerardo Diego por 30.000 euros »
Diario de Soria, le 12 octobre 2010 [Disponible
en ligne, consulté le 3 décembre 2015]
« Una escultura de Gerardo
Diego preside la entrada al casino Numancia en Soria » ABC, 26 avril 2011 [Disponible en
ligne, consulté le 30 novembre 2015]
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