Les murailles d’Avila sont, je pense, les plus connues de Castille, Zamora ou Ségovie se défendent aussi très bien sur ce terrain. On le sait moins, mais Salamanque fut aussi une ville fortifiée jusqu’à l’époque contemporaine. C’est cette ville guerrière qu’on oublie trop souvent, la facette estudiantine ayant désormais pris le dessus. Qui se souvient qu’ici le grand Hannibal dut assiéger les habitants pour prendre la ville ? L’histoire militaire de Salamanque est relativement ignorée et pourtant, si cette ville eut des murailles, ce n’était pas seulement pour se prémunir des bandits et s’isoler du monde.
(Note : toutes les photos ont été prises entre 2013 et 2015)
Il
faut en réalité distinguer deux murailles, l’ancienne et la nouvelle, cette
dernière est celle dont les restes sont les plus visibles aujourd’hui. La
première entourait un espace relativement réduit d’environ vingt-quatre
hectares. La deuxième quant à elle délimite une zone de cent-dix hectares une
fois terminée. Je ne vais pas vraiment détailler l’historique de la première
muraille, en particulier ses origines, car les spécialistes eux mêmes sont loin d’être
tous d’accord.
Les travaux de
la nouvelle enceinte commencent au XIIIe siècle. Son tracé est revu au XVIe
pour inclure les nouvelles constructions, à l’aube d’une période faste pour la
ville. On sait qu’à son apogée la ville compta treize portes au total. Deux
premières portes seront closes en 1750. La guerre d’indépendance contre les
Français (1806-1808) est l’occasion de nouveaux travaux pour maintenir la
muraille dans un état convenable. Mais les troupes françaises auront tôt fait
de détruire quelques tronçons de l’ouvrage militaire une fois installées dans
la ville.
Entretenir des murailles, cela coûte cher, les mairies du XIXe siècle sont de plus en plus
réticentes à conserver ces ouvrages militaires dépassés. Bien sûr l’agitation
politique des années 1830 laisse entrevoir un espoir pour la muraille, sait-on
jamais en cas de guerre civile ? Mais les habitants se sentent contraints
par ces remparts qui entravent leurs déplacements, les onze portes de l’époque
leur semblent insuffisantes. Cela permet un contrôle pour l’état, qui ferait bien
murer encore quelques portes car la contrebande reste difficile à endiguer,
entre 1814 et 1827 trois portes supplémentaires sont fermées.
La détérioration de la muraille progresse, ce qui permet à ses détracteurs d’appuyer encore sur son inutilité. On autorise des destructions partielles, qui tombent à pic pour certaines personnes, qui sont largement dédommagées si leur maison est accolée. 1867, c’est le coup de grâce, la municipalité autorise la destruction des remparts. Pour comprendre où se situait la muraille, ce n’est pas bien compliqué. Prenez la zone piétonne, elle correspond à peu de chose prêt à l’intérieur de la muraille dont le tracé est suivi par les premiers boulevards. De même certaines constructions célèbres furent tout simplement édifiées sur l’ancienne muraille, comme la Casa-Lis.
La détérioration de la muraille progresse, ce qui permet à ses détracteurs d’appuyer encore sur son inutilité. On autorise des destructions partielles, qui tombent à pic pour certaines personnes, qui sont largement dédommagées si leur maison est accolée. 1867, c’est le coup de grâce, la municipalité autorise la destruction des remparts. Pour comprendre où se situait la muraille, ce n’est pas bien compliqué. Prenez la zone piétonne, elle correspond à peu de chose prêt à l’intérieur de la muraille dont le tracé est suivi par les premiers boulevards. De même certaines constructions célèbres furent tout simplement édifiées sur l’ancienne muraille, comme la Casa-Lis.
Un effondrement
en 2000 alerta les autorités sur l’état des ruines dans certaines zones de la
ville, et en 2002 quelques mesures de reconstruction furent prises. Aujourd’hui
des projets de restauration et d’un centre d’interprétation sont en cours
depuis 2012, un investissement qui fait grincer des dents certaines personnes. Affaire
à suivre donc. Alors certes on n’ira pas à Salamanque pour sa muraille, mais on
peut tout de même s’arrêter la regarder comme le fantôme de ce qu’elle fut, une
place fortifiée. Pour voir un beau tronçon rendez-vous au pied du jardin de
Calixto et Malibea.
FRANCIA Ignacio,
« Una sentencia judicial permitirá reconstruir la muralla de Salamanca »,
El Pais le 15 avril 2002 [Disponible
en ligne, consulté le 15 février 2016]
GARCIA CATALAN Enrique, Urbanismo de Salamanca en el siglo XIX, Ediciones
Universidad de Salamanca, 10 janv. 2015
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