jeudi 3 mars 2016

L'arc de Fernan Gonzalez : Quand Burgos était la capitale de la Castille


Après les murailles de Salamanque, un arc. Mais alors, c’est là, l’art d’avoir plusieurs sens pour un même mot, aucun rôle défensif ou de contrôle, non aujourd’hui je vous propose d’admirer un arc de triomphe ! Et oui Burgos n’a pas que des arcs issus de ses fortifications, comme celui de Santa Maria ou de San Esteban. Il possède un petit arc de triomphe, méconnu des touristes, qui rend hommage à un héros castillan, Fernan Gonzalez. Qui ? Un homme qui connut une gloire aussi, voire plus grande, que celle du Cid.

Castille, début du Xe siècle, un jeune noble se retrouve, grâce à d’habiles alliances matrimoniales de ses grands-parents, héritier des nombreux territoires qui échoient à ses parents et se retrouvent, par lui, concentrés en une seule main. Son territoire couvrira jusqu’à 27000 km² (près de 30% de la Castille y Leon, actuelle). Il s’auto-proclamme comte (autonome) de Castille, titre qui aura une grande postérité. Non content de réunir de nombreuses terres castillanes autour de Burgos il épouse Elvira, fille de la reine de Pampelune, veuve du roi de León. Il bataille contre ses voisins pour imposer les frontières de son territoire, repeuple des villages pour assurer la solidité de ses conquêtes. En un mot, il crée presque la Castille, dont Burgos est la capitale. Sa vie est une longue lutte de pouvoir pour maintenir la jeune indépendance de son comté dont il perd parfois temporairement la propriété, qui lui vaut quelques séjours en prison, et de nombreuses querelles avec plus puissants que lui. Il s’en sortit finalement très bien, puisqu’il transmit son titre à son fils et maria sa fille à l’empereur du Saint-Empire germanique, Otton III. Son petit fils n’aura aucun mal à gouverner de façon tout à fait indépendante son puissant comté.
La légende de ses exploits se tisse de chansons en poèmes, il faut dire qu’à part le récit de sa lutte pour le pouvoir, l’homme fut avare en traces historiques, nous ne possédons qu’un seul document signé de sa main. On cherche de multiples façons de lui rendre hommage, déjà au milieu du XVIe siècle l’arc Santa Maria est doté d’une statue à son image. En 1583, Juan Ortega Castaneda réalise cet arc de triomphe en l‘honneur du comte de Castille. La municipalité n’a pas choisi l’emplacement au hasard, puisque ce serait l’endroit supposé de la résidence de Fernan Gonzalez. Incomplet par rapport au projet initial, on ne trouve pas, sur l'arc, l’effigie qui aurait dû se situer sur le haut du monument, juste sous le fronton. On perçoit ici toute l’influence de la Renaissance, l’inspiration gréco-latine, colonnes, triglyphes… Hommage antique pour un héros du Moyen-âge, en plein XVIe siècle, cela donne à réfléchir sur les goûts et les modes.   


Aujourd’hui l’arc est un peu oublié de tous, on le croise, sans vraiment y attacher une importance. Vous admirez la mise en valeur automobile du monument. Son héros fut pourtant, dans la mémoire populaire, aussi célèbre que le Cid en son temps, mais il n’eut pas l’honneur de connaître une renommée internationale. Symbole de la fierté Castillane, il est, à sa manière, l’un des pères de la région.
A bientôt, rendez-vous à Ségovie

MORALES Manuel, « El único documento original del conde Fernán González », El Pais, 24 octobre 2012 [Disponible en ligne, consulté le 19 février 2012] 

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