vendredi 29 avril 2016

Le christ de Burgos, un parfum de Castille dans la cathédrale de Nantes ?

 

            Exceptionnellement je ne vous emmène pas en Espagne, mais à Nantes. Non, le thème du blog n’a pas changé, et nous allons bien évoquer la Castille mais en allant visiter la cathédrale de ma ville natale. Nous allons nous pencher sur une œuvre appelée le Christ de Burgos qui a retrouvé récemment sa place dans cette église. Vous vous doutez qu’avec une appellation comme ça, il a forcément retenu mon attention et je n’ai pas pu m'empêcher d’aller enquêter.


            Les images saintes se réfèrent en général à des catégories par leur posture, les personnages qui les composent… On trouve ainsi les piétas, les vierges à l’enfant, les christs en majesté, et bien d’autres. Les christs de Burgos sont une de ces catégories, et non comme on pourrait le croire des œuvres fabriquées dans la ville castillane. Ce modèle se caractérise ainsi : un christ crucifié, la tête penchée sur la droite, est le sang coulant de ses plaies. Il est, en général, vêtu d’un tissu plus ou moins long, certains descendent jusqu’aux chevilles comme une longue jupe. Voici par exemple un témoignage d’un voyageur français du XIXe siècle sur la dévotion qui les entoure en Espagne :

            « Il existe dans un grand nombre de villes d’Espagne des christs, des madones, des châsses, pour lesquelles les fidèles professent une dévotion particulière, et qu’ils viennent invoquer de fort loin avec toute la vivacité du désir et toute la ferveur de la confiance. Parmi les saintes images qui protègent la Vieille-Castille, celle du Christ de Burgos occupe le premier rang, et il n’est guère de fils, d’épouses de mères surtout, qui ne soient venus, au jour du danger, déposer en tremblant leur offrande aux pieds du Sauveur, lui adresser leurs vœux et placer leur avenir sous sa divine sauvegarde »
Le couvent de sainte-Marie aux bois épisode précédé d'une notice sur la guerre d'Espagne en 1823
Jean Baptiste Sylvère Gaye vicomte de Martignac (1831)



Celui de Nantes posait néanmoins bien des problèmes aux historiens aussi bien sur sa fabrication que sur ses origines. On découvre ses premières traces à Nantes en 1977 quand il est offert par l’association de la cathédrale à l’Etat pour garnir le monument mal en point depuis l'incendie de 1972. L’association l’avait récupéré auprès d’une congrégation versaillaise qui déménageait et se séparait de certaines de ses pièces d’art, dans les années 1960. En 2013, la restauration du christ est décidée, direction Tours pour percer ses mystères. On arrive à poser une date approximative quant à sa réalisation, fin XVIe siècle par un artiste probablement français. Un long travail de restauration est effectué sur cette œuvre de plâtre et de chaux, fait assez rare qui propose l’hypothèse suivante, n’était-il pas à l’origine un modèle pour un ouvrage dans des matériaux plus pérennes ? En effet c'est plutôt en bois ou en marbre que les oeuvres de l'époque connaissent le succès Le 18 décembre 2015, le christ est revenu dans la cathédrale, mais non dans le chœur comme précédemment mais le long d'un des piliers dans la nef principale, plus en vue.  




            La représentation du Christ de Burgos, dont on peut supposer que le modèle originel serait celui de la ville dont il porte le nom a fait des émules bien au-delà de la vieille Europe puisque son culte est particulièrement développé dans toute l’Amérique du Sud. Alors celui de Nantes n’est qu’un prétexte pour évoquer cette représentation, et aussi une façon d’évoquer l’importance de l’Espagne dans l’église catholique qui réussit à faire que ses représentations deviennent des modèles mondiaux.
            A bientôt pour d’autres découvertes.    

HENRY Jean François, « Le christ espagnol de retour à la Cathédrale de Nantes » Cathédrale Saint-Pierre et Saint-Paul de Nantes, le 22 décembre 2015 [Disponible en ligne, consulté le 28 avril 2015]

MORVAN Daniel, « Retour du Christ en croix à la cathédrale » Ouest-France.fr, le 19 décembre 2015 [Disponible en ligne, consulté le 28 avril 2015]

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