Les
images saintes se réfèrent en général à des catégories par leur posture, les
personnages qui les composent… On trouve ainsi les piétas, les vierges à l’enfant,
les christs en majesté, et bien d’autres. Les christs de Burgos sont une de ces
catégories, et non comme on pourrait le croire des œuvres fabriquées dans la
ville castillane. Ce modèle se caractérise ainsi : un christ crucifié, la tête penchée
sur la droite, est le sang coulant de ses plaies. Il est, en général, vêtu d’un
tissu plus ou moins long, certains descendent jusqu’aux chevilles comme une longue
jupe. Voici par exemple un témoignage d’un voyageur français du XIXe siècle sur la dévotion qui les entoure en Espagne :
« Il
existe dans un grand nombre de villes d’Espagne des christs, des madones, des
châsses, pour lesquelles les fidèles professent une dévotion particulière, et
qu’ils viennent invoquer de fort loin avec toute la vivacité du désir et toute
la ferveur de la confiance. Parmi les saintes images qui protègent la Vieille-Castille,
celle du Christ de Burgos occupe le premier rang, et il n’est guère de fils,
d’épouses de mères surtout, qui ne soient venus, au jour du danger, déposer en
tremblant leur offrande aux pieds du Sauveur, lui adresser leurs vœux et placer
leur avenir sous sa divine sauvegarde »
Le
couvent de sainte-Marie aux bois épisode précédé d'une notice sur la guerre
d'Espagne en 1823
Jean Baptiste Sylvère Gaye vicomte
de Martignac (1831)
Celui de Nantes
posait néanmoins bien des problèmes aux historiens aussi bien sur sa
fabrication que sur ses origines. On découvre ses premières traces à Nantes en 1977
quand il est offert par l’association de la cathédrale à l’Etat pour garnir le monument mal en point depuis l'incendie de 1972. L’association l’avait récupéré auprès d’une congrégation versaillaise
qui déménageait et se séparait de certaines de ses pièces d’art, dans les années
1960. En 2013, la restauration du christ est décidée, direction Tours pour percer
ses mystères. On arrive à poser une date approximative quant à sa réalisation, fin
XVIe siècle par un artiste probablement français. Un long travail de restauration est effectué sur cette œuvre de
plâtre et de chaux, fait assez rare qui propose l’hypothèse suivante, n’était-il
pas à l’origine un modèle pour un ouvrage dans des matériaux plus pérennes ? En effet c'est plutôt en bois ou en marbre que les oeuvres de l'époque connaissent le succès Le 18 décembre 2015, le christ est revenu dans la cathédrale, mais non dans le chœur comme précédemment mais le long d'un des piliers dans la nef principale, plus en vue.
La
représentation du Christ de Burgos, dont on peut supposer que le modèle originel serait celui de la ville dont il porte le nom a fait des émules bien au-delà de
la vieille Europe puisque son culte est particulièrement développé dans toute
l’Amérique du Sud. Alors celui de Nantes n’est qu’un prétexte pour évoquer
cette représentation, et aussi une façon d’évoquer l’importance de l’Espagne dans
l’église catholique qui réussit à faire que ses représentations deviennent des
modèles mondiaux.
A
bientôt pour d’autres découvertes.
HENRY Jean François, « Le christ
espagnol de retour à la Cathédrale de Nantes » Cathédrale Saint-Pierre et Saint-Paul de Nantes, le 22 décembre
2015 [Disponible
en ligne, consulté le 28 avril 2015]
MORVAN Daniel, « Retour du Christ
en croix à la cathédrale » Ouest-France.fr, le 19 décembre 2015 [Disponible
en ligne, consulté le 28 avril 2015]
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