jeudi 25 août 2016

Iglesia San Martin de Tours : La perle de Fromista


            J’entendais parler depuis longtemps de Fromista, étape importante sur le chemin de Compostelle, symbole de l’art roman, attraction touristique de la province… Enfin en un mot, un lieu dont on se demande pourquoi je n'y suis pas allée avant. Pourtant des amis m’avaient recommandé, après leur propre visite, de m’y rendre. J’ai donc décidé de remédier à cette situation cette année, commençons par la plus célèbre église du village, San Martin de Tours.


            Cette église, considérée comme la plus romane de la province, est le fruit d’une histoire compliquée. Remontons le temps, peu après l’an mil, un monastère bénédictin vient d’être fondé, avec le soutien de la reine de Pampelune, l’église est ce qu’il nous en reste… Les historiens de l’art supposent, aujourd’hui, que la construction de l'église ne s’étendit pas au-delà de deux décennies, au pire, car le monument est relativement unifié pour ce qui est du style. L’ensemble monastique devint un prieuré le siècle suivant sa construction, passant sous la direction de San Zoilo de Carrión. Les bâtiments traversent les siècles sans connaître de dommages importants. 1836 arrive et la fameuse desamortizacion, avec la confiscation des biens de l’église. Aucune réutilisation n’est réellement faîte comme nous l’avions vu pour d’autres bâtiments. Seule l’église reste debout, quand les autres bâtisses se désagrègent.   


            Mais l’entretien laisse tant à désirer qu’en 1879 on est contraint de fermer l’église. Quinze ans plus tard on commence une restauration. C’est là que le bat blesse, ce n’est pas un travail tel que nous le concevons aujourd’hui, qui repose sur la conservation, la consolidation, les sources historiques. Ici c’est un travail qui cherche à reproduire un style roman idéal, quitte à supprimer, arranger ce qui ne correspond pas à cette perfection, voir à ajouter des éléments qui n’ont jamais existé pour faire plus roman. Nous avons évoqué ce type de réhabilitation au travers de l’église San Juan de Soria




On a, dans un premier temps, paré au plus pressé, consolidé les murs, évité en un mot que la situation n’empire. La maquette visible lors de la visite est particulièrement instructive sur les modifications apportées à l’époque. Disparition de la passerelle extérieure du XVe siècle, construction des deux tours de la façade, démolition de la sacristie… Certains chapiteaux sont remplacés pour leur mauvais état de conservation, ou du fait de thèmes un peu trop osés pour les élites du XIXe siècle. En 1904, après un quart de siècle de fermeture, l’église ouvre à nouveau ses portes aux fidèles.



    



            La visite est vraiment très intéressante surtout avec l’audioguide. Très détaillé le commentaire permet de prendre réellement conscience de la valeur et de l’histoire de cette petite église. Le détail des chapiteaux en trois catégories est très étonnant, végétal, animal, et historique. On trouve des scènes très variées comme la fable du corbeau et du renard. L’extérieur vaut aussi notre attention pour ses sculptures, et son harmonie. L'authenticité de ce bijou de l’art roman peut-être contesté car tout de même c’est d’abord l’œuvre d’une restauration, mais si on passe à côté de Fromista, il faut faire le détour.  
            A bientôt pour d’autres visites


José María Pérez “Peridis” « San Martín de Frómista, hito del Camino de Santiago » Fundación del Patrimonio Histórico de Castilla y León [Disponible en ligne, consulté le 25 aout 2016]





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