J’entendais
parler depuis longtemps de Fromista, étape importante sur le chemin de
Compostelle, symbole de l’art roman, attraction touristique de la province…
Enfin en un mot, un lieu dont on se demande pourquoi je n'y suis pas allée avant. Pourtant des amis m’avaient recommandé, après leur propre visite,
de m’y rendre. J’ai donc décidé de remédier à cette situation cette année,
commençons par la plus célèbre église du village, San Martin de Tours.
Cette
église, considérée comme la plus romane de la province, est le fruit d’une
histoire compliquée. Remontons le temps, peu après l’an mil, un monastère
bénédictin vient d’être fondé, avec le soutien de la reine de Pampelune,
l’église est ce qu’il nous en reste… Les historiens de l’art supposent, aujourd’hui, que la construction de l'église ne s’étendit pas au-delà de deux décennies, au pire, car le
monument est relativement unifié pour ce qui est du style. L’ensemble
monastique devint un prieuré le siècle suivant sa construction, passant sous la
direction de San Zoilo de Carrión. Les bâtiments traversent les siècles sans
connaître de dommages importants. 1836 arrive et la fameuse desamortizacion, avec
la confiscation des biens de l’église. Aucune réutilisation n’est réellement
faîte comme nous l’avions vu pour d’autres bâtiments. Seule l’église reste
debout, quand les autres bâtisses se désagrègent.
Mais
l’entretien laisse tant à désirer qu’en 1879 on est contraint de fermer l’église. Quinze ans plus tard on commence une restauration. C’est là que le
bat blesse, ce n’est pas un travail tel que nous le concevons aujourd’hui, qui repose sur la conservation, la consolidation, les sources historiques. Ici c’est un
travail qui cherche à reproduire un style roman idéal, quitte à supprimer,
arranger ce qui ne correspond pas à cette perfection, voir à ajouter des éléments
qui n’ont jamais existé pour faire plus roman. Nous avons évoqué ce type de
réhabilitation au travers de l’église San Juan de Soria.
On a, dans un
premier temps, paré au plus pressé, consolidé les murs, évité en un mot que la situation
n’empire. La maquette visible lors de la visite est particulièrement
instructive sur les modifications apportées à l’époque. Disparition de la
passerelle extérieure du XVe siècle, construction des deux tours de la façade,
démolition de la sacristie… Certains chapiteaux sont remplacés pour leur mauvais état de conservation, ou du fait de thèmes un peu trop osés pour les élites du XIXe siècle. En 1904, après un quart de siècle de
fermeture, l’église ouvre à nouveau ses portes aux fidèles.
La
visite est vraiment très intéressante surtout avec l’audioguide. Très détaillé le commentaire permet de prendre réellement conscience de la valeur et de l’histoire
de cette petite église. Le détail des chapiteaux en trois catégories est très étonnant,
végétal, animal, et historique. On trouve des scènes très variées comme la
fable du corbeau et du renard. L’extérieur vaut aussi notre attention pour ses sculptures,
et son harmonie. L'authenticité de ce bijou de l’art roman peut-être contesté car tout de même
c’est d’abord l’œuvre d’une restauration, mais si on passe à côté de
Fromista, il faut faire le détour.
A
bientôt pour d’autres visites
José María Pérez “Peridis” « San
Martín de Frómista, hito del Camino de Santiago » Fundación del Patrimonio Histórico de Castilla y León [Disponible
en ligne, consulté le 25 aout 2016]
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