Le
livre couvre globalement le règne des Habsbourgs sur le trône d’Espagne. Vous
connaissez sûrement le premier d’entre eux, Charles Quint. Lui succède ensuite
son fils, Philippe II, sur lequel je vous ai proposé une lecture et un dossier.
Ensuite vient Philippe III, qui prend la suite de son père, et qui lui aussi a
une descendance illustre. D’une part sa fille qui devient reine de France, et
un fils, Philippe IV qui monte à son tour sur le trône espagnol. Enfin le
dernier des Habsbourgs est Charles II, enfant roi. Comme moi, les auteurs
commencent la présentation de la période par les souverains : leur rôle,
leur vie, leur poids symbolique. C’est une partie qui est vraiment passionnante,
qui complète très bien mes lectures précédentes car elle offre un panorama de la
royauté très complet avec des questionnements parfois originaux. Je pense, par
exemple, à ce passage sur la pression pour les rois et leurs épouses de donner
une descendance, dont une bonne part ne survit pas. Les deux historiens s’interrogent
sur les sentiments des rois à l’égard de leurs épouses souvent trop jeunes et
fragiles, que les grossesses répétées emportent rapidement. L’ouvrage s’intéresse
aussi à la personnalité des rois et à leurs parcours très différents. Untel
voyagea énormément, l’autre ne sortit pas de la péninsule ibérique. Cette
analyse offre un autre regard sur la dynastie.
A
la façon du livre de Perez sur Charles Quint, présenté précédemment sur ce
blog, l’ouvrage ne se cantonne pas à l’Espagne, mais bien à l’Empire. Pays Bas,
Italie, Amérique du Sud… Prendre en compte la totalité de l’empire, c’est un
autre point fort, bien que ce livre ne soit pas le seul à le faire. Deux chapitres
en particulier à découvrir : « Force et Faiblesse de l’empire »
et « Une culture sans rivages ». Ce dernier passage m’a
particulièrement parlé. En effet le croisement des courants artistiques venus d’Europe
et des arts présents aux Indes est un thème passionnant. La Caja de Burgos a
offert au public une très belle exposition sur ce thème durant l’été 2018, vous
pouvez consulter la page en suivant ce lien. Je vous invite donc si le sujet
vous intéresse à, au moins, parcourir ce court chapitre.
Enfin
un dernier passage à signaler, qui me parle énormément : « Les
villes, relais et vecteurs ». On est là dans mon domaine de prédilection,
l’aventure citadine, la naissance des grandes architectures, le rôle des villes
dans la structuration de l’empire. Les villes de Castille y tiennent une grande
place, ce qui m’a permis de mieux en comprendre certaines que je croyais bien connaître.
La sous-partie « La fièvre monumentale », donne une belle place à des
monuments dont certains m’étaient familiers, comme le palais Fabio Nelli. Mais
ce n’est pas seulement le fait de redécouvrir des lieux que je connaissais déjà
qui m’a séduit, mais aussi la découverte de nouvelles destinations probables
pour mes escapades espagnoles.
L’ouvrage
extrêmement complet a tout de même, à mon goût quelques défauts. La partie
centrale sur le système monétaire m’a été plus difficile d’accès, j’ai trop de
lacunes en matière économique. Je reprocherais parfois aux auteurs de faire tourner
leurs démonstrations au catalogue d’exemples, indigeste. Cela rend la lecture
plus difficile et fait parfois perdre de vue le fil conducteur du paragraphe.
Autre reproche, mais c’est inhérent aux formats poches, l’absence de toute image.
Un petit cahier central avec quelques exemples illustrés et, au début de l’ouvrage,
des cartes et un arbre généalogique des souverains n’aurait pas été de trop.
Je
vous recommande, à condition d’être déjà un peu connaisseur de l’histoire de l’Espagne,
ce très bon ouvrage. Il vous offrira un panorama très complet sur ces siècles
qui firent de l’empire la puissance inévitable du monde, marquée par une
stabilité religieuse et dynastique, comme le soulignent les auteurs. Pour les
lecteurs français, on apprécie cet ouvrage qui n’hésite pas à faire des
comparaisons avec le royaume de France, ce qui facilite l’appréciation de l’histoire
espagnole.
Sur
ces mots je m’en vais rendre l’ouvrage à la bibliothèque, et me plonger dans
une bande dessinée dont je vous parlerai bientôt.
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