samedi 25 mai 2019

Voyage au fil des pages : Le temps de l’Espagne (XVIe – XVIIe siècles)

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            J’avais un peu tardé dans la publication de mon dernier article car j’avais dû procéder à quelques lectures. Je m’étais égarée entre les pages d’un ouvrage de Bartolomé Bennassar et Bernard Vincent, particulièrement intéressant. Rappelez-vous, lors de notre dernière balade nous avions visité le palais du duc de Lerma, qui « régna » sur l’Espagne à l’époque de Philippe III. C’est donc à cause de lui que j’ai été amenée à feuilleter Le temps de l’Espagne (XVIe – XVIIe siècles). Derrière ce titre ambitieux, se cache un ouvrage passionnant.

            Le livre couvre globalement le règne des Habsbourgs sur le trône d’Espagne. Vous connaissez sûrement le premier d’entre eux, Charles Quint. Lui succède ensuite son fils, Philippe II, sur lequel je vous ai proposé une lecture et un dossier. Ensuite vient Philippe III, qui prend la suite de son père, et qui lui aussi a une descendance illustre. D’une part sa fille qui devient reine de France, et un fils, Philippe IV qui monte à son tour sur le trône espagnol. Enfin le dernier des Habsbourgs est Charles II, enfant roi. Comme moi, les auteurs commencent la présentation de la période par les souverains : leur rôle, leur vie, leur poids symbolique. C’est une partie qui est vraiment passionnante, qui complète très bien mes lectures précédentes car elle offre un panorama de la royauté très complet avec des questionnements parfois originaux. Je pense, par exemple, à ce passage sur la pression pour les rois et leurs épouses de donner une descendance, dont une bonne part ne survit pas. Les deux historiens s’interrogent sur les sentiments des rois à l’égard de leurs épouses souvent trop jeunes et fragiles, que les grossesses répétées emportent rapidement. L’ouvrage s’intéresse aussi à la personnalité des rois et à leurs parcours très différents. Untel voyagea énormément, l’autre ne sortit pas de la péninsule ibérique. Cette analyse offre un autre regard sur la dynastie.
            A la façon du livre de Perez sur Charles Quint, présenté précédemment sur ce blog, l’ouvrage ne se cantonne pas à l’Espagne, mais bien à l’Empire. Pays Bas, Italie, Amérique du Sud… Prendre en compte la totalité de l’empire, c’est un autre point fort, bien que ce livre ne soit pas le seul à le faire. Deux chapitres en particulier à découvrir : « Force et Faiblesse de l’empire » et «  Une culture sans rivages ». Ce dernier passage m’a particulièrement parlé. En effet le croisement des courants artistiques venus d’Europe et des arts présents aux Indes est un thème passionnant. La Caja de Burgos a offert au public une très belle exposition sur ce thème durant l’été 2018, vous pouvez consulter la page en suivant ce lien. Je vous invite donc si le sujet vous intéresse à, au moins, parcourir ce court chapitre.
            Enfin un dernier passage à signaler, qui me parle énormément : « Les villes, relais et vecteurs ». On est là dans mon domaine de prédilection, l’aventure citadine, la naissance des grandes architectures, le rôle des villes dans la structuration de l’empire. Les villes de Castille y tiennent une grande place, ce qui m’a permis de mieux en comprendre certaines que je croyais bien connaître. La sous-partie « La fièvre monumentale », donne une belle place à des monuments dont certains m’étaient familiers, comme le palais Fabio Nelli. Mais ce n’est pas seulement le fait de redécouvrir des lieux que je connaissais déjà qui m’a séduit, mais aussi la découverte de nouvelles destinations probables pour mes escapades espagnoles.
            L’ouvrage extrêmement complet a tout de même, à mon goût quelques défauts. La partie centrale sur le système monétaire m’a été plus difficile d’accès, j’ai trop de lacunes en matière économique. Je reprocherais parfois aux auteurs de faire tourner leurs démonstrations au catalogue d’exemples, indigeste. Cela rend la lecture plus difficile et fait parfois perdre de vue le fil conducteur du paragraphe. Autre reproche, mais c’est inhérent aux formats poches, l’absence de toute image. Un petit cahier central avec quelques exemples illustrés et, au début de l’ouvrage, des cartes et un arbre généalogique des souverains n’aurait pas été de trop.    
            Je vous recommande, à condition d’être déjà un peu connaisseur de l’histoire de l’Espagne, ce très bon ouvrage. Il vous offrira un panorama très complet sur ces siècles qui firent de l’empire la puissance inévitable du monde, marquée par une stabilité religieuse et dynastique, comme le soulignent les auteurs. Pour les lecteurs français, on apprécie cet ouvrage qui n’hésite pas à faire des comparaisons avec le royaume de France, ce qui facilite l’appréciation de l’histoire espagnole.
            Sur ces mots je m’en vais rendre l’ouvrage à la bibliothèque, et me plonger dans une bande dessinée dont je vous parlerai bientôt.                  

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