Je l'avoue, cette année la Castilla y Leon est passée au second plan, au profit d'une Espagne plus touristique |
Après
une année quelque peu chaotique, j’ai pris avec plaisir le chemin de l’Espagne.
Comme l’année dernière ma chère Castilla y León n’était pas l’objectif
principal de ce voyage. Après l’Aragon en 2015, la Navarre en 2017,
l’Estrémadure en 2018, j’ai fait un détour par la côte Atlantique. J’ai eu une
bonne intuition, après la canicule de juin, j’ai trouvé en Cantabrie, en Asturies
et en Galice une fraîcheur
appréciable pour multiplier les visites. Rassurez-vous, après avoir longé la
côte à l’aller, j’ai tout de même fait le trajet retour par ma région préférée
qui sait toujours me surprendre, malgré quelques déceptions au programme cette
année.
Mon
entrée en Espagne fut marquée par une première visite que
j’espérais depuis longtemps : le
palais de la Magdalena à Santander. Les lieux servirent de toile de fond à
la série Gran Hotel durant trois
saisons. Si je n’ai pas pu visiter l’intérieur, la possibilité d’admirer
l’extérieur m’a permis de prendre conscience des dimensions du bâtiment. Malgré
sa belle taille, il m’est apparu plus petit que dans mon
imagination. Je suis donc repartie sous le ciel gris de Santander. Après l’étrange palais, j’ai continué avec les
bizarreries architecturales.
Palacio de la Magdalena à Santander |
Direction Comillas,
avec un peu plus de 2 000 habitants, la ville possède quelques très jolies
pièces patrimoniales, dont une réalisation de Gaudi. Le Capricho est
une étrange demeure, construite dans les années 1880. Désormais ouverte au
public, elle permet de découvrir à la fois l’architecte d’extérieur, mais aussi
le décorateur d’intérieur avec quelques meubles de son cru. Une visite
surprenante, au cœur du bourg, alors que j’imaginais les lieux dans un calme
cadre champêtre…
Meuble by Gaudi |
La
suite de mon périple continuait vers l’ouest. Sur la route qui m’emmenait à Gijón, j’ai fait étape à la Playa de Gulpiyuri, et à Ribadesella. Deux endroits très jolis,
mais aussi très (trop ?) touristiques. Circulation et stationnement
difficiles me laissent penser qu’il me faudra y retourner mais à une
autre saison, au printemps peut être.
Une plage où l'horizon est loin d'être infini |
L’arrivée à Gijón fut pour moi le retour dans mon environnement naturel :
la grande ville. Je l’ai assez appréciée, entre port et plage. Le programme de
visite fut assez hétéroclite : thermes romains, aquarium, cité ouvrière,
musée du train… Ainsi qu’une « casa-museo », type de musée que
j’apprécie beaucoup, ici celle du peintre Nicanor
Piñole. Quant au musée des beaux-arts, il ne m’a pas vraiment séduit, mais
la suite de mon itinéraire allait compenser cela. Après deux jours à arpenter la
ville, et a tester aussi la gastronomie locale (Las Fabadas), je reprenais la
route.
Encore des trains, comme lors de mon voyage à Madrid |
Toujours en Asturie, je me suis arrêtée à Oviedo. Cette ville, ne m’évoquais pas
grand-chose, elle mérite pourtant le détour, en particulier pour son magnifique
musée des beaux-arts. Si vous aimez varier les thèmes de visite sachez aussi
que son musée géologique est très sympathique. Evidemment, en bon touriste, je
n’ai pas dérogé à la visite de la cathédrale, et le retable principal est une
des pièces les plus remarquables. Le centre-ville historique n’est pas très
étendu, mais possède de charmantes petites places comme celle del Fontan ou Daoiz y Valverde. Ce qui m’a impressionné dans Oviedo, c’est le
nombre de statues, Burgos fait pâle figure à côté d’elle. On en croise ici à
tous les coins de rue.
Pour
poursuivre mon voyage, j’ai pris le chemin de la Galice, par une petite nationale (N-634), dont les virages ne m’ont
pas laissé un souvenir impérissable. Par contre, j’ai pu, grâce à cette route,
observer toutes sortes d’horreos. Ce sont de petites constructions qui permettaient autrefois de mettre à l’abri les réserves
alimentaires. Je ne m’étendrais pas ici sur les déboires de mon arrivée à la Corogne, retenons simplement
qu’entre cette ville et moi, ça n’avait pas bien commencé. Si on excepte le
vent terrible, elle fut une bonne surprise. Là encore quelques maisons musées au
programme, de célébrités qui m’étaient totalement inconnues. Pour commencer Emilia Pardo Bazan, une galicienne du
XIXe siècle qui s’illustra par l’écriture de romans, pièces de théâtre, livres de
cuisine, essais… en un mot c’est une touche à tout, penchant vers le courant
naturaliste. On pourrait, me semble-t-il, la rapprocher de Zola, que Pardo
Bazan a rencontré à Paris. Résultat de la visite ? Je pense essayer de
trouver un de ses livres, traduit en français, pour parfaire ma culture
littéraire.
Casa Museo Pardo Bazan |
J’ai visité deux autres maisons musées, prévues dans mon programme,
contrairement à la précédente. Pour commencer celle de Santiago Casares Quiroga. Homme politique espagnol de la seconde
république, la visite de sa maison est intéressante, mais je manquais de
connaissances sur l'époque, et comme je ne maîtrise pas le galicien, les petits encarts
explicatifs ne m’étaient pas d’une grande aide… En France certains connaissent
néanmoins la fille de cet homme-là, Maria
Casarès. Personnellement c’est une actrice un peu ancienne pour moi, mais
j’avais emmené ma retraitée préférée en voyage, ce qui est toujours utile pour
certaines références un peu datées. Dernière maison musée, sur une héroïne locale, Maria Pita, qui aurait sauvé sa ville
de l’invasion anglaise. La Corogne propose
un riche patrimoine qui permet d’en trouver pour tous les goûts, le musée
militaire est ainsi assez intéressant, et rappelle, avec le fort San Anton, le
passé guerrier et intraitable de la localité. Enfin, j’ai aussi pris mon
courage à deux mains pour monter à la tour
d’Hercule, phare d’origine romaine « relooké » à l’époque
moderne.
Après m’être rassasiée d’embruns, j’ai pris la route de Saint Jacques de Compostelle. Sans
surprise, dans cette ville extrêmement touristique, c’est le patrimoine religieux
qui a essentiellement gouverné mon parcours. Je ne m’étendrais pas sur
la cathédrale, elle est en restauration, à part des bâches il n’y pas
grand-chose à voir à l’intérieur. Deux visites qui m’ont particulièrement
marquée : le musée du pèlerinage et la casa de la Troya. Le premier est
passionnant, car il porte un regard historique sur le pèlerinage et son
évolution, tout en le resituant par rapport aux autres grands parcours
religieux. Quant à la casa de la Troya, il s’agit d’une ancienne pension
estudiantine du XIXe siècle, qui inspira le livre qui porte son nom. Je vous en
dirai plus dans un autre article, quand j’aurai achevé la lecture dudit
volume.
A Compostelle on est encore loin d'avoir tout restauré... |
Escalier à trois volées qui surprend tous les visiteurs du musée du peuple galicien |
Avant
de quitter la Galice, j’ai visité une dernière ville, Lugo. Si sa muraille m’a beaucoup impressionnée, son musée
provincial intéressée, son ancienne prison fascinée, cette ville a été très
compliquée pour moi. Mauvais hôtel, mauvais restaurant, mauvais parking… je
garderai donc un souvenir mitigé d’une ville dont le potentiel touristique ne
me semble pas encore totalement exploité. Un point très positif, la visite de la cathédrale qui vaut vraiment de s'y arrêter.
Petit échantillon de la muraille de Lugo |
Ensuite
il fallut décider du chemin du retour, sachant qu’il me restait moins d’une
semaine. J’ai donc finalement passé seulement quatre jours en Castilla y León. On peut dire que j’ai
fait des sauts de puce. Je suis allée de Lugo
à Astorga en une journée en
m’arrêtant à Villafranca del Bierzo
et à Ponferrada. Vous verrez donc de
nouveaux articles, à propos de ces trois dernières villes , fleurir sur le blog
dans les mois à venir. J’ai ensuite eu envie de faire une courte étape à León. En général rien ne va quand je
vais dans cette ville, mais je souhaitais visiter la Casa Botines, enfin ouverte au public. De ce côté-là je n’ai pas
été déçue vous le verrez prochainement dans un autre billet. Par contre León reste une ville chère et peu
aimable à laquelle je n’arrive pas à m’attacher.
Encore et toujours l'étonnante façade de la cathédrale d'Astorga |
J’ai
terminé à Burgos, convaincue d’y
passer un bon moment. J’y étais un mardi, la cathédrale était gratuite, j’ai
donc refait pour une énième fois la visite. Je ne m’en lasse pas, et je
redécouvre sans cesse de nouveaux détails. Pourtant Burgos était morose,
triste, bruyante, taguée… Les locaux commerciaux à louer semblent s’être
multipliés. Un peu de l’âme de la ville que j’ai aimée se serait-elle envolée ? Autre chose a sûrement contribué à ce ressenti, un petit
événement : j’ai vécu les dernières heures d’un musée. Il existe dans la
ville une institution privée, une entreprise de fac-similés, qui avait ouvert un
musée du livre. Un endroit très agréable, qui m’avait marquée dès mes premières
visites en Castille. Suite à un conflit avec la municipalité, le musée a fermé
ses portes définitivement le 23 juillet, jour où je l’ai visité pour la 3e
fois, en sachant que c’était la dernière chance de le faire. Renaîtra-il
ailleurs ? Peut-être. C’est sous une pluie d’orage, que je suis rentrée à
l’hôtel en ayant assisté, pour la première fois, à la mort d’un musée.
Burgos où la fraîcheur des arbres est toujours bienvenue |
De
ce beau voyage, fort différent des précédents, bien plus frais, je retiens un
nouveau visage de l’Espagne. Je pensais la Galice proche du Finistère breton de
mes racines, mais j’ai trouvé finalement assez peu de points communs entre les
deux territoires. Il reste encore à explorer le sud de cette région : Vigo, Pontevedra, Orense. J’y ai vu
aussi une Espagne divisée, mue par les courants indépendantistes et une autre
unie dans des traditions où la Saint Jacques et le pèlerinage ne semblent jamais se
soucier de ces frontières dont on ne sait ce qu’elles sépareront demain. Mon amour
de la mer, me fait aimer cette Espagne, à l’océan que mes orteils ont trouvé un
peu froid. Je retournerais sûrement dans ce bout du monde, et qui sait, à pied,
avec une coquille sur mon sac à dos ?
Bon été à vous tous.
Il y a quelques points communs : La musique et les hortensias |
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