vendredi 20 décembre 2019

Santuario de la Virgen Peregrina : De la lutte des ordres à la consécration touristique ?




            Nous voilà à Sahagun, petite localité qui regorge de monuments religieux. On a déjà parlé ici des ruines impressionnantes du couvent San Benito et de la jolie église San Tirso. Je vous propose de nous rendre en périphérie du bourg, au gros monastère de San Francisco. Cette massive bâtisse m’intriguant j’en ai poussé les portes lors d’une halte à Sahagun l’été passé. Récemment rouvert ce monastère offre une visite riche en découvertes.


            Nous sommes au milieu du XIIIe siècle. La communauté franciscaine souhaite s’installer dans un nouveau bâtiment. La communauté bénédictine ayant le même projet n’apprécie pas cette concurrence. Le roi puis le pape doivent intervenir dans la querelle qui oppose les deux ordres. Après environ cinq ans de procédure, en 1260, un chantier qui va durer plus de cent ans débute. Les bénédictins de leur côté ont aussi élevé leur monastère, l’histoire sera moins clémente avec lui, mais ce n’est pas le sujet, il existe déjà un article à son propos. En 1683 une grande restauration est menée dans le monastère. Cinq années plus tard arrive la représentation de la vierge, Peregrina, qui est installée dans ce couvent. Une aubaine pour les lieux, car c’est un important objet de dévotion pour les croyants. Oeuvre de Luisa Roldan, une artiste andalouse, qui a vécu à Séville et à Madrid au XVIIe siècle, la sculpture ne résidera pas toujours entre les murs du convent San Francisco.  



Il y en a pour tous les goûts architecturaux.

            Comme le monastère concurrent de San Benito, celui de San Francisco subit les aléas de la guerre d’indépendance. La confiscation de Mendizabal dans les années 1830 oblige la communauté religieuse à quitter les lieux. Progressivement l’immense bâtisse tombe dans un état d’abandon avancé. Certaines parties disparurent, comme le cloître. Pour que les lieux rouvrent au public il faudra attendre le XXIe siècle. Quant à la statue de la vierge, l'ironie de l'histoire l'a placée sous la garde des bénédictines, dans leur petit musée d'art sacré. Elle n'est revenue dans son sanctuaire originel,que  tout récemment, une fois la restauration terminée.  


Ces arches, une trace de l'ancien cloître ?

Dans le courant des années 2000, il est décidé de transformer l’ancien couvent en Centre d’interprétation du Chemin.  Depuis 2013, Sahagun propose aux pèlerins un certificat qui atteste qu’ils sont rendus à mi-parcours, sur le Camino Frances. Le fameux papier est à récupérer au couvent qui nous intéresse aujourd’hui. C’est une opportunité qui amène de nouveaux visiteurs dans l’ancien monastère. La célèbre statue de la vierge continue elle aussi d'être largement honorée. Elle a encore fait l'objet d'une procession le 2 juillet 2019. 

Je n'ai pas été séduite pas la restauration du jardin, un peu trop minéral
à mon goût. 

            Quand je l’ai visité, à l’été 2019, j’ai eu l’impression de traverser une restauration encore un peu inachevée. Ce n’est pas vraiment une coquille vide mais il manque encore quelque chose pour en faire une attraction touristique notable. Je vous incite fortement à vous y arrêter tout de même, pour le mélange des styles architecturaux qu’il offre aux visiteurs. Ce monastère est un très beau représentant de la richesse patrimoniale de Sahagun.
            Bonne visite et à bientôt

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