Comme
annoncé dans notre dernier article, nous allons encore visiter une église. Je
vous entraîne cette fois dans les rues de la capitale du Bierzo, Ponferrada. La
basílica Nuestra Señora de la Encina domine de son imposante silhouette une des
places animées du centre-ville. La ville ne manquant pas d’attraction on ne pense
pas forcément à pousser la porte de ce monument religieux niché dans l’angle
de la Plaza Virgen de la Encina. Pour la ville c’est pourtant un symbole
primordial.
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La
basilique raconte un âge d’or de Ponferrada. La Virgen de la Encina, sainte
patronne de la ville, est aujourd’hui incarnée par une statue du XVIe siècle. La
fête de la ville en son honneur a lieu le 8 septembre. Je reviendrai probablement
dans un autre article sur l’histoire de la Virgen de la Encina lorsque je
raconterai l’histoire de la statue qui trône sur la place. Revenons-en à la
basilique. Celle qui s’élève aujourd’hui n’est pas le bâtiment d’origine qui
avait été construit durant le XIIe siècle. A cette époque la ville avait été dotée
d’une importance nouvelle avec l’arrivée des Templiers dont
le château est le produit principal d’appel touristique de la Ponferrada d’aujourd’hui. La ville a
donc connu un véritable âge d’or, mais quand elle envisage de se doter d’une
église plus somptueuse, elle a peut-être oublié que les siècles ont passé, que
la puissance des templiers n'est qu'un vieux souvenir et que le chemin de
Compostelle n’est plus aussi couru qu’avant. Le développement du protestantisme
a diminué le nombre d’appelés sur le chemin, et dans les pays catholiques les
nouvelles formalités administratives limitent les départs.
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Les travaux de la bâtisse qui nous
intéresse commencent quant à eux en 1573. On fait appel à des grands
spécialistes pour chapeauter le chantier, parmi lesquels Juan de Alvear qui a travaillé sur la cathédrale d’Astorga non loin de là. On table alors sur
quelques années. C’est sans compter que les sous manquent et
vingt ans après le début du chantier, à la mort du premier architecte, on est
loin d’avoir terminé la grande église de la sainte patronne de la ville. Durant
deux décennies on cherche une solution pour reprendre les travaux, c’est
finalement Pedro Alvarez de la Torre qui est chargé de refaire des plans, lui
aussi s’est illustré sur le chantier d’Astorga. C’est Pedro Alvarez qui lance la
construction de la tour. Les architectes s’enchaînent, changeant les plans au
fil de leurs inspirations et des modes, mais cent ans après la pose de la
première pierre, l’église est utilisable. Le deuxième siècle de construction
est surtout consacré à des ajouts. On avait ainsi abandonné l’idée d’une
sacristie, trop coûteuse, elle est enfin au menu de cette période de travaux.
En 1733 en plus il faut remonter le clocher, frappé par l’orage. Depuis cet
incident on a fait très peu de modifications sur le bâtiment qui a traversé les siècles sans trop d’aléas.
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Gravé dans la pierre, le souvenir des premiers pas de la tour |
En
1958 la Virgen de la Encina est reconnue officiellement patronne de la ville et
l’église prend le titre de basilique. La vieille bâtisse a subi plusieurs
restaurations, les années 2000/2010 ont été largement consacrées aux travaux de
remise en état du bâtiment. En 2014 un grand travail de nettoyage et de réhabilitation d’une partie des murs extérieurs a eu lieu. En 2015, le programme de
restauration de la tour débute. Plus anecdotique, parmi les multiples actions de
préservation du petit patrimoine des lieux, les miroirs vénitiens de la
sacristie sont pris en main durant l’année 2017. Enfin l’été dernier, en 2020,
les habitant de la ville ont pu assisté à la descente des énormes cloches qui
sont parties se refaire une beauté à Saldaña. Une ville décidément pleine de
ressources pour le patrimoine, je vous avais emmené y visiter l’immense villa romaine de la Olmeda.
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La basilique
de la Encina raconte le rêve d’une ville qui, perdant un peu de son éclat à l’international,
se tourne vers le culte de celle qui deviendra sa sainte patronne. Aujourd’hui
encore elle reste primordiale pour tous les habitants du Bierzo. Elle a aussi
trouvé un public plus international avec les pèlerins qui chaque jour se pressent
encore entre ses murs pour écouter une messe avant de s’élancer sur les routes.
A
bientôt pour de nouvelles découvertes.
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