mardi 12 janvier 2021

Basilique Nuestra Señora de la Encina : Ponferrada face à ses ambitions



            Comme annoncé dans notre dernier article, nous allons encore visiter une église. Je vous entraîne cette fois dans les rues de la capitale du Bierzo, Ponferrada. La basílica Nuestra Señora de la Encina domine de son imposante silhouette une des places animées du centre-ville. La ville ne manquant pas d’attraction on ne pense pas forcément à pousser la porte de ce monument religieux niché dans l’angle de la Plaza Virgen de la Encina. Pour la ville c’est pourtant un symbole primordial.


            La basilique raconte un âge d’or de Ponferrada. La Virgen de la Encina, sainte patronne de la ville, est aujourd’hui incarnée par une statue du XVIe siècle. La fête de la ville en son honneur a lieu le 8 septembre. Je reviendrai probablement dans un autre article sur l’histoire de la Virgen de la Encina lorsque je raconterai l’histoire de la statue qui trône sur la place. Revenons-en à la basilique. Celle qui s’élève aujourd’hui n’est pas le bâtiment d’origine qui avait été construit durant le XIIe siècle. A cette époque la ville avait été dotée d’une importance nouvelle avec l’arrivée des Templiers dont le château est le produit principal d’appel touristique de la Ponferrada d’aujourd’hui. La ville a donc connu un véritable âge d’or, mais quand elle envisage de se doter d’une église plus somptueuse, elle a peut-être oublié que les siècles ont passé, que la puissance des templiers n'est qu'un vieux souvenir et que le chemin de Compostelle n’est plus aussi couru qu’avant. Le développement du protestantisme a diminué le nombre d’appelés sur le chemin, et dans les pays catholiques les nouvelles formalités administratives limitent les départs.


Les travaux de la bâtisse qui nous intéresse commencent quant à eux en 1573. On fait appel à des grands spécialistes pour chapeauter le chantier, parmi lesquels Juan de Alvear qui a travaillé sur la cathédrale d’Astorga non loin de là. On table alors sur quelques années. C’est sans compter que les sous manquent et vingt ans après le début du chantier, à la mort du premier architecte, on est loin d’avoir terminé la grande église de la sainte patronne de la ville. Durant deux décennies on cherche une solution pour reprendre les travaux, c’est finalement Pedro Alvarez de la Torre qui est chargé de refaire des plans, lui aussi s’est illustré sur le chantier d’Astorga. C’est Pedro Alvarez qui lance la construction de la tour. Les architectes s’enchaînent, changeant les plans au fil de leurs inspirations et des modes, mais cent ans après la pose de la première pierre, l’église est utilisable. Le deuxième siècle de construction est surtout consacré à des ajouts. On avait ainsi abandonné l’idée d’une sacristie, trop coûteuse, elle est enfin au menu de cette période de travaux. En 1733 en plus il faut remonter le clocher, frappé par l’orage. Depuis cet incident on a fait très peu de modifications sur le bâtiment qui a traversé les siècles sans trop d’aléas.


Gravé dans la pierre, le souvenir des premiers pas de la tour


            En 1958 la Virgen de la Encina est reconnue officiellement patronne de la ville et l’église prend le titre de basilique. La vieille bâtisse a subi plusieurs restaurations, les années 2000/2010 ont été largement consacrées aux travaux de remise en état du bâtiment. En 2014 un grand travail de nettoyage et de réhabilitation d’une partie des murs extérieurs a eu lieu. En 2015, le programme de restauration de la tour débute. Plus anecdotique, parmi les multiples actions de préservation du petit patrimoine des lieux, les miroirs vénitiens de la sacristie sont pris en main durant l’année 2017. Enfin l’été dernier, en 2020, les habitant de la ville ont pu assisté à la descente des énormes cloches qui sont parties se refaire une beauté à Saldaña. Une ville décidément pleine de ressources pour le patrimoine, je vous avais emmené y visiter l’immense villa romaine de la Olmeda.



            La basilique de la Encina raconte le rêve d’une ville qui, perdant un peu de son éclat à l’international, se tourne vers le culte de celle qui deviendra sa sainte patronne. Aujourd’hui encore elle reste primordiale pour tous les habitants du Bierzo. Elle a aussi trouvé un public plus international avec les pèlerins qui chaque jour se pressent encore entre ses murs pour écouter une messe avant de s’élancer sur les routes.

            A bientôt pour de nouvelles découvertes.

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