mardi 5 janvier 2021

Ermitage de San Amaro : Le chemin de Compostelle incarné par un français sédentaire ?

 



            Lors de mon dernier passage à Burgos, à l’été 2019, j’ai poussé la promenade jusqu’au quartier de l’Hospital del Rey. L’antique institution, aujourd’hui transformée en université, dissimule dans son ombre un endroit charmant : l’ermitage de San Amaro. C’est ce petit morceau de patrimoine oublié des touristes du centre-ville que je vous propose de découvrir dans ce nouveau billet.



            L’histoire du saint Amaro est révélatrice du lien particulier qu’entretient la ville de Burgos avec le pèlerinage de Compostelle. Amaro serait un pèlerin d’origine française, voyageant vers le XIIIe siècle. Sur le chemin du retour il fait le choix de rester en Espagne. Celui-ci s’installe vraisemblablement à Burgos pour se mettre au service des voyageurs en route pour Saint Jacques de Compostelle et qui sont alors nombreux à se faire soigner à l’hôpital du Roi. Son dévouement est resté dans la légende jusqu’à faire d’Amaro un saint dont on sait bien peu de choses si ce n’est qu’il repose à Burgos et qu’un culte local lui est voué. L’ermitage est daté de 1614, les grands tableaux à l’intérieur représentant quelques épisodes de la légende de San Amaro datent aussi du XVIIe siècle. On doit cette série à Juan del Valle, peintre qui n’a pas connu une renommée au-delà de sa région. Bien que le bâtiment soit un lieu religieux c’est un monument élevé en souvenir d’Amaro et non, à proprement parler un ermitage dans le sens premier du terme.


            Depuis les années 1980, l’ermitage voisine l’université de droit de la ville. San Amaro ne veille plus sur les malades mais sur des hordes d’étudiants. Rares sont ceux qui s’égarent jusqu’à son ermitage, surtout en plein cœur de l’été. Quoique, il y toujours des messes qui sont données régulièrement entre ses murs. Le lieu est un havre de paix à l’écart du monde. Je vous conseille d’y aller à pied, vous ferez ainsi un tout petit morceau du chemin de Saint Jacques de Compostelle. Profitez en au retour pour visiter le monastère de las Huelgas, vous êtes à deux pas. 

            L’ermitage de San Amaro souligne les multiples institutions, par exemple les hôpitaux, qui rythmaient le chemin et s’ancraient dans le tissu local. L’histoire de certains personnages, comme saint Amaro, nous rappelle que le chemin, hier comme aujourd’hui, n’est pas constitué que de ceux qui s’y lancent mais aussi de tous ceux qui viennent en aide aux pèlerins. Il y a, le long de cette voie mythique, toute une population sédentaire dont la vie est rythmée depuis des siècles pas les aléas de l’histoire et de la mode du chemin.


            A bientôt pour une nouvelle visite dans un édifice religieux, encore.  

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