Dans les derniers articles du blog,
j’ai proposé de découvrir des musées méconnus, hors des circuits principaux, je complète aujourd’hui avec un troisième établissement. Nous allons nous rendre à
Medina de Rioseco. Il y a beaucoup de belles choses à découvrir dans cette
localité, mais nous n’allons pas commencer par les plus connues. L’approche de
Pâques me pousse à vous proposer des visites en lien avec cette période
particulière. Outre le grand musée de la semaine sainte à Zamora, de nombreuses
initiatives permettent de découvrir les Pasos hors de cette courte saison. Dès
l’an 2000, Medina de Rioseco va inaugurer son musée, je
vous propose de le découvrir.

Avant de vous parler du musée en lui-même,
quelques mots sur l’église qui l’abrite. C’est une église qui a cumulé les
malheurs depuis ses premier pas, au XVIe siècle. Les plans d’origine avaient été
conçus par Rodrigo Gil de Hontañón, architecte plus que renommé dans la région.
Nous avons déjà croisé plusieurs de ses œuvres sur le blog : la cathédrale
de Palencia, celle de Salamanca, le célèbre couvent San Esteban dans cette même
ville ou encore l’église Santa Maria de Valladolid. Il a semé ses œuvres
partout dans les deux Castilles et en Estrémadure. Le projet débute aux
alentours de 1550, mais, aujourd’hui comme hier, on peut faire des recours.
L’emplacement ne convient pas à tout le monde et une longue procédure de neuf
années démarre. A cela s’ajoutent des problèmes budgétaires. Autant vous dire
qu’au décès de l’architecte, en 1577, le projet est presque mort-né. Les
successeurs s’enchaînent durant un siècle, au bout duquel notre église commence
à ressembler à quelque chose, ses voûtes tiennent enfin la route. Début XVIIIe
siècle, la flèche est déjà en ruine et la façade demande quelques gros travaux.


En 1755, le tremblement de terre de
Lisbonne fragilise l’édifice qui se fissure largement. Un plan de restauration
est alors lancé. Juan Marcelino Sagarvinaga, futur architecte de la ville de
Salamanque s’attelle à la restaurer à la fin du siècle et achève son œuvre en
1803. Néanmoins les travaux coûteux ne suffisent pas, quatre autres très chères campagnes de
restauration seront menées durant le XIXe siècle. De fil en aiguille, l’église
n’arrive pas à être entretenue, malgré la vente d’œuvres pour financer les
travaux. En 1954, ce que beaucoup craignaient arrive, la voûte s’effondre. On
est tenace à Medina de Rioseco, on ferme les lieux pour une nouvelle
restauration qui permet au moins une réouverture partielle au printemps 1962.
Quatre ans plus tard, un incendie engloutit le retable et abîme l’intérieur de
l’édifice. La façade qui était soutenue, pas des contreforts depuis les années
1950, est démontée entièrement en 1969. Au milieu des années 1970, l’église a
retrouvé sa stabilité et sa façade, le problème c’est qu’elle n’a, en partie,
plus de toit. Nouvel effondrement en 1977 et abandon des travaux. Que faire
alors de ces lieux ? Les idées vont fuser. En octobre 1985, les travaux
commencent pour la création d’un centre culturel polyvalent, grandement financé
par la région. On souhaite alors en faire un exemple de restauration d’un
nouveau genre. Adieu donc l’idée d’en faire une grande place ou un centre
sportif.



Différentes solutions sont imaginées
mais tout commence par un long diagnostic du bâtiment. C’est finalement
une voûte en bois, que vous pourrez admirer lors de votre visite des lieux qui l'emporte.
Autant vous dire que cette restauration n’a pas fait l’unanimité. Après des
années de travaux, le musée ouvre enfin ses portes, il prendra finalement le nom
de Museo de Semana Santa. En effet, la semaine sainte de la commune est
labélisée « Fiesta de Interés Turístico Nacional e Internacional »
depuis 2009. C’est la cinquième de la région à être ainsi distinguée.

Le vaste musée vous accueille sous
sa voûte en bois. Je suis partagée sur la muséographie qui permet de mettre en
valeur les pasos mais ne met peut-être pas assez en avant l’église, son
histoire et les péripéties de sa restauration. La promenade est agréable, de
très belles pièces sont proposées. On notera que tout est mis en valeur, y compris les plus petits objets symboliques de la semaine sainte. La clarté des lieux, le volume,
la belle présentation en font une agréable visite lors d’un passage à Medina de
Rioseco, mais rien n’arrive à détrôner dans mon esprit, pour l’instant celui de Zamora.
Bonne visite dans cette jolie
localité.
Quelques
sources et lectures sur le sujet :
Pedro
Moleón « Linazasoro por tierras de Castilla » in Arquitectura Viva n°3, Novembre 1988
Ángel
Gallego Rubio, « La azarosa historia de la riosecana iglesia de Santa Cruz »
in lavozderioseco.com, le 25
septembre 2013.
Pilar Pérez
Salán, « La Semana Santa de Rioseco, declarada fiesta de Interés Turístico
Internacional » in elnortedecastilla.es,
le 6 octobre 2009
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