En
1977 mes parents visitaient pour la première fois l’Escorial, je faisais de
même 34 ans plus tard, en partant visiter le célèbre château, situé à moins de cinquante kilomètres de Madrid. Pourquoi ce court historique ? En 2011
les photos à l’intérieur étaient interdites, je suis donc retournée chercher les
diapos des années 1970 pour illustrer mon article. Rassurez-vous, rien n’a
vraiment changé, et les photos, que je vous propose, sont fidèles à ce que vous
pourrez découvrir pendant votre visite. Je fais ici une exception à l’esprit du
blog car L’Escorial se situe en réalité sur la communauté de Madrid, mais
historiquement il s’inscrit dans l’histoire de la région et méritait donc un
article.
Salle des batailles |
A
la fois château et monastère l’immense bâtisse fut édifiée par Philippe II,
fils de Charles Quint, comme panthéon pour la famille royale. Sa victoire en
1557, à Saint-Quentin, le jour de la Saint Laurent, est à l’origine de la
construction du monument, bien quelle ne débute réellement qu'en 1563. Elle se
termine en 1585. C’est un lieu de retraite spirituel pour le roi, celui-ci y
décède en 1598, mais c’est surtout un tournant dans l’histoire espagnole. La
cour, encore itinérante, se fixe à Madrid, et la ville de Valladolid perd du
même coup son statue de capitale du royaume, mais ceci est une autre histoire
que nous avions évoquée lors de notre visite de la Casa de Cervantès. Dédier ce
monument à San Lorenzo serait aussi un moyen de compenser la destruction d’une
église, consacré à Saint-Laurent, qui avait eu lieu suite à la bataille de
Saint-Quentin.
Ici reposent les rois d'Espagne depuis Charles Quint |
Tombeaux de membres de la famille royale |
L'Escorial s'inscrit aussi dans l'histoire européenne. En effet l’arrière-petit
fils de Philippe II eut à son tour l’envie de construire un château, moins
austère certes, mais grandiose puisqu’il s’agit de Versailles. Et puisque cela
semble de famille, le petit-fils de Louis XIV, devenu roi d’Espagne, laissa à
son tour sa trace dans le patrimoine du pays en faisant bâtir la Granja de San Ildefonso à une cinquantaine de kilomètres au nord de L’Escorial. La boucle
n’était pas tout à fait bouclée car au XXe siècle, à quelques kilomètres du
château/monastère de Philippe II, Franco ferait construire son monumental tombeau, dans la Vallée de los Caïdos.
La visite est assez chère, 10€, hors tarif réduit (mineurs, étudiants, familles nombreuses). Mais je vous renvoie à mon billet sur les visites gratuites pour découvrir les jours où, chaque semaine, la visite est accessible sans débourser un euro. La visite peut aussi bien se faire si vous découvrez la Castilla y Leon, ou bien être une excursion d’une journée lors d’un séjour à Madrid. Moment clé de l’histoire de la région car il s’inscrit dans la sédentarisation de la famille royale à Madrid et dans ses alentours, monument symbolisant l’alliance entre la monarchie et l’Eglise, il reste incontournable pour comprendre l’histoire du pays.
Un
article qui réfléchit, entre autres, aux origines du château et aux motivations du
roi :
Bayon Damian. L'Escorial est-il bien « espagnol » ?
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 17e année, N. 1, 1962.
pp. 23-45.
Et un autre article retraçant le parcours d’un acteur de la construction de l’Escurial :
Aubrun Charles-V.. Renée
Corneille, Fray Antonio de Villacastin, maître maçon del'Escurial, Bulletin Hispanique, 1958, vol. 60, n° 3, pp. 392-393
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