Suite de notre série sur les palais,
avec un petit tour à Valladolid. Cette ville s’illustre par ses nombreuses
résidences de la fin du Moyen âge et la Renaissance. Un peu à l’écart du quartier
purement touristique, à deux pas de la plage de las Moreras et du Viejo coso,
vous trouverez la bibliothèque municipale qui a pris ses quartiers dans un
ancien palais, celui des contes de Benavente. Remontons le temps pour
comprendre comment la demeure d’une si riche et importante famille castillane
est devenue un lieu ouvert à tous.
Construit en seulement cinq ans, il
est terminé en 1520. Propriété du comte Alonso Pimentel, qui avait acheté le terrain
en 1475, il reste influencé par l’aspect militaire des anciennes demeures, aux
angles du bâtiment on trouve des extensions architecturales carrées qui rappellent
des tours. L’immense palais appartient à une famille en vue, dans une ville qui
devient progressivement la capitale du royaume. Il n’est donc pas si étonnant
qu’une partie de la famille royale y prenne ses quartiers à la fin du XVIe
siècle. Nous avons vu dans d’autres articles à quel point Philippe II s’était attaché à la ville, où il était né, et de quelle façon il avait changé son
visage. En 1601 c’est sa petite fille qui nait dans le palais de comtes de
Benavente où vit le futur Philippe III. Cette petite fille nous la connaissons
bien dans l’Histoire de France, si on l’appelle alors la Infanta doña Ana
Mauricia, les petits français apprennent qu’elle s’appelle Anne d’Autriche,
femme de Louis XIII et mère de Louis XIV.
C’est la période faste du monument,
mais deux grands incendies vont fortement endommager le palais à une cinquantaine
d’années d’intervalle. Le premier survient en 1667 et le deuxième en 1716. Les incendies
ont plusieurs fois ravagé la ville, rappelez-vous la Plaza Mayor actuelle a été
réalisée suite à cela. Après à ces deux drames, le palais va subir des
transformations architecturales importantes. Mais il ne retrouvera pas sa
splendeur et devra attendre de devenir un bâtiment public pour sortir de la
désuétude où il s’était progressivement enfoncé.
Au
XIXe siècle la vie du palais va connaître un nouveau tournant. En effet un
hospice dont les origines remontent au XVIe siècle s’installe dans ses murs
sous le nom de Real Casa de Misericordia, tout en faisant aussi office de
maternité et d’orphelinat. Installé dans une autre noble demeure auparavant, le
transfert de l’hospice dans le palais des comtes de Benavente nécessite des
travaux d’aménagement menés par Pedro García González. Il ouvre en 1801. Ainsi
le palais fut-il réaménagé et accueillit de plus en plus d’enfants, que les circonstances
privaient de leurs parents. Cette tâche se poursuivit encore durant le XXe
siècle puisque dans les années 1950 il accueille encore plus de 400 enfants. Hospice
et orphelinat ferment leurs portes durant les années 1970.
Une
restauration est décidée et entamée dès les années 1980. Que faire du bâtiment ?
Il va finalement garder sa vocation de service public, puisqu’il ouvre ses
portes en 1990 en tant bibliothèque. Depuis bientôt trente ans le palais a donc
trouvé une nouvelle vie, après avoir connu les plus hauts personnages du
royaume, puis les plus miséreux, il est devenu le refuge des livres. Les gens
vont et viennent dans le palais, parcourent un ouvrage au soleil du patio, se
rencontrent sur la place.
Si
vous passez devant, n’hésitez pas à rentrer dans le patio.
BERZAL
E. « Un palacio transformado en hospicio », elnortedecastilla.es, le 27 septembre 2016
URRERA
J. « Palacio del Conde-Duque de Benavente » bibliotecas.jcyl.es
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