vendredi 14 février 2025

Le museo Rodera-Robles, l’amour de Ségovie raconté pas ses artistes.



            Après une série sur les églises ces deux derniers mois, j’ai envie de vous emmener à nouveau à Ségovie où le blog n’est pas allé depuis un moment. J’ai eu la chance, lors de mon dernier passage de profiter de différents musées que je ne connaissais pas, celui de la Tour Lozoya et l’église-musée des Zuloaga. J’en ai visité un autre durant ces mêmes vacances : le museo Rodera-Robles. Derrière ce nom, composé par celui des fondateurs, se cache un musée d’art hétéroclite et unique en son genre.

            Avant de parler de l’histoire du musée, penchons-nous sur le bâtiment où il est installé. C’est un palais urbain comme on en a déjà vu souvent sur le blog. Celui-ci n’a pas le prestige de certains de ses homologues monumentaux comme celui de Palentinos de Avila ou Pimentel à Valladolid. La Casa del Hidalgo fut construite à Ségovie vers 1500. Comme beaucoup de bâtiments de ce type, il perdit son rôle premier. On trouve assez peu de détails sur la fin de sa fonction en tant que maison aristocratique. Elle est déclarée monument national en 1955. Une chose est sûre, il fut occupé de 1967 aux années 1990 par le musée provincial, dont je vous ai déjà parlé sur le blog. Lors de votre visite, vous verrez qu’on a largement mis en valeur les éléments qui rappellent la fonction d’habitation du bâtiment. Vous allez pouvoir ainsi, de la cave à la cuisine, naviguer dans tout le palais, autour du patio central.     



            Le 31 mars 1995, à Madrid, un riche collectionneur décède, il s’agit de Ángel Eduardo Rodera de Frutos. Né à Ségovie en 1910, il n’a cessé, avec son épouse Rafaela Robles Cézar, de collectionner les peintures, sculptures et photographies liées aux paysages de sa ville natale. Amateur de photographie, Rodera ajoute à sa collection ses propres clichés de la Castille qui constitueront plus tard un fond iconographique passionnant, témoin du siècle. De cette vie de collectionneur, le couple va laisser un legs, eux qui n’eurent pas d’enfant, qui va être valorisé avec la création d’une fondation au décès de Rodera. Le 29 avril 1996, la Fondacion cultural «Rodera y Robles» voit officiellement le jour. Le premier objectif est de trouver un lieu pour créer un musée et mettre en valeur à la fois une collection permanente et des séries temporaires. La Fondation décide d’acquérir la Casa del Hidalgo qui vient d’être délaissée par le musée provincial. Le projet ouvre ses portes au public en 2002.


C’est une réussite, lors des 15 premières années de son existence, il accueillait en moyenne 4500 visiteurs par an. Les instances dirigeantes ont rapidement noté que la majorité des visiteurs n’était pas espagnols, laissant entrevoir une certaine renommée à l’international pour ce lieu hors du temps. Le musée a survécu, malgré la crise Covid, à la fermeture durant plusieurs mois, et dès août 2020 a rouvert avec une exposition temporaire.


Au sous-sol, en plus du puits, vous pourrez
admirer une salle consacrée à l'imprimerie
et à la lithographie.


Les lieux sont reposants, sorte de bric à brac artistique, où le couple de collectionneurs ne s’est laissé guider que par le plaisir et non par un plan spéculatif. Grâce à eux, de nombreuses œuvres considérées comme mineures, sont aujourd’hui mises en valeur car elles racontent leur Ségovie bien-aimée. L'entrée est à un prix raisonnable, 2€ de mémoire, et c'est gratuit le mercredi. Ce musée devrait profiter du dynamisme touristique qu’on tente d’insuffler dans ce quartier. Au bout de la même rue vous trouverez une belle vue sur l’aqueduc avec la statue du diable qui fit tant polémique, il y quelques années, mais c’est une autre histoire que je vous ai déjà racontée.


Bonne promenade à Ségovie.     


Pour aller plus loin :

« El legado de un enamorado de Segovia » in segoviaudaz.es, le 18 septembre 2017     

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