Sur la place, on ne prend pas la mesure de la taille de l'hôtel, il faudra passer coté murailles pour se rendre compte du monstre architectural. |
Les vacances approchent, le blog a donc envie à se pencher sur un élément qui en fait partie plus que tout : l’hôtellerie. Je vous propose de commencer une série qui s’intéressera à l’histoire de quelques hôtels de la région. Ce n’est pas la première fois que je me livre à cet exercice sur le blog, je l'avais déjà fait à Astorga, Ciudad Rodrigo et Segovia. Vous les retrouverez désormais sous le mot clef « Hôtel historique ». Pour notre première visite, direction un hôtel que j'ai fréquenté il y a quelques années : las Sirenas à Segovia devenu Hotel Real. Pour cela rendez-vous Plaza San Martin, de l’église du même nom dont nous avons déjà raconté l'histoire sur le blog.
Nous sommes
bien loin de la mer dans cette ville au cœur de la Castille. Les sirènes qui
donnent le nom à l’hôtel sont uniquement deux statues du milieu du XIXe siècle
sur la place. Elles ont déjà un siècle quand, en 1952, l’établissement ouvre
ses portes. La plupart des articles, qui rappellent aujourd’hui ses années de
gloire, indiquent que ce projet du Casino de Ségovie s’inspire alors du Hilton
de Madrid. C’est un énorme bâtiment qui pousse dans le centre historique de la
vieille ville castillane. L’Espagne commence alors à s’ouvrir à nouveau au
monde, Ségovie n’est pas en reste et ouvre plusieurs hôtels durant cette
décennie.
Las Sirenas va tirer son épingle
du jeu avec des hôtes de marque. Les stars de cinéma hollywoodiennes qui
viennent tourner dans la région s’installent, parfois plusieurs mois, dans
l’hôtel. Celui-ci en fera, longtemps encore, un produit d’appel. Orson Wells,
Charlton Heston, Cary Grant ou Sophia Loren font partie des quelques dizaines
de noms que l’hôtel tient à voir associer éternellement à sa réputation, qu’ils y
aient séjourné ou seulement esquisser quelques pas de danse. En effet, l’hôtel
possédait aussi une discothèque dont nous reparlerons plus bas. C’est un lieu
qui marquera aussi longtemps le souvenir des habitants dont certains fêteront
leur mariage dans cette salle qui avait ouvert dès 1946, soit huit ans avant
l’hôtel. Durant ses heures de gloire, l’hôtel compte, au bas mot, au moins une
cinquantaine d’employés.
Dans
les années 1970, une réforme immobilière a lieu et les bâtiments sont séparés,
l’hôtel d’une part et de l’autre côté une entreprise spécialisée dans la
distribution d’électricité qui occupe une partie des locaux. Le Casino,
propriétaire des différents murs, s’installe dans l’ancienne salle des fêtes.
C’est donc une période où l’hôtel voit moins grand, mais continue d’exister. La
discothèque est devenue une salle de bingo. L’hôtel, lui, perd de son prestige,
le monde du cinéma change, les tournages ne s’installent plus des mois dans la région,
ils sont plus rapides, plus mobiles. L’hôtel garde son apparence luxueuse, mais
les étoiles diminuent, la clientèle moins aisée profite des lieux. L’hôtel
s’adapte aussi au changement touristique de la ville, la piétonisation de la
rue principale par exemple. Certains regrettent ainsi que l’hôtel ne voit plus les
voitures accéder à l’entrée qui donne sur la place historique.
En 2015, le Casino loue l’hôtel et
en confie donc la gestion à une filiale du groupe Sercotel qui décide de
moderniser les lieux. L’objectif est alors de remonter en gamme et de créer un
hôtel 4 étoiles. J’ai eu la chance d’y séjourner l’été où l’hôtel effectuait sa
mutation, j’ai dormi quelques nuits dans les anciennes chambres que je
connaissais déjà, avant d’être transférée dans une aile rénovée pour la fin de mon
séjour : plus moderne, moins de charme, mais toujours en valorisant son passé
hollywoodien avec des portraits des anciennes stars affichés dans les
chambres. Tout est fait pour regagner son prestige et finalement l’hôtel va
réussir son pari et obtenir à nouveau ses 4 étoiles en 2016. Les gestionnaires
de Las Sirenas ont par ailleurs agrandi leur projet en 2019 avec la récupération de la partie occupée par la compagnie électrique qui
lui a permis d’ajouter à l’offre de l’hôtel 20 appartements touristiques.
Cette période de travaux est aussi le moment de faire renaître, via une
restauration importante la salle de la discothèque, réservée aux sociétaires du Casino. Les multiples réformes
architecturales ont aussi permis la rénovation et l’ouverture de la terrasse
qui, dit-on, offre un magnifique point de vue sur la ville.
Vue (en 2015) depuis une des anciennes chambres
Aujourd’hui,
l’hôtel continue d’exister mais a dû abandonner totalement le nom de Sirenas
fin 2016, suite à une démarche juridique pour un risque de confusion avec une
autre marque. C’est donc l’hôtel El Real que vous trouverez désormais, héritier
d’un passé brillant et lointain, qui doit à son tour se faire un nom. Je ne
sais pas si le hasard de mes voyages me donnera encore l’occasion de
redescendre dans cet hôtel qui fait partie des trois que je connais dans la
ville.
N’hésitez
pas à partager l’histoire des hôtels de Ségovie que vous avez vous même visités.
« El Hotel Sirenas aspira a
ser de cuatro estrellas » in elnortedecastilla
le 21 mars 2015
ARRIBAS S. « El viejo edificio
Sirenas mutará en apartamentos turísticos » in eldiasegovia.es le 15 janvier 2019
ARRIBAS S. « El baile de Cary
Grant en Segovia » in eldiasegovia.es
le 18 novembre 2019
Gómez V. « Una nueva vida para
el hotel del viejo Hollywood » » in elnortedecastilla
le 19 octobre 2015
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