mercredi 20 août 2014

La cathédrale de Valladolid : L'œuvre inachevée d'un grand maître de la renaissance


            Après l’univers de Gaudi, remontons un peu le temps pour compléter la liste des articles présentant les cathédrales. J’en ai visité trois nouvelles cette année, à Valladolid, à Soria et à Astorga. Commençons par la première, œuvre d’un artiste que nous avons déjà croisé dans certains billets : Juan de Herrera (1530 – 1597). Il a notamment travaillé sur l’Escorial, il supervisa en effet de nombreux projets du roi Philippe II. C’est donc assez naturellement que ce grand artiste de la renaissance espagnole se voit confier la construction de la cathédrale de Valladolid.



            Les travaux débutent en 1589. Juan de Herrera a dessiné les plans d’un grand édifice, avec deux tours en façade et une impressionnante emprise au sol. Le roi et l’architecte voient grand puisqu’il semblerait que cette cathédrale aurait du être le plus grand édifice religieux après celui du Vatican, une fois terminé. Bien des obstacles pourtant s’opposent à la construction de la cathédrale, premièrement le roi préfère faire appel à la papauté pour le financer qu’à un ordre religieux, ce qui complique les choses. L’autre problème est la destruction de la iglesia de la Antigua qu’implique le projet de Juan de Herrera, ce que la ville de Valladolid n’accepte pas du tout. Après la mort de son créateur, la cathédrale verra se succéder différents artistes, mais elle ne sera jamais terminée d’où son apparence actuelle. En 1668 on décide de consacrer la bâtisse en l’état. Le chantier connaît un premier arrêt au milieu du XVIIe siècle.

Intérieur sobre et austère  


Au XVIIIe siècle c’est Alberto Churriguera, et son neveu, qui reprennent les travaux. Eh oui, encore lui ! C’est bien le même homme qui lança le projet de la Plaza Mayor à Salamanca, aida son frère dans la réalisation du retable de San Esteban, travailla sur la nouvelle cathédrale.... Il réalise en partie la façade de l’édifice à Valladolid. En 1755 l’unique tour qui avait vu le jour, est gravement endommagée par le célèbre tremblement de terre de Lisbonne. Malgré quelques réparations, durant l’année 1841 la tour s’écroule. Suite à cela on envisage de reconstruire les deux tours prévues par les plans de Juan de Herrera. Finalement une seule est terminée en 1885.
Le retable de
Juan de Juni
Les deux premiers tiers du XXe siècle ne furent pas plus cléments avec la cathédrale, bien qu’on apporta quelques nouveaux éléments artistiques. En 1920 on remplace les retables d’origine par le maître-autel réalisé par Juan de Juni pour la iglésia de la Antigua. En 1923 la statue de Jésus qui surplombe la tour est installée. Cinq ans plus tard les grilles du chœur, datant du XIIIe siècle, sont vendues, vous les trouverez aujourd’hui au Metropolitan à New York où elles furent installées en 1956. En 1884 on construit à coté de la cathédrale un marché en métal et en verre, ce ne sera pas au goût des années 1970 qui, dans le but de dégager l’espace autour de la cathédrale, le font tout bonnement raser en 1974.
Aujourd’hui nous pouvons contempler environ un tiers du projet originel. Le monument a été classé "bien d’intérêt culturel" en 1931. Pourtant tout n’est pas encore réglé pour la cathédrale, qui s’est retrouvée au cœur d’un débat enflammé au printemps 2014 pour savoir si oui ou non un ascenseur devait permettre d’accéder au sommet de la tour. Les antis dénoncent le million d’euros dépensé pour cette installation à l’heure de la crise économique. Les soutiens du projet estiment que celui-ci serait un vrai atout proposant une nouvelle vision de la ville. Si les travaux ont commencé, la polémique reste vive, et tout le monde n’admirera pas l’ouvrage une fois terminé. Mon expérience personnelle m’amène à comparer ce projet avec les visites proposées à l’université pontificale et à la Cathédrale de Salamanque. C’est assez extraordinaire de pouvoir admirer la ville de ce point de vue, mais dans les deux exemples cités la montée se fait à pied, le coût des travaux a donc du être bien moindre. Mais Valladolid veut ouvrir cette attraction aux personnes à mobilité réduite, et du même coup propose un accès modernisé pour conquérir les touristes. N’hésitez pas à laisser votre avis sur ce problème dans les commentaires.

Depuis le parvis de la iglesia de la Antigua on voit bien
que la cathédrale n'a pas été terminée

Bonne visite de la cathédrale qui vaut le détour, et tant qu’à pousser les porte de l’édifice rendez vous au musée diocésain, magnifique . J’écrirai un article sur ce musée à part dans quelques temps.  
Bon voyage à Valladolid



  

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