Les articles
s’enchaînent et certains auront remarqué que Valladolid n’est plus vraiment à l’honneur sur le blog. Certes j’en
ai énormément parlé l’année passée, mais ce n’est pas une raison pour l’oublier
totalement. Je vous emmène découvrir un monument oublié à Valladolid, que je
n’ai évoqué pour l’instant qu’une fois sur le blog, lors de l’interview d’Ana. Suivez-moi
jusqu’au cloître de las tabas (les os), dans l’ensemble de las francesas, lieu
ignoré des touristes et pourtant situé sur le chemin qui mène de la Plaza Mayor
au Campo Grande. Nous allons en profiter pour commencer une série sur le
patrimoine en danger. Le hasard faisant bien les choses, on parlait il y a
quelques jours dans les journaux des projets autour de ce cloître, aujourd’hui
abandonné. Venez le découvrir, car vous allez voir, il vaut le détour.
Je suis arrivée par hasard dans ce cloître en sortant du supermarché, c’est vous dire que je ne
m’y attendais pas. Le passage des Francesas, imbrique à la fois la structure
moderne de la galerie commerciale et le couvent qui existe depuis le XVIe
siècle. Fondé par deux sœurs, le couvent fut une véritable institution dans la
ville, et ce pendant plusieurs siècles. Peu à peu les lieux atteignirent leurs
apparences finales, au XVIIIe siècle, avec la construction des différentes
extensions du couvent. Le nom de las Francesas, dont a hérité la galerie marchande,
vient des sœurs dominicaines qui s’installèrent ici en 1886. Le couvent devient
alors école, on en trouve quelques photos sur internet. Les années 1970
arrivèrent et la communauté s’en alla pour des quartiers où les familles avec enfants
étaient plus nombreuses. Une partie du monastère disparut, purement et
simplement détruit. Depuis l’église a été rachetée et transformée en salle
d’exposition par la mairie. En décembre 1985 le nouveau centre commercial ouvrit
ses portes, construit autour du patio, seul vestige de l’ancien couvent.
Ce qui fait la
valeur des lieux c’est évidemment une belle architecture, mais aussi son sol à
motif fait de pierres et d’os d’origine animale. Le cloitre est désormais
abandonné et se détériore peu à peu. Les habitants des immeubles alentour tirent
la sonnette d’alarme depuis quelques années. Ils arguent que si ce bijou de la
Renaissance était à « Bilbao ou à Barcelone » il serait restauré
depuis longtemps. L’entretien n’est plus assuré, pas même le courant, comme le
nettoyage des couloirs, des éclairages… Les dégradations arrivent parfois,
vitres brisées par exemple, sol dégradé, en effet les fêtards trouvent parfois
refuge dans ces murs à l’abri de la pluie. Le coût de la rénovation s’élèverait
à près de 394 000 €, et par les temps qui courent les hésitations sont nombreuses
quant à l’investissement d’une telle somme, et puis les propriétaires sont
multiples. La galerie basse est à la charge des magasins, le premier étage et le
second appartiennent eux aussi à deux personnes différentes.
Attendons de
voir ce que l’avenir nous réserve, en espérant que nous n’attendions pas trop…
J’espère retourner un jour dans ce patio et le découvrir restauré et admiré des
visiteurs. En attendant n’hésitez pas, vous, à pousser votre promenade hors des
sentiers battus en faisant un petit détour par ce monument oublié.
Rendez-vous à
Burgos pour notre prochain article
ASUA J. « Comercio y vecinos
alertan del avanzado deterioro del claustro de Las Francesas » El Norte de
Castilla, 5 mai 2013 [Disponible
en ligne, consulté le 18 octobre 2015]
ASUA J. « El Ayuntamiento de
Valladolid recurre a la Junta para reparar el Patio de las Tabas » El
Norte de Castilla, 13 octobre 2015 [Disponible
en ligne, consulté le 16 octobre 2015]
« Los actos vandálicos
causan nuevamente la rotura de uno de los ventanales del patio de Las Tabas de
Valladolid » Europea Press, 22 janvier 2014 [Disponible
en ligne, consulté le 18 octobre 2015]
C'est dommage, il y a des joyaux qui se perdent par manque de fonds. J'habite à Lima et je vois tous les jours des grandes maisons qui furent magnifiques ou même des bâtiments coloniaux complètement à l'abandon, sales mêmes, parfois envahis par des commerces moches. Rénover ce genre d'architecture coûte cher et l'intérêt du gouvernement n'y est pas toujours..
RépondreSupprimerOui c'est toujours compliqué, et parfois la volonté n'y est pas. Votre commentaire montre bien l'universalité du problème. Merci de votre passage sur le blog.
SupprimerQuelle dommage de voir de tels édifices tomber en pièces. C'est souvent le problème de l'appartenance dans les pays du sud de l'Europe. On voit la même chose en Grèce ou en Italie. On retrouve des monuments avec des parties appartenant à plusieurs familles qui ont bien d'autres priorités que de s'occuper des vieilles pierres et du coup on laisse tout ça à l'abandon, à l'occupation jusqu'au jour où il n'y aura plus rien à restaurer malheureusement.
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