Rares sont les lieux de Castille que j’ai découverts sous la pluie, la Plaza Mayor de
Burgos est donc une exception. Passé en coup de vent un jour pluvieux, au
printemps, je n’avais gardé de cette étape qu’une envie, redécouvrir la ville
sous un temps un peu plus ensoleillé. Mon vœu se réalisa l’été suivant, et je
ne fus pas déçue par les couleurs éclatantes des maisons de la place principale
et l’ambiance particulière qui s’y installe le soir. J’ai mis beaucoup de
temps à me décider à écrire cet article car ce n’est pas une place-monument comme
à Valladolid, ou un projet d’architecte, c’est donc plus difficile d’en faire un
récit linéaire. Essayons tout de même.
Avant
de s’appeler Plaza mayor, l’esplanade fut longtemps connue comme place des
marchés. La tenue de ceux-ci était un privilège accordé par les souverains aux
villes, pour Burgos à la fin du Moyen-âge. Les rois justement sont souvent à l'honneur dans les villes, et en 1784 un industriel paye la statue du souverain alors en place,
Carlos III, qui se trouve au milieu de l’esplanade. C’est la construction de la
mairie qui transformera définitivement les lieux en centre de la ville.
La construction del ayuntamiento s’achève en 1791. Son architecte Fernando
González de Lara a beaucoup œuvré à Burgos sa ville natale. Pont, maisons
privées, prison, école, il est un peu touche à tout. La place se construit
progressivement, et propose de nouveaux visages, différents bâtiments marquent ces
changements. On remarquera la maison de Mercure, sur laquelle je reviendrai dans un article plus long, marque du modernisme, ou l’ancien bâtiment de l’hotel moderno.
La mairie |
Casa del Mercurio |
L'ancien Hotel Moderno |
Au
vu des photos, que l’on trouve aisément sur le net, je dirais qu’au cours du
XXe siècle, la Plaza Mayor doit être une des places de la région qui a le plus
changé de visage. Dans les années 1920 les voitures sont déjà là, mais assez
rares, elles se garent à l’ombre des arbres qui peuplent le centre de la place.
Plusieurs fois au cours de son histoire, la place est noyée sous les eaux de
l’Arlanzon. Ce fut le cas en 1930, une inondation qui reste particulièrement marquante, les
lignes rouges sur les piliers de la mairie repèrent le niveau maximal qu’elle
avait alors atteinte. Est-ce suite à ces événements que la place fut refaite ? Quoi qu’il en soit les photos des années qui suivent nous révèlent une place dénudée
de toute végétation. C’est à cette époque que le bâtiment du Casino, qui s’impose
par sa taille, est construit sur la place.
Les lignes de crues |
Un square central avec quelques arbres verra à
nouveau le jour, en témoignent les clichés des années 1950. La place est devenue un vrai parking, bien
avant qu’on ne construise celui d’aujourd’hui en sous-sol, les années soixante
l’avait vue totalement envahie par les voitures. Les pauvres arbres se retrouvent
noyés dans les véhicules. Un parking souterrain finit par être construit en 1971
pour pallier à l’envahissement des automobiles. En 1975 la ville abandonne le
nom de José Antonio (Primo de Rivera) pour revenir au nom d’usage du lieu :
la Plaza Mayor. Nous l’avons vu, ce retour à des noms moins polémiques est alors
en marche comme avec la place de Ségovie. Dans les années 1980, les
photos témoignent de la disparition des arbres, au profit d’une grande
esplanade centrale autour de laquelle circulent les automobiles.
Le grand Casino |
En
2002 c’est le grand bouleversement avec un plan de réaménagement total de la
place. On refait notamment un sol qui en soi a plutôt belle mine, des dalles
rouge-brique qui donnent au lieu une apparence encore plus chaleureuse. Mais
depuis bientôt quinze ans, l’entretien de ce sol creuse les budgets. Fragiles,
inadaptées, on voit régulièrement des ouvriers s'affairer au remplacement des
dalles. Les nombreux plots rouges et blancs, présents sur les photos, servent à délimiter les endroits trop endommagés. Pour l’instant la ville n’a pas encore trouvé un moyen de remplacer ce
matériau, qui est donc régulièrement sujet à polémique.
Lors
d’un voyage à Burgos, il serait vraiment dommage de ne pas passer une soirée
sur la Plaza Mayor de la ville. L’ambiance n’est pas à la fête comme à Salamanque,
mais elle est pour autant très animée, les familles s’y retrouvent, parfois au
hasard d’une promenade. Les enfants passent des heures à jouer sur la place,
pendant que parents et grands-parents s’éternisent aux terrasses. Tout à coup des
jeunes, sur leurs vélos, traversent à toute vitesse l’esplanade. C’est l’image étonnante
d’une place dont s’emparent toutes les générations. Les touristes
remarqueront ce qui fait tout de même toute son originalité dans la région, ses
couleurs, vives et multiples, on est loin de l’uniformité de la place deValladolid. J’espère que, comme moi, vous apprécierez cette étape.
A bientôt.
CADINANOS
BARDECI Inocencio « El arquitecto fernando gonzalez de lara: notas a su
vida »
GONZÁLEZ
« Las obras de la Plaza Mayor «acaban» con un desfase de 3 millones y
reformas pendientes El proyecto fue aprobado por el anterior equipo de gobierno
y «no es un ejemplo a seguir» para el actual » ABC, le 23 novembre 2005 [Disponible en
ligne,
consulté le 13 juin 2016]
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