jeudi 30 juin 2016

Iglesia San Nicolas : Un héritage disséminé


Nous traitons des monuments liés à la religion en ce moment, retour aux églises et à Soria aujourd’hui. Enfin une église, c’est beaucoup dire, la dénomination de ruine serait plus adaptée, un peu comme les restes du couvent San Francisco à Burgos. L’église San Nicolas se situe à deux pas de la cathédrale, c’est justement en m’y rendant que je l’ai découverte.



On ignore avec précision la date de sa construction, mais on est à peu près certain que c’est une église du XIIe siècle. C’est environ à cette époque qu’en Angleterre, l’homme d’église Thomas Becket, se fait connaître en défendant les privilèges de l’Eglise. En conflit avec Henri II, il finit ses jours assassiné à Canterbury par les partisans du roi. Le souverain et lui avaient pourtant été amis lorsqu’ils étaient plus jeunes. Mais que me prend-t-il de vous parler de l’histoire anglaise ? On est tout de même bien loin des rivages de la Manche. Certes la dépouille du martyre draina un flot de pèlerins presque aussi important que Compostelle. Il faut dire que Thomas Becket a été béatifié par Rome, trois ans seulement après sa mort. La raison de cette digression n’est pas une histoire de concurrence sur le marché du pélerin, c’est une surprenante fresque qui représente cet assassinat dans l’église castillane. Mais pourquoi donc cette représentation, ici ? Je vous ai déjà parlé de l’attachement du roi Alphonse VIII (1155 - 1212) pour la ville où il trouva refuge enfant, on lui doit l’église Santo Domingo. Sa femme se trouve être la fille d’Henri II d’Angleterre, et au passage d’Aliénor d’Aquitaine. C’est elle qui fit commander cette fresque, à peine visible aujourd’hui, en l’honneur de l’ancien ami et victime de son père. Voilà donc comment un petit fragment de l’histoire anglaise se révèle au fin fond de l’Espagne moyenâgeuse


Mais la vie de l’église qui avait démarré sous la protection des rois se complique. Au XVIIe siècle, une première destruction a lieu, on supprime une chapelle, celle de Sainte-Catherine. Le siècle suivant voit le monument amorcer son déclin, bien qu’on procède encore à quelques rares restaurations. Au milieu du XIXe siècle le monument étant considéré comme dangereux on démolit sa voûte. Son tympan, lui, ne fut pas détruit c’est l’église San Juan qui en hérita en 1908. Celle-ci était alors en pleine réhabilitation.  En 1933 on commence à démonter les murs qui pourraient bien s’effondrer si rien n’est fait. Les travaux sont assez longs, un bas-relief est découvert en 1935, pour le voir, rendez vous dans la cathédrale. A partir de là les cryptes seront à leur tour redécouvertes et la structure progressivement mieux comprise. Le retable avait été sauvé bien avant, on le trouve à l’église San Francisco. 

Le tympan présent à San Juan

En 1962, l’église, enfin ce qu’il en reste, est déclarée monument historique. S’ensuit dans les années 1970 un regain d’intérêt pour les lieux, qui commence à faire l’objet de consolidations et de recherches. En 1978 un chanoine commence à attirer l’attention des spécialistes sur la fresque de Thomas Becket. Dans le courant de l’année 2009 on entreprend de protéger dignement cette œuvre. Les travaux de mise en valeur et de réhabilitation de l’église s’achèvent en 2011.  En 2014, la réhabilitation fait l’objet d’une décision de justice notamment pour son prix excessif.


Ces travaux qui permettent de fermer le périmètre de l’ancienne église, ne sont pas pour autant une réussite esthétique, on est dans un style très rouille… Néanmoins la remise en valeur de ce patrimoine est une bonne idée, quoique de tels travaux étaient-ils nécessaires ? Il reste à rendre les explications et la compréhension du monument facilement accessible aux touristes. Il me semble que des visites commentées ont lieu. Isolée, méconnue, cette église a encore du pain sur la planche avant d’être reconnue par les touristes comme une étape lors d’une promenade dans la ville. Et si vous étiez de ceux là ? Pourquoi lors de votre voyage ne pas vous y arrêter en chemin pour la cathédrale ?

Une entrée très rouille...

Sur ce bon voyage et belles découvertes   

SANTOS Belen « El Juzgado condena al Ayuntamiento a pagar 229.000 euros por un exceso de obra » Diario de Soria, le 6 mars 2014 [Disponible en ligne, consulté le 26 juin 2016]

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