Nous revoilà à
Salamanque, pour découvrir une église qui m’a marquée lors de mon dernier
voyage. L’église del Carmen de Abajo ne se situe pas dans la ville intra-muros,
mais au pied des murailles, un quartier moins fréquenté par les touristes
alors que nous ne sommes pas si loin d’autres attractions, comme le couvent San Esteban. Je dis bien que cette église m’a marquée et non plu, vous allez
comprendre pourquoi. Mais intéressons-nous à l’histoire du monument avant de
pointer ce qui ne m’a pas séduit.
Le monument actuel
date du XVIIe. L’église précédente ayant été détruite par une inondation. Celle-ci dépend du couvent San Andres installé juste à côté. C’est pour cela que vous verrez
des moines dans l’église encore aujourd'hui, parfois affairés à préparer les lieux, ou à répéter au piano. C’est dans ce couvent que logea le fondateur des
Carmes déchaussés, dont je vous avais présenté la statue à deux pas, dernièrement, San Juan de la Cruz. Nous retrouvons dans cet article une réalisation de la famille d’architectes Churriguera, ici deuxième génération. Manuel travailla au XVIIIe siècle sur ce
monument, notamment une façade, qu’on dit être une des plus belles réalisations
baroques de la ville, et de la famille d’architectes. Malheureusement elle n’est
plus visible aujourd’hui, bien que toujours existante. Avant de vous expliquer
ce petit « miracle » reprenons le cours de l’histoire de notre
monument. Guerre d’indépendance et demortizacion frappèrent les carmélites, qui
ne revinrent à Salamanque qu’en 1948. En 1953 on posa les premières pierres de
la grande résidence qui est accolée à l’église. Et ainsi on fit disparaître aux
yeux du monde le travail de l’architecte baroque, mais son homologue du XXe
siècle prit soin de ne pas détruire ce trésor. Il lui laissa un minuscule
espace entre l'ancienne église et le nouveau bâtiment. En 1975 la résidence fut ouverte aux étudiants, jusque-là elle logeait
des religieux et, semble-t-il, des étudiants de la formation en théologie. Elle
permet à la ville d’offrir 90 logements individuels, toujours gérés par les
moines du couvent.
Mais les
touristes ne peuvent, à l’heure actuelle, découvrir l’œuvre de Churriguera. L’ordre
travaille donc à une solution pour offrir à nouveau cette œuvre à l’œil du
public. Individuellement, ils leurs arrivent d’accompagner certaines personnes
pour découvrir ce trésor caché mais, c’est compliqué, et la vue est, parait-il,
peu aisée par les fenêtres. En janvier 2016, la communauté a soumis un grand
projet de modification de la résidence et d’installation d’un ascenseur translucide
pour découvrir cette façade cachée dans ses moindres détails (plus d’explications dans l’article cité en fin de ce billet) Affaire à suivre donc. En 2015, le
petit retable a été restauré par des professionnels, il en avait besoin notamment
pour faire disparaître les restaurations amateurs qui avaient laissé des
traces. C’est justement les peintures sombres et peu engageantes qui m’ont
saisie autour de ce retable et m’ont laissée une mauvaise impression. Je n’ai vu
que ça, vous me direz, l’église n’est pas très grande non plus… Cette « œuvre »
est-elle si foncée d’origine ou est-ce la conséquence des vernis anciens qui se
noircissent inexorablement ?
Si cette église
n’est actuellement pas une visite prioritaire de Salamanque les projets que l’on
souhaite y engager pourraient changer la donne, du moins faudrait-il que les
pouvoirs publics veuillent de leur côté soutenir le développement de cette zone
touristique encore ignorée. J’attends, d’ici quelques années, de découvrir ce
qui aura été fait. J’espère que j’aurai alors l’occasion d’écrire un nouvel
article plus attrayant. Je souhaite une belle promenade aux lecteurs les plus
curieux qui se rendraient jusque-là.
A bientôt
GOMEZ Francisco « Un proyecto
recuperará la fastuosa fachada churrigueresca de El Carmen de Abajo » El
Norte de Castilla, le 31 janvier 2016 [Disponible
en ligne, consulté le 20 juin 2016]
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