Continuons notre série sur les statues que nous avions commencée avec le diable de Ségovie. Après une étape à Palencia, où nous avions vu l’hommage sculptural à Victorio Macho, nous voici à Salamanca. Le dernier article à propos de cette ville s’attardait sur le Palacio de Monterrey, la grande découverte de mon dernier séjour dans la cité. J’ai pourtant pu rencontrer d’autres petites attractions touristiques qui ont été ajouté dans la ville ces dernières années. Parmi elles, une nouvelle statue, hommage aussi à un artiste : Adares.
A 30 kilomètres de Salamanca, dans le petit village d’Anaya de Alba, en 1923, naît un petit garçon : Remigio González Martín. A l’adolescence, la guerre civile bouscule la vie du jeune espagnol qui doit quitter sa province, puis son pays pour s’installer en France. J’ai trouvé peu d’informations sur son parcours français, certains articles évoquent un emploi dans des fonderies. Quand il revient en Espagne, il se rêve poète après avoir exercé bien des métiers. Il publiera en 1977 son premier recueil. Tout le reste de sa vie, celui qui a pris pour nom de plume Adares, s’installera sur la petite place del Corillo pour vendre les livres qu’il auto-édite. C’est donc logiquement là que la statue qui lui rend hommage devait prendre place. Progressivement il devient une figure, un excentrique présent chaque jour au même endroit avec qui on s’arrête pour discuter. Sa disparition à l’aube du XXIe siècle bouleverse les habitués de la petite place. Dès 2009, un groupe facebook se monte pour réclamer une sculpture en hommage à cette figure locale. La mairie a finalement initié le projet en 2014.
Adares
s’est éteint en 2001, j’ai visité la ville pour la première fois en 2010. Autant
vous dire que je n’avais jamais entendu parler de celui qui avait été un
monument vivant de Salamanque. Cette sculpture a donc un double usage : celui de
rappeler aux nostalgiques un poète avec qui ils ont échangé et, pour tous les
plus jeunes, celui de nous parler d’un Salamanque disparu. Ici vécut un poète
qui, les témoignages dans les journaux à ce propos ne manquent pas, était un
peu de l’âme de la ville. Il laisse derrière lui une trentaine de recueils de
poésie. Le contraste est saisissant dans cette ville vouée à l’étude, où les statues
de nombreux intellectuels brillants sont installées, et qui se tourne cette
fois-ci vers un autodidacte.
Quand
vous marcherez dans Salamanque pensez aux illustres noms qui ont parcouru ces
rues mais n’oubliez pas qu’au-delà d’un Fray
Luis de León ou d’un Christophe
Colomb la ville sait aussi rendre hommage à ses figures locales. Vous
pouvez continuer votre promenade en allant admirer l’œuvre représentant José
Ledesma Criado ou Carmen
Martin Gaite.
Je
vous souhaite une belle découverte de l’histoire littéraire de la ville.
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