dimanche 18 février 2024

Museo Zuloaga de Segovia : L’église devenue écrin des arts.


             Il est temps de clore notre série sur les églises avec une visite surprenante qui vous attend à Ségovie, celle d’un musée qui rend hommage à une famille d’artistes : les Zuloaga. Je ne ferai pas ici un article complet sur cette lignée, comme j’ai pu le faire sur la famille Churriguera ou les Colonia, cela viendra plus tard. Aujourd’hui, nous allons nous promener dans les rues tortueuses et escarpées de Ségovie. Si vous avez peur de vous perdre, rendez-vous d’abord à la statue du diable, vous serez dans le bon quartier, à deux pas de l’église qui accueille le musée que nous visitons dans cet article.

"Jardin de la Granja" œuvre de Daniel réalisée en 1897
qui a un écho particulier à Segovie puisque nous sommes à
deux pas du palais de la Granja. 

            Avant de parler de la célèbre famille qui donne son nom à l’institution, parlons des murs qui l’abritent. San Juan de los Caballeros est une très belle église dont les origines remontraient au VIe siècle au moins. De cet édifice, probablement souvenir de l’époque Wisigothique, le nouveau bâtiment construit au XIe siècle a presque fait table rase. Sa silhouette définitive, telle que nous la connaissons, se dessine au XVe siècle avec l’élévation de la tour. Cette église raconte l’évolution du peuplement dans cette partie de la ville qui connaît ente le Xe et le XVIe siècle une forte densité de population qui a justifié les agrandissements progressifs sur cette période. Elle sera ensuite délaissée, jusqu’à ne plus accueillir de messe à partir de 1843. Victime du temps et du désamortissement dont nous avons déjà longuement parlé sur le blog, les lieux perdent leur rôle religieux. De nombreux éléments ont disparu, comme les retables des XVIIe et XVIIIe siècles. Alors que l’on envisage la création des musées provinciaux, l’église est considérée comme un lieu de stockage d’une partie des collections. Les débats s’éternisent, les utilisations et les pistes de reconversion s’accumulent, mais il est finalement décidé, à la fin du XIXe siècle, de la mettre en vente.   


C’est à ce moment qu’une branche de la famille Zuloaga croise l’histoire du monument. En 1905, le céramiste Daniel Zuloaga, achète les lieux qui servent d’entrepôt. Il a alors 52 ans, est installé à Ségovie depuis 1893, et déjà reconnu dans la céramique décorative. Formé à la manufacture de Sèvres, il a su développer et adapter son art au public espagnol à son retour dans son pays natal. Des bâtiments dans toute l’Espagne sont décorés par ses soins. Cette nouvelle acquisition est donc une forme d’aboutissement puisqu’il va y réunir, son atelier, son magasin et son logement. Cette dernière fonction sera malheureusement le dernier des aménagements réalisés et il n’en profitera que quelques mois avant sa mort. De plus, ses quatre enfants vont venir travailler à ses côtés. Après 3 ans de restauration l’église, devenue le cœur battant des Zuloaga, ouvre ses portes. Nous sommes en 1908. Elle restera propriété de Daniel jusqu’à sa mort en 1921. Sa famille hérite alors des lieux.


            1931, l’église est déclarée monument historique, l’Etat souhaitant la protéger, autant pour son architecture que pour son lien avec Daniel Zuloaga. Dans les années 1940, naît le projet d’un musée qui mettrait en avant le travail de Daniel et de son atelier, sa fille Teodora est nommée directrice. Il faut attendre 1955 pour que l’Etat acquière les lieux et fasse les travaux nécessaires pour donner de l’ampleur au musée. Il s’ouvre progressivement, une nouvelle phase de travaux a lieu dans les années 1970 qui se conclut dans les années 1980 par la rénovation complète de la toiture. La dernière réforme, qui donne au musée son apparence actuelle, fut achevée en 1997.  Depuis le 15 avril 1998, il n’a cessé de recevoir des visiteurs. La mémoire et l’héritage ainsi que la dispersion des pièces des diverses collections, publiques et privées, des œuvres des Zuloaga surgissent régulièrement dans l’actualité mais c’est une autre histoire qu’on ne développera pas ici. C’est un débat qui anime la presse, vous trouverez un exemple en bas de cet article.

            Lors de ma visite je n’ai pas pu visiter l’étage consacrée aux peintures de la famille, mais si vous avez suivi les péripéties de mon dernier voyage en Espagne vous savez que je me suis heurtée à de nombreux musées fermés ou partiellement ouverts. Je ne peux que vous inviter à faire un détour lors de votre étape à Segovie pour découvrir, entièrement je l’espère, l’institution Zuloaga et des pièces de céramique à qui les photos ne suffisent à rendre hommage. Ce musée, comme celui de Peralta, donne une touche d’originalité à des journées culturelles qui, parfois en Castille, deviennent un enchaînement d’églises et de châteaux. L’église-musée travaille chaque jour à se réinventer puisqu’à la fin des années 2010, elle n’arrivait pas à dépasser les 1200 visiteurs par an. Le centenaire du décès de Daniel a donné une nouvelle impulsion. Pour ma part, j’y retournerai sans aucun doute, lors d’une prochaine étape à Segovia.


Le four des Zuloaga trace de 
l'atelier qui fut aménagé.

            Bonne promenade à vous dans l’univers des Zuloaga.

           

Les réalisations des Zuloaga se retrouvent partout en Espagne, lors de mon voyage 2023,
 j'ai découvert celle-ci au musée maritime de Bilbao.

Pour plus de détails :

ARRIBAS Sergio, Zuloaga, al mejor postor, in El dia de Segovia le 23 août 2020

MARTINEZ CABALLERO S, « Museo de Segovia y Museo Zuloaga de Segovia » in Boletín del Museo Arqueológico Nacional 35/2017

Si vous souhaitez prendre le temps de vous perdre dans l’arbre de la famille Zuloaga, si féconde en artistes, je vous invite à vous rendre sur la page de la fondation Zuloaga

1 commentaire:

  1. Très intéressant ton blog: des sujets insolites qu'on connaît très peu de l'Espgane et qui nous donne envie de les visiter... merci pour ce bon moment et bonne con,tinuation dans tes publications

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