Le patio du musée au décor si raffiné |
Je
vous en ai parlé il y a peu, lors de mon article sur la Casa Cervantès, je vous
donne rendez vous, aujourd’hui, au musée de la sculpture à Valladolid. Il est
vrai que vous ne pourrez pas le rater c’est un des fers de lance du tourisme
dans la ville et les éloges à son propos fleurissent dans les guides et les
brochures, je ne pourrai aller que dans leur sens tant ses collections sont
admirables.
Il
y a déjà beaucoup à dire sur le bâtiment qui abrite le musée de la sculpture,
une construction du XVe siècle. Le Colegio San Gregorio fut fondé par le
confesseur dominicain de la reine Isabelle, Alonso de Burgos. L’entrée du musée
oscille entre le style plateresque, très représenté à Salamanque et le style Renaissance.
Il accueille, à son ouverture au début du XVIe siècle, un établissement de
théologie. La bâtisse connut des travaux d’agrandissement en 1524. C’est dans
le Colegio San Grégorio qu’aurait eu lieu la terrible Controverse de
Valladolid, qui marque tant de lycéens français. Justement, parlons-en des
français, qui envahissent l’édifice lors de la campagne de Napoléon et le
transforment en caserne. Si vous êtes de mes lecteurs réguliers vous ne vous
étonnerez pas, San Esteban, à Salamanque, et le Monastère de Las Huelgas à Burgos
ayant connu des destins similaires. En
1824 une partie du toit s’effondre, le bâtiment se délabre de plus en plus. Il doit attendre 1884 pour être déclaré
monument national.
La
nationalisation des biens de l’église qui fut parfois un événement désolant,
comme pour les moulins de Zamora, donne naissance au musée en 1842, en
s’appuyant sur le stock d’œuvres récupérées, notamment, dans les monastères. A
cette date les peintures et les sculptures sont installées dans le Collège de Santa Cruz.
Ce bâtiment est désormais le rectorat de la ville, pour découvrir son histoire
je vous invite à lire le billet que j’ai rédigé il y a quelque temps. En 1879
une partie des œuvres part pour le musée archéologique de Valladolid dont nous
avons déjà parlé. En 1933 il est déclaré musée national et s’installe à son
emplacement actuel, il se spécialise définitivement dans la sculpture. Des
œuvres du Prado viennent alors étoffer ses collections. Pendant une partie de
la dictature il prend le nom de Musée national du la sculpture religieuse,
adjectif qui disparaîtra par la suite. Entre 2001 et 2006 le collège qui abrite
le musée est totalement restauré. En 2007 cette longue procédure est
récompensée par le prix national de la restauration des biens culturels.
En 2009 le
musée prête certaines de ses œuvres à la National Gallery de Londres pour une
exposition, prouvant ainsi qu’il est bel et bien sorti de l’isolement international, qui l’avait menacé pendant le régime franquiste. En 2012 un nouvel espace, la
Casa del Sol, a ouvert ses portes non loin là, mais je ne l’ai pas encore visité, peut-être sera-t-il l’objet d’un autre article dans quelques mois. Cet espace
propose de découvrir de nombreuses reproductions d’œuvres antiques, par exemple
datant du XIXe siècle. Il continue aussi d’agrandir ses collections comme le
démontre l’achat d’une nouvelle œuvre récemment . La boucle de l’histoire semble bouclée car
la sculpture en question n’est autre que San Gregorio, et appartenait à la
chapelle du bâtiment où réside aujourd’hui le musée. Pour plus d'information je vous invite à consulter deux articles ici et ici .
Les
collections sont vraiment magnifiques, variées et agréables. Dans l’idéal
prévoyez 2h30 à 3h pour le faire. Si vous êtes un passionné d’histoire des arts
et de sculpture vous pourriez y passer la journée, peut-être pourrait on parler
d’un petit Louvre de la sculpture. Parcourir ces collections c’est plonger dans
l’évolution et la variété de la sculpture religieuse que clôt magnifiquement
l’immense chemin de croix. Si cette visite vous a plu je vous conseille vivement
de poursuivre votre découverte de Valladolid par le musée du monastère SanJoaquin et Santa Anna où vous attendent de magnifiques peintures de Goya. Le
musée de la sculpture est une visite qui vous marque car vous vous sentirez si petit
face à certaines œuvres colossales mais aussi tant vous serez impressionné par la minutie de certaines taillées dans du bois ou dans de l'ivoire. Bonne visite en espérant que vous reviendrez aussi enchanté que moi
de ce voyage au pays de la sculpture, qui, ne l’oublions pas, par leur vocation
sacrée furent souvent les premières œuvres auxquelles nos ancêtres eurent accès.
Le chemin croix, grandeur nature |
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