dimanche 29 mars 2020

Voyage au fil des pages : Thérèse d’Avila




            Une petite lecture aujourd’hui sur le blog, enfin pas si petite que ça… Avouons-le, ce livre je l’ai commencé en septembre et je l’ai terminé grâce au confinement. N’allez pas croire qu’il fut inintéressant, mais je me suis arrêtée, puis je l’ai repris, avant de m’en éloigner à nouveau. En effet le Thérèse d’Avila de Joseph Perez est un ouvrage passionnant mais dense, qui ne se lit pas entre deux arrêts de tram. De Thérèse d’Avila je connaissais les grandes lignes de sa vie, aurais-je pu faire autrement en ayant cumulé les visites à son propos à Avila et à Alba de Tormes ? Deux villes qui se disputent, encore aujourd’hui, l’aura de la sainte. Néanmoins je ne me satisfaisais pas de cette connaissance limitée : les dates, quelques anecdotes comme celles des quatre piliers, et la visite de certains couvents emblématiques. Une première lecture solide à son propos s’imposait. Ayant apprécié le travail de Joseph Perez dans ses ouvrages sur Charles Quint et Philippe II, j’ai donc choisi sa biographie sur la célèbre sainte castillane. Si on retrouve des défauts qui sont propres à cet auteur, comme la répétition de faits, la pertinence du propos n’en n’est jamais altérée. Alors petit bilan de cette lecture au long cours.

            Les quatre premiers chapitres sont une biographie très détaillée et passionnante. Des origines juives de Santa Teresa à sa mort, Perez offre un panorama de la vie de l’enfant d’Avila extrêmement intéressant. L’auteur prend en compte le contexte familial de Thérèse, l’influence de sa mère, sa relation avec ses frères dont certains appartiendront à cette génération partie faire fortune aux Amériques. L’importance de la santé fragile de la jeune fille est aussi largement traitée et apporte un éclairage intéressant sur son parcours religieux. C’est dans ces chapitres que sont aussi détaillées les fondations de couvents réalisées par Thérèse elle-même. Enfin, très important, la mort de la future sainte et les affres que connut sa dépouille, sujet de dispute entre Avila et Alba de Tormes, sont bien expliqués. C’est un point très important pour comprendre le circuit touristique et les pèlerinages actuels autour de la figure de Thérèse d’Avila, toujours partagés entre les deux villes. En parallèle de ces chapitres, en fin d’ouvrage, on trouve un tableau très utile qui resitue les événements de la vie du personnage central par rapport aux faits politiques et à l’histoire littéraire de son temps. Soulignons aussi une carte, document qui manque si souvent dans les livres, permettant de situer les différentes fondations réalisées par la sainte.


Mirador des quatre pilier : pour connaitre son histoire suivez ce lien.
Passée cette première partie d’ouvrage, on se plonge dans le chapitre V «  Thérèse d’Avila et ses contemporains », intéressant bien que cela s’éloigne parfois du sujet, mais essentiel pour comprendre l’envergure du personnage et son influence. Le chapitre VI consacré aux livres qu’a lus et écrits Saint Thérèse, est un éclairage utile bien qu’un peu long. Ce passage peut sûrement s’aborder avec plus de passion si on a soi-même lu les écrits de la sainte, l’auteur semble omettre que ce n’est pas le cas de tous ceux qui ont son ouvrage entre les mains. Le chapitre VII est celui que j’ai trouvé le plus ardu à lire sans connaissance préalable sur le mysticisme. Je dois bien avouer que j’ai failli abandonner et que j’ai survolé certains passages.
Enfin un dernier chapitre qui est, à mon goût, un peu court : « La gloire posthume de Thérèse d’Avila ». Le sujet semblait bien vaste, et s’annonçait riche en pistes de travail. Je pensais, connaissant le travail habituel de l’auteur, à un dernier chapitre touffu et complet. Sous ce vaste titre, deux sujets seulement sont traités ; d’une part les démarches, rapides, pour amener à la canonisation, d’autre part l’extension, au XVIIe siècle, du mouvement des carmélites déchaussées en France. Précis n’est-ce pas ? Car on n’ira pas ailleurs géographiquement, donnant l’impression que Sainte Thérèse n’est pas connue au-delà de l’Espagne, des Flandres et de la France. Les deux sujets sont fort intéressants, j’ai appris beaucoup par exemple sur l’installation du premier couvent en France. Malgré tout je me suis étonnée de voir un long développement sur Pascal alors que rien n’est dit sur d’autres aspects de cette « gloire posthume ». Pas un mot sur la mémoire de la Sainte à Avila, sur les musées ouverts, sur le devenir de ses couvents, sur les films et livres produits… Hors époque moderne, point de salut semble-t-il. Si on ne le savait pas par ailleurs, on croirait que le personnage de Thérèse d’Avila est tout bonnement tombé dans l’oubli à l’époque contemporaine. On aurait aimé au minimum, dans un chapitre ainsi intitulé, au moins une sous partie sur les pèlerinages liés à ce personnage dont la mémoire est encore si vive pour les espagnols. De même le devenir de certains membres de la famille de Thérèse aurait peut-être mérité d’être présenté. 


Pas un petit mot pour le projet pharaonique de basilique en hommage à la sainte
Coté édition je l’ai lu en livre de poche et ce n’était pas la meilleure idée. L’éditeur avec la collection « Pluriel » offre en général une bonne qualité pour du format poche, sur ce point par de problème. Le bât blesse plutôt dans la mise en page, il semble qu’on ait eu besoin de mettre le maximum de caractères par page quitte à brader l’interligne. On ne peut pas dire que les pages respirent…                  




Ce livre de Joseph Perez est passionnant mais au peu déséquilibré, touffu et très documenté. Il me semble qu’il manque parfois certains thèmes que l’on pouvait attendre en ouvrant cet ouvrage. Néanmoins je trouve toujours le travail de cet auteur passionnant et je vous conseille ardemment la lecture ce cet ouvrage, à condition d’avoir déjà quelques bases sur l’histoire espagnole. Vous pouvez par exemple, en introduction lire d’abord le livre  « L’Espagne, des origines à nos jours », aux éditions Fayard aussi. Une solide connaissance de l’histoire religieuse peut-être aussi un plus pour aborder cette lecture en toute sérénité.  
Je vous souhaite à tous une bonne promenade dans l’histoire de l’Espagne.
Bonne lecture à tous.  

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire