Une petite lecture aujourd’hui sur le blog, enfin pas si petite que ça… Avouons-le, ce livre je l’ai commencé en septembre et je l’ai terminé grâce au confinement. N’allez pas croire qu’il fut inintéressant, mais je me suis arrêtée, puis je l’ai repris, avant de m’en éloigner à nouveau. En effet le Thérèse d’Avila de Joseph Perez est un ouvrage passionnant mais dense, qui ne se lit pas entre deux arrêts de tram. De Thérèse d’Avila je connaissais les grandes lignes de sa vie, aurais-je pu faire autrement en ayant cumulé les visites à son propos à Avila et à Alba de Tormes ? Deux villes qui se disputent, encore aujourd’hui, l’aura de la sainte. Néanmoins je ne me satisfaisais pas de cette connaissance limitée : les dates, quelques anecdotes comme celles des quatre piliers, et la visite de certains couvents emblématiques. Une première lecture solide à son propos s’imposait. Ayant apprécié le travail de Joseph Perez dans ses ouvrages sur Charles Quint et Philippe II, j’ai donc choisi sa biographie sur la célèbre sainte castillane. Si on retrouve des défauts qui sont propres à cet auteur, comme la répétition de faits, la pertinence du propos n’en n’est jamais altérée. Alors petit bilan de cette lecture au long cours.
Les quatre premiers chapitres sont
une biographie très détaillée et passionnante. Des origines juives de Santa
Teresa à sa mort, Perez offre un panorama de la vie de l’enfant d’Avila
extrêmement intéressant. L’auteur prend en compte le contexte familial de Thérèse,
l’influence de sa mère, sa relation avec ses frères dont certains
appartiendront à cette génération partie faire fortune aux Amériques. L’importance
de la santé fragile de la jeune fille est aussi largement traitée et apporte un
éclairage intéressant sur son parcours religieux. C’est dans ces chapitres que
sont aussi détaillées les fondations de couvents réalisées par Thérèse
elle-même. Enfin, très important, la mort de la future sainte et les affres que
connut sa dépouille, sujet de dispute entre Avila et Alba de Tormes, sont bien
expliqués. C’est un point très important pour comprendre le circuit touristique
et les pèlerinages actuels autour de la figure de Thérèse d’Avila, toujours
partagés entre les deux villes. En parallèle de ces chapitres, en fin
d’ouvrage, on trouve un tableau très utile qui resitue les événements de la vie
du personnage central par rapport aux faits politiques et à l’histoire littéraire
de son temps. Soulignons aussi une carte, document qui manque si souvent dans
les livres, permettant de situer les différentes fondations réalisées par la sainte.
Mirador des quatre pilier : pour connaitre son histoire suivez ce lien. |
Passée
cette première partie d’ouvrage, on se plonge dans le chapitre V «
Thérèse d’Avila et ses contemporains », intéressant bien que cela
s’éloigne parfois du sujet, mais essentiel pour comprendre l’envergure du
personnage et son influence. Le chapitre VI consacré aux livres qu’a lus et
écrits Saint Thérèse, est un éclairage utile bien qu’un peu long. Ce passage
peut sûrement s’aborder avec plus de passion si on a soi-même lu les écrits de
la sainte, l’auteur semble omettre que ce n’est pas le cas de tous ceux qui ont
son ouvrage entre les mains. Le chapitre VII est celui que j’ai trouvé le plus
ardu à lire sans connaissance préalable sur le mysticisme. Je dois bien avouer
que j’ai failli abandonner et que j’ai survolé certains passages.
Enfin
un dernier chapitre qui est, à mon goût, un peu court : « La gloire
posthume de Thérèse d’Avila ». Le sujet semblait bien vaste, et s’annonçait
riche en pistes de travail. Je pensais, connaissant le travail habituel de
l’auteur, à un dernier chapitre touffu et complet. Sous ce vaste titre, deux
sujets seulement sont traités ; d’une part les démarches, rapides, pour
amener à la canonisation, d’autre part l’extension, au XVIIe siècle, du
mouvement des carmélites déchaussées en France. Précis n’est-ce pas ? Car
on n’ira pas ailleurs géographiquement, donnant l’impression que Sainte Thérèse
n’est pas connue au-delà de l’Espagne, des Flandres et de la France. Les deux
sujets sont fort intéressants, j’ai appris beaucoup par exemple sur
l’installation du premier couvent en France. Malgré tout je me suis étonnée de
voir un long développement sur Pascal alors que rien n’est dit sur d’autres aspects
de cette « gloire posthume ». Pas un mot sur la mémoire de la Sainte
à Avila, sur les musées ouverts, sur le devenir de ses couvents, sur les films
et livres produits… Hors époque moderne, point de salut semble-t-il. Si on ne
le savait pas par ailleurs, on croirait que le personnage de Thérèse d’Avila
est tout bonnement tombé dans l’oubli à l’époque contemporaine. On aurait aimé
au minimum, dans un chapitre ainsi intitulé, au moins une sous partie sur les
pèlerinages liés à ce personnage dont la mémoire est encore si vive pour les
espagnols. De même le devenir de certains membres de la famille de Thérèse
aurait peut-être mérité d’être présenté.
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Pas un petit mot pour le projet pharaonique de basilique en hommage à la sainte ? |
Coté
édition je l’ai lu en livre de poche et ce n’était pas la meilleure idée.
L’éditeur avec la collection « Pluriel » offre en général une bonne
qualité pour du format poche, sur ce point par de problème. Le bât blesse
plutôt dans la mise en page, il semble qu’on ait eu besoin de mettre le maximum
de caractères par page quitte à brader l’interligne. On ne peut pas dire que
les pages respirent…
Ce
livre de Joseph Perez est passionnant mais au peu déséquilibré, touffu et très
documenté. Il me semble qu’il manque parfois certains thèmes que l’on pouvait
attendre en ouvrant cet ouvrage. Néanmoins je trouve toujours le travail de cet
auteur passionnant et je vous conseille ardemment la lecture ce cet ouvrage, à
condition d’avoir déjà quelques bases sur l’histoire espagnole. Vous pouvez par
exemple, en introduction lire d’abord le livre
« L’Espagne, des origines à nos jours », aux éditions Fayard
aussi. Une solide connaissance de l’histoire religieuse peut-être aussi un plus
pour aborder cette lecture en toute sérénité.
Je
vous souhaite à tous une bonne promenade dans l’histoire de l’Espagne.
Bonne lecture à tous.
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