La
petite ville de Toro m’a laissé un bon souvenir, pourtant j’en ai peu parlé sur
le blog. Enfin voici un troisième article, sur une église de la ville. Le
patrimoine religieux ne se limite pas à la célèbre collégiale. Dans
son ombre on trouve de nombreuses petites églises accessibles avec un billet
combiné. Celle du jour, l’iglesia del Santo Sepulcro, se trouve sur la Plaza
Mayor et s’inscrit dans la belle collection d’églises romanes de la province de
Zamora.
L’église, toute de briques vêtue,
fait partie d’un ensemble monastique qui lui ne se visite pas. Je ne vais pas
faire dans la précision puisque tout le monde ne s’accorde pas sur ses origines,
situons les donc au XIIe siècle. Néanmoins le bâtiment actuel que nous visitons
est le fruit d’une reconstruction datée du XIIIe siècle. Mélange entre le roman
et le mudéjar, comme souvent dans la région, la jolie petite église porte le
nom d’église du Saint Sépulcre puisqu’elle dépendait à l’origine de l’ordre de
Saint-Jean de Jérusalem. Je vous avais déjà proposé une visite à Ségovie dans
une église liée à la présence chrétienne en terre sainte, la iglesia de la Vera Cruz. Celle de Toro n’est pas aussi originale mais née à la même époque elle
dénote l’importance de ces ordres au plus profond de l’Espagne. L’église
mélange quelques éléments du gothique-mudejar révélateurs des multiples
chantiers d’entretien, d’agrandissement, de modernisation qu’elle connut tout au long de la période médiévale puis moderne.
A la fin des années 1970, on
constitue un dossier pour faire classer le monument comme bien d’intérêt
culturel, afin d’assurer sa protection. Cette démarche sera, dans le cas
présent, exceptionnellement longue. Quelque temps avant le changement de
millénaire la Fondation González Allende s’attache à une longue restauration du
monument doublée de la préparation d’une exposition. A l’origine de cette
fondation un enfant de la ville né en 1778 : González Allende. Homme
politique, il fit carrière à Madrid, essayant d’améliorer le système éducatif de
sa région natale. Il légua tout ce qui était nécessaire pour la création d’une
fondation qui, après son décès, devait entre autres participer à la fois à la
protection du patrimoine local et à la promotion de l’éducation. Comme en
témoigne un article français des années 1920 (référence en bas de ce billet),
la petite ville de Toro possède ainsi un institut voué à l’éducation avec tout
le confort moderne, chauffage et électricité. On y dispensait des cours pour
les adultes, dans le cadre de l’université populaire, mais aussi des ateliers
pour promouvoir le travail manuel. L’institut c’était déjà une bibliothèque et
des salles de conférence. Mais pourquoi donc suis-je en train de vous relater
tout cela ? Car la fondation bien implantée dans la ville, a continué ses
actions et a été le promoteur de la restauration réussie de l’église.
Ouverte
au public seulement en 2006, l’église rencontre un certain succès auprès des
touristes, mais n’a pas tout fait fini de faire peau neuve. En 2009, l’église est
enfin classée bien d’intérêt culturel, il aura fallu près de trente ans. Le
monastère associé bénéficie lui aussi de cette nouvelle déclaration. En 2016 la
présence de la grande exposition « Las Edades del Hombre », bénéficie
à l’église qui est intégrée au circuit. De plus elle fait aussi partie du
billet combiné avec la collégiale et d’autres petites églises de la ville, une
aubaine pour les amoureux de l’art sacré.
Lors de votre promenade à Toro,
laissez-vous guider par son impressionnant patrimoine religieux, y compris
au-delà de la porte de la Arco de la Reloj. L’église de San Sepulcro, de par
son nom et son ordre d’origine, raconte le regard qu’une petite ville pouvait
porter au Moyen âge sur le monde. Au plus profond des campagnes castillanes, la
défense du Saint sépulcre était une réalité tangible, symbolisée par l’ordre qui
résidait entre ses murs.
Bonnes déambulations dans la
charmante cité de Toro.
Quelques
sources :
BARRIO
M., « La iglesia del Santo Sepulcro, declarada Bien Cultural tras 30 años
del inicio del expediente » in laopiniondezamora.es,
le 9 avril 2009.
ALBERT R., « Une œuvre espagnole d’éducation. La Fondation Gonzalez Allende de Toro » in La revue pédagogique, tome 76, Janvier-Juin 1920. pp. 268-281.
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