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En 2010, je découvrais la Plaza Mayor de Salamanca et son animation qui je l'espère redeviendra aussi vivante dans les mois à venir. |
Il y a un article que je souhaitais
écrire depuis longtemps, je me l’étais souvent imaginé, j’avais commencé à le
rédiger, et puis le Covid-19 est arrivé… Moi qui ne prenais plus le temps
d’écrire pour le blog, je vais pouvoir en produire des billets ! Aujourd’hui
c’est un article très particulier que je voulais écrire, celui d’un anniversaire : il y dix ans que j’ai
découvert la Castilla y León. Évidemment l’article n’aura pas le même ton que
s’il avait été publié il y a un mois.
Revenons-en sur ma rencontre avec la
région, départ prévu le 22 mars 2010. J’avais quinze ans, c’était mon deuxième
voyage scolaire, et je partais assez heureuse de retrouver l’Espagne que je
n’avais pas vue depuis plusieurs années. Pourtant ma première rencontre avec la
région fut maussade. C’était au petit matin sur l’autoroute, veine du plateau
castillan, entre Burgos et Salamanque. Dans un car endormi, je soulevais un
coin de rideau pour découvrir le désert de la meseta, une claque de déception.
Moi qui n’avais en tête que la beauté de la coté méditerranéenne, cette
Espagne-là me semblait bien fade, triste dans la lumière blême du matin de
mars. Mais la région a su me séduire rapidement, je l’ai trouvée si riche en
patrimoine, si vivante en réalité.
La Castilla y León a beaucoup changé en
dix ans, en y allant au moins une fois par an je suis restée une touriste. On
n’a pas la même vision d’un lieu où l’on vit que d’un lieu où on ne fait que
passer les vacances. On saisit beaucoup moins les enjeux du quotidien. J’ai la
chance, par contre, d’être frappée par les nouveautés, surtout de l’offre
culturelle, qui me marqueraient beaucoup moins si je vivais sur place.
La promenade urbaine dans ces villes a
changé. Les capitales de provinces ont évolué en dix ans avec, entre autres, le
développement des zones piétonnières. Cela m’a beaucoup marquée à Burgos. Dans
cette même ville on a vu, en une décennie, s’illuminer les façades, beaucoup
ont retrouvé leurs couleurs vives, des places entières ont été presque
totalement rénovées comme la Plaza Alonzo Martinez. Bien sûr tout n’a pas
forcément changé en mieux, on regrettera la modification du dallage de la Plaza
Mayor, nécessaire mais qui lui a fait perdre un peu de sa chaleur.
L’offre touristique n’a cessé de se développer, en
voici quelques exemples, au moins ceux que j’ai eu l’occasion de visiter,
classés par province :
- Avila : La
décennie est marquée par l’ouverture des palais urbains comme le Palacio de Palentinos (musée militaire) ouvert en 2011 et la Casa Museo Caprotti en 2013.
- Burgos : En sus
de l’aménagement urbain on note la réouverture du Musée Militaire, transféré au
centre-ville en 2014, ou encore la création de la Casa de los gigantillos inaugurée la même année.
- León :
L’ouverture progressive de la Casa Museo Botines (dont nous parlerons bientôt)
est un des atouts principaux ou, dans la province, à Ponferrada l’ouverture en
2011 du Musée national de l'énergie.
- Palencia : On
trouve l’ouverture du Musée de l’eau en 2011 et l’apparition d’une nouvelle
statue hommage à Vitorio Macho, que je n’ai pas encore eu l’occasion de
découvrir.
- Salamanca : Dans
les années 2010 l’ouverture aux touristes du patio du Palacio de la Salina est
une des initiatives de la ville. Moins d’inaugurations qu’ailleurs car beaucoup
avaient déjà été faites dans les années 2000 mais de nombreuses améliorations
ont été proposées depuis dix ans.
- Ségovie : On
peut, entre autres, souligner la réouverture en 2012 et la modernisation en
2015 de la Real Casa de Moneda. Plus modeste mais loin d’être inintéressant
l’ouverture du Musée de la gastronomie en 2013 et la rénovation de la porte San Andres, fin 2011. N’oublions pas la jolie collection de marionnettes FranciscoPeralta dont l’espace d’exposition a été remis en valeur en 2011.
- Soria : Dans la
ville même je ne suis pas passée assez souvent pour noter les évolutions.
Relevons quand même en province une jolie visite, la Villa de la Dehesa, qui
possède un petit musée depuis 2012.
Mercado del Val à Valladolid |
- Valladolid : Je
n’ai pas d’ouverture particulière à signaler, la ville est tellement vaste et
riche en visites que je n’ai sûrement pas encore tout découvert. Comme pour
Salamanque, la ville avait beaucoup ouvert dans les années 2000 et travaille
maintenant sur diverses améliorations comme elle l’a déjà fait avec l’extension
du musée de la sculpture via l’ouverture de la Casa del Sol (2012). Notons
quand même la magnifique restauration du Mercado del Val, rouvert en 2016.
- Zamora : Je ne
suis allée que deux fois à Zamora, mais c’est une ville portée par un dynamisme
nouveau. Il faudra la surveiller de près.
Il n'y a pas qu'à Burgos que les façades ont été reprises, ici un exemple à León |
Ce catalogue n’est pas exhaustif mais vise à vous
démontrer le dynamisme de l’offre culturelle de la région. Bien sûr j’ai vu
aussi des fermetures définitives de certaines attractions touristiques comme le
musée du livre à Burgos ou le musée taurin de Valladolid, ou la fermeture
temporaire de certains musées comme celui de Marceliano Santamaria. J’espère
néanmoins dans dix ans pouvoir encore répertorier plus d’ouvertures que de
fermetures.
L’ouverture du blog en 2013 a modifié
aussi mon point de vue sur les visites puisque j’ai continué à m’intéresser toute
l’année à la région. J’ai nourri mon voyage par des recherches, des lectures,
des films… J’ai aussi partagé avec les autres voyageurs l’organisation de leur
séjour. Ces activités m’ont amené à mieux connaître l’histoire de la région et
donc à mieux profiter de mes visites.
J’aurais aimé vous dire que l’été
prochain m’apporterait d’autres découvertes et que même si ces dernières années
j’ai fait quelques infidélités à la région (Aragon, Pays Basque, Estrémadure,
Cantabrie, Asturies, Galice…) j’y suis toujours revenue. La situation ne me
permet pas de savoir quand je retournerai en Espagne cette année, cela se fera
selon l’évolution de l’épidémie et selon le calendrier de mes congés, tout
étant actuellement en suspens. C’est la première fois depuis dix ans que le
doute plane sur la faisabilité de ce voyage annuel en Espagne.
Ceci est en soi secondaire. J’ai avant
tout une pensée pour tous les employés de restaurants, d’hôtels et des secteurs
touristiques et culturels déjà frappés par les fermetures des établissements.
L’inquiétude d’abord pour la santé de ces gens que je croise chaque année, avec
qui je discute, et ensuite pour leurs emplois. Même une fois la crise sanitaire
passée, comment réagira l’économie ? Je pense à des villes comme Salamanque où
le tourisme est l’un des principaux poumons économiques de la ville.
C’était normalement une joie d’écrire
cet article, aujourd’hui il me plonge dans l’incertitude. Dans le silence d’une
Nantes silencieuse et confinée, je tape ces mots dans une situation qui m’était
inimaginable il y un mois. Il me parvient de loin l’écho d’une Espagne déjà
gravement meurtrie. Je ne doute pas que lors de mon prochain voyage, car il y
en aura un, le visage de ces villes que j’aime tant portera les stigmates de
cette crise, à commencer par certains absents que nous remarquerons, le cœur
lourd.
A bientôt en espérant que le blog vous permette au
moins de voyager virtuellement durant ce confinement.
On espère qu'on reprendra bientôt un verre à la Casa Lis |
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