Je
vous emmène encore découvrir des statues avec une nouvelle série d’articles.
Rendons nous sur un endroit que j’aime particulièrement, où j’ai passé de
longues heures à déjeuner, la Plaza Mayor de Burgos. Je vous avais déjà
détaillé son histoire dans un article de 2016. Je ne m’étais pas étendue sur la
statue installée là, il était temps de corriger cet oubli en lui consacrant un
article.
Nous allons donc nous attarder sur cette
représentation de Carlos III qui retient assez peu le regard des touristes
pressés. Exceptée la statue de Philippe II dont nous avions parlé au printemps
dernier, je présente rarement des sculptures consacrées à des souverains. La
raison est simple, souvent placées sur des socles très hauts nous n’avons pas le
loisir de les admirer en détail. Les statues représentant des scénettes du
quotidien sont, bien souvent, directement à notre hauteur, on peut presque se
mêler au personnage de l’œuvre. Voici donc probablement pourquoi je n’ai prêté
qu’un regard distrait à cette représentation qui en dit pourtant beaucoup.
Ce roi s’intéresse énormément à l’organisation du royaume : cadastre, institutions scientifiques nationales et locales, création et amélioration de la formation militaire… Tout y passe. Si vous souhaitez voir quelques exemples de ses réformes dans la région, direction l’Alcazar de Ségovie ou la fabrique de verres de la Granja. Je ne m’étends pas trop car je pense qu’il faudrait lui consacrer un dossier du mois, comme je l’avais fait pour Philippe II.
C’est est 1784, alors que le règne de
Carlos III touche à sa fin, qu'on érige sur la place principale de la ville la
statue que nous admirons aujourd’hui. C’est un don du consul et commerçant de
Burgos, Antonio Tomé. Cette œuvre est donc une commande passée au sculpteur
Alfonso Bergaz. Si on trouve de nombreuses œuvres de sa main à Madrid, Jaén,
Cuenca et même en Amérique du sud, elles sont plus rares en Castilla y León. On
sait que l’inauguration du monument a donné lieu à d’importantes festivités. Cette
statue a une particularité importante comme le souligne Pierre Géal « [La
statue de Charles III est] le seul monument érigé à la gloire d’un monarque sur le
sol de la Péninsule au XVIIIe siècle ». Ce n’est donc pas tout à fait
anecdotique, bien qu’il s’agisse d’une initiative privée. N’oublions pas que Carlos
III a particulièrement travaillé sur le développement du commerce et de
l’industrie, des secteurs vitaux pour Burgos.
La statue a veillé sur la cité deux siècles, a
observé les aléas de la guerre d’Indépendance, la mutation de la ville, le
retour des pèlerins… Mais on est venu la déranger. La réforme de la Plaza Mayor des années 2000 a entraîné le
changement total du piédestal. Cela ne s’est pas fait sans
protestation. Un premier nouveau support tout en métal très contemporain a été
conçu et installé par A. Viaplana. Ce fut un échec cuisant et l’ensemble fut
retiré. Vous trouverez aisément des photos de cet essai sur internet. Je vous
laisserai vous faire un avis par vous-même. Après un an d’absence Carlos a
retrouvé la Plaza Mayor pour Noël 2005
La statue trône aujourd’hui sur la
place, et n’a de cesse de voir son environnement évoluer, elle a encore vu les
lieux changer d’apparence en 2019. Ce monument qui a la particularité de ne pas
avoir bougé depuis plus de deux cents ans, rend hommage autant à un roi imprévu
qu’à une époque où Burgos changeait à toute vitesse.
A bientôt
Quelques sources
pour prolonger la lecture :
« 10 años y sigue la polémica » in diariodeburgos.es
le 14 septembre 2014
GEAL P., « La guerre d’indépendance et les
politiques de mémoire » in La guerre
d'Indépendance espagnole et le libéralisme au XIXe siècle, ed. Casa de
Velázquez, 7 mars 2017
GONZÁLEZ M., « Carlos III, apegado a su
pedestal » in abc.es, le 9 janvier 2006.
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