Il y a quinze jours, nous avons
commencé une série sur les monastères. Après le géant bénédictin d’Oña ouvert
au public, je vous propose un tout petit monastère à Soria. J’ai redécouvert la
ville l’été dernier, dix ans après mon dernier passage, j’ai pris le temps de
me promener sur les berges du Duero. En revenant de l’ermitage de San Saturio,
je suis passée sous un monastère que je n’ai pu visiter. Vous avez bien lu, j’ai
traversé le monument en passant en dessous et sans l’explorer.
Pourtant les poètes vont trouver une certaine magie à San Polo. La poésie
des ruines s’est installée ainsi qu’une certaine fascination pour le Moyen-âge au
XIXe siècle. Nous l’avons déjà vu à travers certaines statues, Machado
ou Gerardo
Diego, Soria est le domaine des écrivains. Né en 1836, le Sevillan Gustavo
Adolfo Bécquer mort à 34 ans, eut aussi le temps d’écrire sur la petite ville castillane.
Marqué par le voyage qu’il y fit en 1860, il consacra différents textes à la
localité, et épousa une jeune femme de la province. L’un de ses contes « El
rayo de la Luna » prend place dans les ruines de San Polo. C’est ainsi que
peu à peu San Polo s’ancre dans l’imaginaire alors que ses murs semblent destinés
à disparaître. En 1912, dans son célèbre recueil Campos de Castilla, Antonio
Machado mentionne aussi le monastère :
He vuelto a ver los álamos dorados,
álamos del camino en la ribera
del Duero, entre San Polo y San
Saturio,
tras las murallas viejas
de Soria – barbacana
hacia Aragón, en castellana tierra –
Quand vous marcherez le long du Duero pour aller de San Polo à San Saturio,
pensez au poète espagnol dont le cœur battait entre ces ruines. Le destin
pourtant va reprendre son cours et offrir à la bâtisse une nouvelle jeunesse,
quitte à lui faire perdre ses attributs religieux. A partir de 1920, après une rénovation, San
Polo devient une résidence estivale d’une famille madrilène. Un des fils, Julio
Garcés, devient un poète, moins connu que les auteurs précédemment cités. Il rend hommage à ces étés de son enfance passés sur les rivages du Duero. Son recueil
« Los poemas de San Polo » a connu une réédition pour le centenaire
de sa naissance en 2019.
A la fin des années 1940, le domaine est revendu à une autre famille qui
en est toujours la propriétaire à l’heure où j’écris ces lignes, los Tomás
Brieva. D’après différentes sources, ils ont à leur tour fait beaucoup de réhabilitation.
Ceci ne semble jamais avoir cessé, on trouve encore dans les comptes rendus
municipaux des années 2010 des mentions
des travaux menés par les propriétaires pour maintenir la bonne santé de la
bâtisse.
J’ignore si un jour la visite des lieux sera possible, mais lors de votre escapade à Soria n’hésitez pas à vous arrêter quelques instants le long de la promenade et tentez de remonter le temps. On se rappelle que si la nationale surplombe aujourd’hui San Polo et son verger, il y a eut ici une halte où les voyageurs, les templiers et les poètes ont trouvé la quiétude du Duero. Profitez-en à votre tour avant de continuer votre promenade soit vers San Saturio, soit vers San Juan du Duero. La visite de ces trois lieux offre une belle parenthèse sur seulement 2 kilomètres. Le parking d’accès à la promenade se trouve à deux pas de San Polo, au milieu de ce circuit.
Belle découverte de Soria.
| En venant de San Juan de Duero vous emprunterez cette allée qui coupe en deux le domaine de San Polo |
Myriam « Modificaciones
de San Polo » in conocesoria.com,
le 10 octobre 2021
« Julio
Garcés, el poeta de San Polo » in heraldodiariodesoria.es
le 8 janvier 2019
« Algo más sobre San Polo » in soria-goig.com
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire